Agnès Keleti, légende olympique et survivante de la Shoah, s’éteint à 103 ans
Agnès Keleti, légende de la gymnastique artistique et doyenne des champions olympiques, s’est éteinte ce jeudi à l’âge de 103 ans, dans un hôpital de Budapest. Figure marquante de l’Histoire et témoin des grandes tragédies du XXe siècle, Keleti laisse derrière elle un héritage incomparable. Décédée des suites d’une pneumonie qui l’avait contrainte à une hospitalisation pendant les fêtes, elle aurait célébré son 104e anniversaire le 9 janvier prochain.
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Un palmarès légendaire : Dix médailles olympiques et une longévité exceptionnelle
Agnès Keleti a marqué l’histoire de la gymnastique comme peu d’autres. En remportant cinq médailles d’or aux Jeux olympiques d’Helsinki en 1952 et de Melbourne en 1956, elle a hissé son pays, la Hongrie, au sommet du sport mondial. Son palmarès totalise dix médailles olympiques (cinq or, deux argent, trois bronze), ce qui en fait encore aujourd’hui l’une des athlètes féminines les plus décorées des Jeux d’été.
Son exploit est d’autant plus remarquable qu’elle a brillé à une époque où l’âge constituait une barrière pour les gymnastes. À 35 ans, elle devient la gymnaste championne olympique la plus âgée, un record qui reste inégalé. En 1954, elle est également sacrée championne du monde aux barres parallèles, consolidant sa place parmi les meilleures de son époque.
Une survie miraculeuse face à la Shoah
Née Agnès Klein le 9 janvier 1921 à Budapest, dans une famille juive, elle grandit dans une Europe en proie à la montée du nazisme. Dès 1939, alors qu’elle est considérée comme la meilleure gymnaste hongroise, elle est exclue de l’équipe nationale en raison de sa religion. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Shoah ravage sa communauté. Son père et de nombreux proches périssent dans les camps de concentration.
Grâce à de faux papiers et une incroyable détermination, Agnès parvient à échapper aux déportations en se faisant passer pour une domestique chrétienne. Cette période d’horreur laisse des traces indélébiles sur sa vie, mais elle refuse de se laisser briser. Sa résilience et sa force mentale deviennent des moteurs pour sa carrière sportive post-guerre.
De la révolution hongroise à l’exil en Israël
Les événements politiques continuent de bouleverser sa vie. En 1956, la révolution hongroise éclate, et le régime communiste intensifie la répression. Profitant de sa participation aux Jeux de Melbourne, Agnès Keleti décide de ne pas retourner en Hongrie et demande l’asile en Australie. Peu après, elle s’installe en Israël, où elle contribue à développer la gymnastique en tant qu’entraîneure.
Son exil ne ternit pas son amour pour la Hongrie, où elle revient vivre à partir des années 2010. Agnès Keleti est célébrée dans son pays natal comme une véritable icône nationale, mais également comme une source d’inspiration mondiale.
Un héritage éternel
Avec sa disparition, le monde perd une championne au sens le plus noble du terme : une athlète exceptionnelle, une survivante héroïque, et un témoin des périodes les plus sombres de l’Histoire. Agnès Keleti reste un exemple de résilience, de courage et de persévérance.
Sa vie, marquée par la tragédie, l’excellence et le triomphe, continue de résonner auprès des générations futures. Que ce soit pour ses exploits olympiques ou son histoire de survie, son nom restera gravé dans l’histoire à jamais.
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