Bourse des étudiants en attente : la révolte gronde dans les campus

À l’Université de Bouaké, un étudiant désespéré adresse une lettre au président : trois mois après les résultats de la bourse des étudiants, pas un franc n’a été versé. En Côte d’Ivoire, des milliers d’étudiants partagent ce calvaire, pris en étau entre des inscriptions exigées et des fonds qui se font attendre. Le budget 2025 affiche pourtant des chiffres ronflants : 15 339,2 milliards de FCFA, en hausse de 11,8 %, dont 328 milliards pour l’Enseignement supérieur et 42 destinés aux bourses des étudiants.
Mais sur le terrain, l’argent ne suit pas. Pendant que les grues s’activent à Abidjan et que les cités universitaires se refont une beauté, les étudiants peinent à joindre les deux bouts. Les campus grondent, la frustration s’installe. Derrière les promesses et les façades neuves, une question brûle : pourquoi les bourses des étudiants restent-elles lettre morte ? La révolte couve, et elle pourrait bien éclater.
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Une crise qui paralyse les étudiants
La crise des bourses des étudiants touche de plein fouet les campus ivoiriens. Des milliers d’étudiants, de l’Université Félix Houphouët-Boigny à Cocody jusqu’aux grandes écoles comme l’INFAS ou l’INJS, attendent des fonds qui ne viennent pas. Certains cumulent trois mois de retard, d’autres, surtout en année de recherche, parlent d’un an sans un sou. À Bouaké, un étudiant raconte : « Les résultats sont sortis en janvier, on est en avril, et rien. On doit s’inscrire, payer le loyer en cité, mais avec quoi ? » Un autre, en master, lâche : « Plus d’un an sans bourse, c’est un calvaire. » Ces voix ne sont pas isolées. Elles résonnent dans tout le pays.

Le pire ? Les universités ne font pas de cadeaux. Pas de bourse, pas d’inscription, et les portes se ferment. À la cité universitaire, c’est le même refrain : paye ou dégage. L’argent promis – 42 milliards de FCFA pour 2025 – dort quelque part, loin des poches étudiantes. Sans lui, pas de manuels, pas de transport, parfois pas de quoi manger. Le système les pousse dans un piège : attendre une aide qui tarde, tout en risquant l’exclusion pour des frais qu’ils ne peuvent couvrir. « C’est l’État qui nous doit, et c’est nous qu’on chasse », résume un boursier d’Abidjan. La galère est quotidienne, la colère aussi. Sur les campus, ça ne murmure plus, ça bout.
Les coupables désignés : DOB et TrésorMoney
Qui blâmer pour ce fiasco ? Les doigts pointent deux suspects : la Direction de l’Orientation et des Bourses (DOB) et TrésorMoney. À Bouaké, un étudiant raconte le cirque : « La DOB dit qu’elle a envoyé l’argent au Trésor. Le Trésor répond qu’il n’a rien reçu. On est perdus. » Ce jeu de ping-pong laisse les boursiers sur le carreau. La DOB, censée valider les dossiers, traîne les pieds. Les commissions ne se réunissent pas, les listes définitives restent dans les tiroirs, et les étudiants n’ont aucune nouvelle. « On dépose nos papiers, on attend, et rien », peste un élève de l’INFAS.
Côté TrésorMoney, c’est pire. La plateforme, promise comme une solution moderne pour payer vite et bien, est un cauchemar. Les codes d’activation n’arrivent pas, les transactions échouent, les guichets renvoient les étudiants bredouilles. « J’ai fait la queue trois jours pour un message d’erreur », souffle un boursier de Cocody. Résultat : l’argent est bloqué, coincé entre des serveurs capricieux et des bureaux muets.

Les 42 milliards de FCFA alloués à la bourse des étudiants en 2025 ? Une belle somme sur le papier, mais elle ne franchit pas la barrière des bugs et des excuses. Les étudiants, eux, n’ont pas le luxe d’attendre. Pendant que la DOB et le Trésor se renvoient la balle, les campus s’impatientent. La confiance s’effrite, la tension monte. Et personne ne rend de comptes.
La révolte qui couve
Sur les campus, l’air est lourd. À Bouaké, un étudiant supplie le président dans une lettre tardive : « Aidez-nous, on n’en peut plus. » À Abidjan, un autre crie : « Un an sans bourse, c’est une honte ! » La frustration déborde. Les murs des cités universitaires, fraîchement repeints, ne cachent pas le ras-le-bol. La FESCI, jadis porte-voix des étudiants n’existe plus . Sans elle, la colère cherche un chemin. Les réseaux sociaux s’enflamment, les appels au secours fusent. « On nous laisse crever », résume un boursier de Cocody.

Les revendications sont nettes : payer les bourses, maintenant. Réparer la DOB et TrésorMoney, aussi. Mettre les étudiants avant les tours. Victor Hugo plane sur cette révolte : « Face à la dictature, la révolte est de droit. » Car beaucoup y voient une main de fer, celle d’un régime qui brille à l’extérieur et étouffe à l’intérieur. Les 42 milliards promis ? Les étudiants n’y croient plus. Ils veulent des actes, pas des discours. La tension grimpe, les campus s’agitent.
Payer la bourse des étudiants pour éviter le pire
La Côte d’Ivoire peut bomber le torse avec ses 15 339,2 milliards de FCFA et ses tours qui touchent le ciel. Mais sur les campus, c’est la désillusion. Les bourses, bloquées par la DOB et TrésorMoney, laissent des milliers d’étudiants à sec. Pendant que 261 milliards embellissent les murs, 42 milliards promis aux boursiers s’évaporent dans un système grippé. Les voix de Bouaké, d’Abidjan, de l’INFAS crient la même urgence : payer ce qui est dû. L’État a les moyens, pas la volonté.

Il est temps d’agir, avant que la révolte ne s’embrase. Publier la lettre de cet étudiant de Bouaké, ce serait un début. Réformer, payer, prioriser la jeunesse, voilà le reste. Car un pays qui laisse ses étudiants supplier n’a pas d’avenir. La balle est dans le camp du pouvoir. La jeunesse ivoirienne attend, poings serrés. Pour combien de temps encore ?
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