Politique

Algérie et le Mali : Drone abattu, tensions touarègues… L’escalade va-t-elle embraser le Sahel ?

Après une brève accalmie, les relations complexes entre l’Algérie et le Mali ont replongé dans une zone de fortes turbulences. Le rappel des ambassadeurs du Mali, du Niger et du Burkina Faso en Algérie, suite à un incident impliquant un drone malien, marque une nouvelle étape dans des tensions latentes depuis des décennies entre l’Algérie et le Mali. Mais pourquoi cette soudaine flambée entre l’Algérie et le Mali ? Le drone abattu est-il le seul détonateur de cette crise entre l’Algérie et le Mali ? Les accusations algériennes et maliennes, notamment autour du rôle des Touaregs, peuvent-elles conduire à une déstabilisation régionale impliquant l’Algérie et le Mali ?

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Le drone malien abattu : version algérienne contre accusations maliennes

Au cœur de cette nouvelle crise entre l’Algérie et le Mali se trouve un incident aérien aux versions diamétralement opposées. Alger affirme avoir légitimement abattu un drone de l’armée malienne qui aurait violé son espace aérien de deux kilomètres. Une justification catégoriquement rejetée par Bamako, qui assure que son appareil a été détruit sur son propre territoire, près de Tinzaouatène.

Suite à une enquête, le gouvernement malien a publié un communiqué accusant l’Algérie d’un « acte hostile prémédité ». Des allégations « mensongères » selon Alger, qui maintient sa version des faits. Ce désaccord profond, souligné par le chercheur François Gaulme comme un « dialogue de sourds », semble insoluble, car aucune des deux nations ne semble prête à céder sur sa version de l’incident entre l’Algérie et le Mali. Un élément troublant : les débris du drone ont été retrouvés par les rebelles indépendantistes du Front de libération de l’Azawad (FLA) du côté malien de la frontière, près de Tinzaouatène, un groupe dont les relations avec Bamako sont notoirement conflictuelles, un facteur clé dans les tensions entre l’Algérie et le Mali.

Les Touaregs au centre des frictions historiques entre l’Algérie et le Mali

Si l’affaire du drone a agi comme un catalyseur, les racines des tensions entre l’Algérie et le Mali plongent profondément dans l’histoire régionale, notamment autour de la question touarègue. Bamako accuse depuis longtemps Alger de soutenir, voire de favoriser, les groupes séparatistes touaregs du nord du Mali, une accusation que l’Algérie a toujours niée, bien que sa position en faveur d’une solution politique inclusive dans la région soit claire.

François Gaulme précise que si certains éléments touaregs ont pu être liés à des groupes islamistes par le passé, il s’agit aujourd’hui majoritairement de mouvements indépendantistes, avec des objectifs distincts des groupes djihadistes comme le JNIM ou l’EIGS. La décision de la junte malienne d’enterrer les accords d’Alger de 2015, censés mettre fin à la guerre au Mali et qui prévoyaient des avancées pour les régions à majorité touarègue, a été perçue comme une provocation par Alger. L’Algérie voit son rôle de médiateur régional remis en question, exacerbant les tensions entre l’Algérie et le Mali. Jean-Marc Gravellini de l’IRIS souligne que le blocage du processus de paix par Bamako, motivé par un refus de reconnaître les acquis en faveur des Touaregs, est un point de friction majeur dans les relations entre l’Algérie et le Mali.

Impasse diplomatique et risques d’escalade régionale pour l’Algérie et le Mali

La crise actuelle entre l’Algérie et le Mali intervient dans un contexte régional déjà fragile, marqué par l’instabilité au Sahel et la présence de groupes armés. La précédente tentative d’apaisement, symbolisée par la nomination d’un nouvel ambassadeur malien en Algérie, semble avoir échoué. Les déclarations passées du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, critiquant la gestion du nord du Mali et mettant en garde contre la qualification des mouvements touaregs comme terroristes, avaient déjà suscité de vives réactions à Bamako, illustrant la profondeur du désaccord entre l’Algérie et le Mali.

Si un affrontement militaire direct entre l’Algérie et le Mali semble peu probable à court terme, la persistance de cette crise diplomatique et la méfiance mutuelle croissante font planer un risque d’escalade régionale. Jean-Marc Gravellini ne voit pas de « solutions de sortie de crise à court et moyen terme » avec l’équipe dirigeante actuelle à Bamako. La question de l’influence régionale, du rôle des acteurs extérieurs et de la stabilité du Sahel sont autant d’éléments qui rendent cette nouvelle tension entre l’Algérie et le Mali particulièrement préoccupante. L’avenir des relations entre l’Algérie et le Mali, et par extension la sécurité de la région, sont désormais suspendus à une fragile ligne diplomatique.

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