Le Sénat vote une hausse controversée de la TVA sur l’eau en bouteille : de 5,5 % à 20 %
Le Sénat a tranché : la TVA sur les bouteilles d’eau plastique grimpera de 5,5 % à 20 % en 2025. Une mesure qui suscite autant d’indignation que de débats, entre écologie, fiscalité et justice sociale.
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Dans une décision qui fait couler beaucoup d’encre, le Sénat a voté dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 novembre une augmentation significative de la TVA sur l’eau en bouteille plastique. Ce taux, qui était fixé à 5,5 %, passera désormais à 20 %. Officiellement, cette mesure vise à encourager les Français à privilégier l’eau du robinet, jugée plus économique et écologique.
Une décision sous le feu des critiques
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, l’incompréhension et la colère montent. « TVA multipliée par 4 sur l’eau ! Pendant ce temps, les sénateurs s’augmentent de 700 euros par mois. À vomir ! » commente un internaute furieux. D’autres y voient une tentative hypocrite de remplir les caisses de l’État sous couvert de préoccupations écologiques.
Selon les projections, cette mesure pourrait rapporter entre 150 et 300 millions d’euros par an. Mais le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a exprimé son désaccord, déclarant que « la TVA n’est pas un outil fiscal incitatif ». Malgré cette opposition, l’amendement, porté par la sénatrice Nadège Havet, a été adopté à main levée.
Les raisons invoquées
Cette hausse intervient dans un contexte où les pratiques des industriels de l’eau minérale sont sous le feu des projecteurs. En janvier dernier, la filiale Nestlé Waters a reconnu avoir utilisé des systèmes de désinfection interdits, déclenchant un scandale majeur. Pour Hervé Gillé, sénateur socialiste, cette mesure s’inscrit dans une volonté de responsabiliser les entreprises et de mieux gérer les ressources naturelles :
« Dans un contexte où la gestion des ressources et les enjeux écologiques sont au cœur des débats, il est nécessaire de repenser cette politique fiscale », a-t-il déclaré.
Des inégalités territoriales pointées du doigt
Un détail de cette mesure attire particulièrement l’attention : l’outre-mer sera exempté de cette hausse. En effet, des départements comme la Guadeloupe et Mayotte font face à des problèmes chroniques de distribution d’eau potable, rendant l’accès à l’eau en bouteille indispensable.
Cependant, en métropole, cette décision pourrait pénaliser les ménages modestes, pour lesquels l’eau en bouteille est souvent perçue comme plus sûre. Un paradoxe souligné par de nombreux opposants, qui estiment que l’eau du robinet n’est pas accessible avec la même qualité partout en France.
L’écologie au cœur du débat
Du côté des défenseurs de cette mesure, l’argument écologique reste central. Avec 10 milliards de bouteilles d’eau consommées chaque année en France, la pollution générée par le plastique est une préoccupation majeure. En augmentant le coût de ces produits, le Sénat espère inciter les Français à adopter des comportements plus responsables.
Mais la réalité est plus complexe. « Si l’objectif est écologique, où sont les investissements dans les infrastructures pour garantir une eau du robinet irréprochable partout en France ? » questionne un expert.
Une fracture consommateur-institution
Cette hausse de la TVA reflète un malaise plus profond entre les institutions et les citoyens. Si le Sénat justifie cette mesure par des enjeux de santé publique et d’environnement, de nombreux Français y voient une nouvelle atteinte à leur pouvoir d’achat. Dans un contexte économique déjà tendu, la fracture semble s’élargir.