Capitaine Ibrahim Traoré : Des griefs profonds contre la Côte d’Ivoire ?
Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la transition au Burkina Faso, a récemment exprimé des critiques acerbes envers le gouvernement ivoirien, ravivant des tensions historiques entre les deux nations. Lors de la Journée internationale de la Jeunesse, le 9 août 2024, à Ouagadougou, il a lancé des accusations graves, allant jusqu’à remettre en cause le père de l’indépendance ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny. Cette prise de position soulève des interrogations sur les motivations et les implications géopolitiques de ces déclarations.
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Un nouveau front ouvert : L’accusation contre Félix Houphouët-Boigny
Capitaine Ibrahim Traoré a profité de la tribune offerte par la commémoration de la Journée internationale de la Jeunesse pour dénoncer ce qu’il considère comme la trahison de Félix Houphouët-Boigny envers les intérêts africains. Selon le capitaine burkinabè, le premier président ivoirien aurait cédé à la peur et se serait allié à l’impérialisme, compromettant ainsi la lutte pour la véritable indépendance des nations africaines. Traoré n’a pas hésité à comparer Houphouët-Boigny à des figures révolutionnaires telles que Sékou Touré, qui, selon lui, ont résisté aux pressions coloniales avec bien plus de détermination.
« Il a eu peur, Il s’est rallié à l’impérialisme. Il a été nommé ministre en France et plus tard il est venu prendre les rênes de la Côte d’Ivoire. Et ils l’ont utilisé pour éliminer beaucoup d’autres personnes qui osaient lever la voix et je crois que Thomas Sankara est un bel exemple », a-t-il déclaré.
Alors que la Côte d’Ivoire est souvent citée comme un exemple de développement et de stabilité en Afrique de l’Ouest, Traoré remet en question l’héritage de Houphouët-Boigny, accusant son modèle de développement de s’être construit sur des compromis avec les anciennes puissances coloniales. Le chef de la transition burkinabè a souligné que l’assassinat de figures africaines, comme Biaka Boka, aurait poussé Houphouët-Boigny à se rapprocher de la France, compromettant ainsi les aspirations panafricaines.
Les relations tendues entre Capitaine Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara
Les tensions entre Ibrahim Traoré et Alassane Ouattara, président actuel de la Côte d’Ivoire, ne sont pas nouvelles. Cependant, les accusations récentes du Capitaine Ibrahim Traoré vont plus loin en affirmant l’existence d’un centre opérationnel à Abidjan, qui servirait de base pour des actions de déstabilisation du Burkina Faso. Malgré l’absence de preuves publiques, Traoré affirme détenir des éléments concrets qu’il s’engage à dévoiler prochainement, exacerbant ainsi les relations déjà fragiles entre les deux pays.
Les déclarations du Capitaine Ibrahim Traoré ne sont pas sans conséquences pour la région. En accusant directement le gouvernement ivoirien de complicité avec des forces déstabilisatrices, il ouvre la voie à une possible escalade des tensions diplomatiques et militaires. Le contexte régional, marqué par la création récente de la Confédération Alliance des États du Sahel (AES), ajoute une dimension supplémentaire à cette confrontation, alors que le Burkina Faso cherche à renforcer son influence et sa sécurité face aux menaces internes et externes.
« J’insiste et je persiste, nous n’avons rien contre les Ivoiriens mais contre ceux qui les dirigent. Il y a bel et bien à Abidjan un centre des opérations pour déstabiliser notre pays. Personne ne peut le nier. Et nous vous montrerons des preuves physiques pour que vous sachiez de quoi nous parlons », a affirmé le capitaine Ibrahim Traoré devant des milliers de burkinabè acquis à sa cause.
Les récentes déclarations du capitaine Ibrahim Traoré témoignent d’une volonté de réécrire l’histoire et de remettre en question les alliances traditionnelles en Afrique de l’Ouest. En s’attaquant à la figure emblématique de Félix Houphouët-Boigny et en accusant directement le gouvernement ivoirien de déstabilisation, Traoré semble vouloir redéfinir les rapports de force dans la région. Reste à voir comment ces accusations seront perçues par les autres dirigeants africains et quelle réponse, diplomatique ou autre, Alassane Ouattara apportera à ces accusations graves.
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