100 ans Après, Le Tambour Parleur Djidji Ayôkwé Retourne en Terre Ivoirienne

Le tambour parleur Djidji Ayôkwé, véritable trésor culturel ivoirien, s’apprête à regagner sa terre natale après plus d’un siècle en exil. Confisqué par l’armée française en 1919 pendant la période coloniale, cet instrument emblématique, appartenant au peuple Atchan, a été conservé au musée du Quai Branly – Jacques Chirac à Paris. L’annonce de sa restitution marque une étape historique dans les relations culturelles et diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la France.

A lire aussi : Les 4 atouts irrésistibles de la Côte d’Ivoire pour des vacances mémorables !

Un symbole de la tradition enfin restitué

Long de plus de trois mètres et pesant 430 kilogrammes, Djidji Ayôkwé était bien plus qu’un simple instrument. Ce tambour servait de moyen de communication sophistiqué, permettant d’alerter sur des dangers, de mobiliser pour la guerre ou encore de convoquer les villages pour des cérémonies. Avec son retour prévu dans les prochains mois, d’abord sous forme de prêt, puis définitivement, la Côte d’Ivoire retrouve une partie de son âme culturelle.

Une victoire diplomatique portée par le dialogue

L’accord signé entre les autorités françaises et ivoiriennes est le fruit de trois ans de discussions intenses. Ce processus, caractérisé par une « diplomatie douce et intelligente », selon les mots des observateurs, illustre la détermination des deux nations à corriger les injustices du passé.

Le président ivoirien Alassane Ouattara et son administration ont joué un rôle clé dans cette restitution, adoptant une approche pragmatique et respectueuse pour aboutir à cet accord. Ce tambour, au-delà de sa dimension artistique, porte une charge symbolique forte, représentant la mémoire collective des Atchans et, par extension, celle de la Côte d’Ivoire tout entière.

Un retour dans un contexte de réparations culturelles

Le retour de Djidji Ayôkwé s’inscrit dans une dynamique plus large de restitution des biens culturels africains détenus dans les musées européens. Depuis le discours de Ouagadougou en 2017, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à accélérer ces restitutions, plusieurs œuvres emblématiques ont déjà été restituées à leurs pays d’origine. Parmi elles, le Trésor royal d’Abomey, rendu au Bénin en 2021, a marqué un précédent important.

Cependant, chaque restitution nécessite encore une loi spécifique pour contourner le principe d’inaliénabilité des collections publiques françaises. Dans le cas de Djidji Ayôkwé, une proposition de loi a été déposée au Sénat français pour permettre son transfert définitif en Côte d’Ivoire. En attendant l’adoption de ce texte, le tambour sera d’abord prêté pour une durée prolongée, une solution pragmatique qui démontre la volonté des deux parties d’avancer.

Une étape cruciale pour la mémoire et la réconciliation

Le retour de cet instrument ancestral est un moment profondément symbolique pour la Côte d’Ivoire. Il incarne un acte de reconnaissance des torts causés pendant la période coloniale et contribue à rétablir la dignité des peuples africains. La ministre ivoirienne de la Culture, Françoise Remarck, a salué ce moment comme « historique », rappelant que Djidji Ayôkwé est attendu depuis plus d’un siècle.

Pour les Atchans, ce tambour parleur est bien plus qu’un objet culturel ; il est un témoin vivant de leur histoire, de leurs traditions et de leur identité. Sa restitution offre une opportunité unique de renforcer le lien entre les générations et de raviver l’héritage oral et artistique qui lui est associé.

Les défis de la préservation et de la valorisation

Une fois en Côte d’Ivoire, Djidji Ayôkwé devra être conservé dans des conditions optimales pour garantir sa pérennité. Il est essentiel que cet objet retrouve sa place dans un cadre qui honore sa signification culturelle tout en permettant au grand public de l’admirer.

Un programme de sensibilisation pourrait également accompagner ce retour, mettant en lumière le rôle crucial des tambours parleurs dans les sociétés africaines. Ces initiatives contribueraient à valoriser non seulement Djidji Ayôkwé, mais aussi le riche patrimoine culturel ivoirien auprès d’un public mondial.

Un tournant dans les relations franco-ivoiriennes

La restitution de Djidji Ayôkwé témoigne de l’évolution des relations entre la France et la Côte d’Ivoire. Elle illustre une volonté commune de coconstruire un avenir basé sur le respect mutuel et la reconnaissance des patrimoines. Cette démarche contribue également à apaiser les tensions historiques et à renforcer les liens diplomatiques.

En restituant cet artefact, la France envoie un message fort : elle reconnaît l’importance de réparer les erreurs du passé et de collaborer activement avec les nations africaines pour restaurer leur patrimoine.

Un futur chargé de promesses

Avec le retour imminent de Djidji Ayôkwé, la Côte d’Ivoire s’apprête à tourner une page douloureuse de son histoire coloniale tout en célébrant un renouveau culturel. Ce tambour, témoin silencieux d’un passé tumultueux, résonnera à nouveau sur sa terre natale, rappelant à tous l’importance de préserver et de transmettre le patrimoine aux générations futures.

Ce moment historique marque un nouveau départ, où culture et diplomatie s’entrelacent pour écrire un futur empreint de respect, d’identité et de réconciliation. La voix de Djidji Ayôkwé s’apprête à s’élever une fois de plus, portant avec elle les espoirs d’un peuple et les leçons du passé.

Quitter la version mobile