Le récent interrogatoire de Nicolas Sarkozy par les juges d’instruction dans le cadre de l’affaire des rétractations de Ziad Takieddine a conduit à une double mise en examen de l’ancien président de la République. Les enquêteurs estiment disposer d’indices graves et concordants.
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Mise en examen pour « recel de subordination de témoin » et « association de malfaiteurs »
Nicolas Sarkozy est désormais doublement mis en examen, d’abord pour « recel de subordination de témoin » vis-à-vis de Ziad Takieddine, puis pour « association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie au jugement en bande organisée ». Les juges d’instruction le soupçonnent d’avoir tenté de manipuler les magistrats enquêtant sur le financement libyen présumé de sa campagne présidentielle en 2007.
Nicolas Sarkozy : Statut de témoin assisté pour « association de malfaiteurs en vue de corruption »
En plus de ces mises en examen, Nicolas Sarkozy se trouve sous le statut de témoin assisté pour « association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction de corruption active ».
Les déclarations contradictoires de Ziad Takieddine
L’affaire trouve son origine dans les déclarations contradictoires de Ziad Takieddine. En novembre et décembre 2020, il affirmait que Nicolas Sarkozy n’avait pas bénéficié d’un financement libyen pour sa campagne présidentielle de 2007. Cependant, ces déclarations allaient à l’encontre de ses affirmations constantes depuis 2016, où il prétendait avoir remis de l’argent libyen à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. Ces déclarations ont conduit à des poursuites contre treize personnes, dont Sarkozy, renvoyées devant le tribunal correctionnel.
Le retournement de Ziad Takieddine et les soupçons de pression financière
La justice soupçonne que Ziad Takieddine a été influencé pour rétracter ses accusations contre Nicolas Sarkozy. Au moins huit personnes auraient été impliquées dans une opération visant à le faire changer de position, moyennant une rémunération. Par la suite, certains d’entre elles auraient cherché à prouver que le document libyen publié par Mediapart en 2012, évoquant un financement de 50 millions d’euros, était un faux. Ils auraient également tenté de corrompre des magistrats libanais pour faciliter la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.
Les protagonistes de l’opération et son coût estimé
L’enquête s’intéresse à au moins neuf personnes impliquées à divers degrés et moments. Parmi elles, on retrouve la reine des paparazzis Mimi Marchand, l’intermédiaire Noël Dubus, le défunt financier Pierre Reynaud, le puissant chef d’entreprise David Layani, entre autres. Les enquêteurs estiment que le coût total de l’opération visant à obtenir la rétraction de Ziad Takieddine s’élève à au moins 608 000 euros.
Cette affaire continue de susciter l’attention de la justice française et du public, alors qu’un procès est prévu en 2025 concernant les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi.