Afrique du Sud : Extraction macabre de 60 corps dans une mine d’or désaffectée
Un gisement d’or abandonné à Stilfontein, en Afrique du Sud, est au centre d’une tragédie qui dévoile les dangers de l’exploitation clandestine des ressources minières. En deux jours seulement, soixante corps de mineurs clandestins ont été extraits d’une mine souterraine désaffectée, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg. Cette mine d’or, autrefois active, est aujourd’hui un lieu où la recherche désespérée de métaux précieux comme l’or tourne au drame.
Les secours, en collaboration avec la police, ont également extrait 106 mineurs vivants, tous arrêtés pour exploitation illégale des ressources minières. Mais le bilan, déjà alarmant, pourrait encore s’alourdir alors que les opérations de récupération continuent.
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Extraction minière : Une opération sous haute tension
À Stilfontein, la profondeur vertigineuse de 2,6 kilomètres du puits rend les opérations complexes. Une nacelle équipée pour les mines souterraines est mobilisée pour extraire le minerai humainement tragique : tantôt des corps, tantôt des survivants. Jusqu’ici, les autorités rapportent que 51 corps ont été récupérés mardi, s’ajoutant aux neuf déjà extraits lundi.
La gestion logistique de cette opération rappelle les contraintes liées au traitement des minerais extraits des profondeurs : chaque remontée expose les équipes à des risques élevés d’effondrement, similaires aux dangers des exploitations minières classiques. Le site, autrefois réservé à l’extraction de l’or, a été transformé en un espace clandestin où la survie passe par une activité minière dangereuse et désespérée.
Des « zama zamas » en quête de ressources minérales
Le phénomène des « zama zamas », surnom donné aux mineurs clandestins en Afrique du Sud, illustre les défis d’un secteur minier marqué par l’inégalité. Ces travailleurs, souvent migrants, s’aventurent dans des mines désaffectées pour extraire des minéraux précieux comme l’or et d’autres ressources minérales. Ces exploitations clandestines transforment les anciennes galeries en pièges mortels, où les roches instables et les effondrements sont monnaie courante.
Les zones minières désaffectées, autrefois exploitées par des compagnies minières, sont aujourd’hui un terrain fertile pour l’extraction artisanale. Ces mineurs creusent dans des conditions extrêmes, sans machines d’extraction adaptées ni mesures de sécurité. Ils espèrent trouver des filons de minerai d’or ou des gisements inexploités dans ces mines abandonnées.
Conditions insalubres et impacts environnementaux
Les galeries souterraines de Stilfontein témoignent de l’ampleur des défis environnementaux posés par l’exploitation illégale des ressources minières. Les déchets miniers, également appelés résidus ou stériles, s’accumulent autour de ces sites, menaçant les écosystèmes locaux. De plus, l’utilisation de substances chimiques telles que le cyanure dans certaines mines clandestines amplifie les risques pour les bassins d’eau et les terres agricoles avoisinantes.
Les conditions de vie sous terre, dans ce qui ressemble à une petite ville souterraine, sont tout aussi préoccupantes. L’absence de ventilation et de mesures de sécurité rend ces lieux insalubres et extrêmement dangereux. Ces travailleurs miniers clandestins, en quête de pépites ou de minerais métalliques, mettent leur vie en jeu pour une chance infime d’échapper à la pauvreté.
Un secteur minier marqué par les inégalités
L’Afrique du Sud, riche en ressources minières, notamment en métaux précieux comme le platine, le diamant, et le minerai de fer, est également confrontée à de graves inégalités économiques. Les grandes compagnies minières, après avoir exploité ces mines, les abandonnent souvent sans réhabilitation adéquate, laissant derrière elles des terres stériles et des fosses béantes.
Les zones minières désaffectées deviennent alors des cibles pour les travailleurs précaires. Ces exploitations illégales, bien que condamnées par les autorités, reflètent une réalité économique où les opportunités légales sont rares. À Stilfontein, les tonnes de minerai extrait par le passé continuent d’attirer ceux qui rêvent de trouver des filons oubliés.
Une réponse controversée des autorités
Depuis août 2024, plus de 1 500 mineurs clandestins ont été arrêtés sur le site de Stilfontein. Parmi eux, 121 ont déjà été expulsés vers leurs pays d’origine, notamment le Mozambique, le Zimbabwe, et le Lesotho. Cette intervention massive est une tentative des autorités pour reprendre le contrôle sur les exploitations minières illégales.
Cependant, les méthodes employées pour déloger ces mineurs, notamment la réduction des ravitaillements en nourriture et en eau, ont suscité l’indignation. La déclaration controversée de la ministre Khumbudzo Ntshavheni, affirmant vouloir « enfumer » les mineurs pour les forcer à sortir, reflète une politique sécuritaire contestée.
Défis logistiques et humains
L’opération de récupération actuelle met en lumière les défis liés aux interventions dans des sites miniers complexes. Les équipes de secours doivent jongler entre l’instabilité des roches, le risque d’effondrement, et les contraintes techniques. Chaque corps extrait de la mine ou chaque mineur sauvé témoigne de l’ampleur du problème.
Les survivants remontés mardi, visiblement émaciés, illustrent les conditions extrêmes des galeries souterraines. Ils ont passé des mois dans l’obscurité, exposés à des risques comparables à ceux rencontrés dans les exploitations minières industrielles, mais sans bénéficier des infrastructures modernes de traitement du minerai.
Une crise qui reflète les failles de l’industrie minière
Le drame de Stilfontein est un rappel brutal des inégalités structurelles de l’industrie minière en Afrique du Sud. Alors que les grandes sociétés minières modernisent leurs opérations et ferment les gisements jugés peu rentables, les populations vulnérables n’ont d’autre choix que de se tourner vers des activités minières artisanales. Cette crise illustre également la nécessité d’une meilleure gestion des concessions et d’une réhabilitation des sites abandonnés.
L’extraction des ressources minérales, qui a autrefois façonné l’économie sud-africaine, continue de peser lourdement sur les populations marginalisées. La tragédie de Stilfontein pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont le pays aborde les défis environnementaux et sociaux liés aux mines abandonnées.
Alors que l’intervention se poursuit, l’Afrique du Sud se retrouve face à une question cruciale : comment réconcilier la richesse de son sous-sol avec les réalités humaines et environnementales ?