Le premier magasin géré par les autorités saoudiennes, réservé aux diplomates non musulmans, suscite des débats sur une éventuelle ouverture progressive dans un royaume en pleine transformation.
Dans quelques semaines, l’Arabie saoudite va marquer un tournant historique en inaugurant sa première boutique d’alcool depuis l’interdiction imposée en 1952. Toutefois, cette ouverture a des limites strictes, car elle se destine uniquement aux diplomates non musulmans. L’établissement, situé dans le quartier diplomatique de la capitale, nécessitera l’enregistrement des clients via une application mobile et imposera des quotas aux achats. Cette initiative, même limitée, est perçue comme un possible signe d’ouverture dans un royaume en mutation.
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Vers une évolution historique au sein de l’Arabie saoudite ?
L’annonce de l’ouverture de ce magasin d’alcool géré par les autorités saoudiennes a suscité des débats passionnés au sein du royaume conservateur. Certains y voient une mini-révolution, tandis que d’autres restent sceptiques, considérant cela comme un simple changement de façade. Cette initiative souligne les transformations en cours dans un pays qui s’ouvre progressivement au tourisme et aux investisseurs étrangers.
Officiellement, cette mesure vise à introduire « un nouveau cadre réglementaire pour lutter contre le commerce illicite de produits et de produits alcoolisés reçus par les missions diplomatiques », ont justifié les autorités saoudiennes, mercredi 24 janvier. L’alcool coule en effet à flots lors des réceptions organisées par les chancelleries étrangères, qui sont autorisées à en importer, sans limite de quotas, par le biais de la valise diplomatique. A en croire les autorités saoudiennes, une partie de ces importations viendrait alimenter le marché noir.
Pourtant, le projet est avancé : le magasin sera situé dans le quartier diplomatique de Riyad, la capitale, et sera réservé aux diplomates non musulmans. Pour y entrer, il faut avoir plus de 21 ans et porter « une tenue vestimentaire correcte », ajoute un document consulté par l’AFP, tout en précisant que l’utilisation du téléphone portable est interdite dans le magasin. Les clients potentiels devraient au préalable être inscrits sur une application, Diplo App, et doivent se présenter en personne pour faire leurs courses selon des quotas fixés à 240 « points » d’alcool par mois. À titre d’exemples : un litre de spiritueux vaut six points, un litre de vin trois points et un litre de bière un point, toujours selon le document.
La prohibition contournée : un marché informel et des risques sanitaires
Actuellement, malgré l’interdiction officielle, des pratiques informelles existent. Des individus peuvent se procurer de l’alcool à des prix exorbitants via des « dealers », tandis que d’autres fabriquent clandestinement leur propre alcool, entraînant des risques sanitaires. Ce marché informel reste toutefois limité en raison de son coût élevé et des dangers liés à la consommation d’alcool de mauvaise qualité.
La prohibition de l’alcool en Arabie saoudite remonte aux premières années des années 1950 sous le règne du roi Abdelaziz. Depuis lors, la consommation ou la possession d’alcool est passible de sanctions sévères, notamment des amendes, des peines de prison, la flagellation publique, et l’expulsion du territoire pour les étrangers.
Les réformes sociales récentes en Arabie saoudite, telles que la mixité dans les concerts et l’ouverture de salles de cinéma, alimentent les spéculations sur la levée éventuelle des restrictions sur l’alcool. Les événements internationaux à venir, tels que l’Expo 2030 et la Coupe du monde de football en 2034, renforcent ces spéculations, bien que les autorités excluent tout changement à ce stade. La transformation progressive du royaume saoudien reste un sujet de discussion au niveau national et international.**