Les Américains se rendront aux urnes pour élire leur président. Mais avant de savoir qui succédera à Joe Biden à la Maison Blanche, ils doivent d’abord choisir les candidats qui représenteront les deux grands partis, démocrate et républicain. Ce processus de sélection, qui commence en janvier 2024 et se termine en août, est complexe et long. Il implique des millions d’électeurs, des milliers de délégués et des dizaines de candidats. Comment fonctionne-t-il ? Quels sont les enjeux et les acteurs de cette course à l’investiture ? Nous vous expliquons tout dans cet article.
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Les primaires et les caucus : qu’est-ce que c’est ?
Les primaires et les caucus sont les deux types de scrutins qui permettent aux partis démocrate et républicain de désigner leur candidat à la présidentielle. Ils se déroulent dans les 50 Etats américains, ainsi qu’à Washington D.C. et dans les territoires associés, entre janvier et juin 2024. Le calendrier est fixé par les partis, qui peuvent modifier l’ordre ou la date des scrutins selon leur stratégie.
Les primaires et les caucus sont ouverts aux électeurs inscrits dans un parti. Ils peuvent voter pour le candidat de leur choix, parmi ceux qui se sont déclarés officiellement. Chaque candidat reçoit alors un nombre de délégués proportionnel au nombre de voix qu’il a obtenues dans l’Etat. Les délégués sont des représentants du parti, souvent des élus locaux ou des militants, qui s’engagent à voter pour le candidat qu’ils soutiennent lors de la convention nationale.
Les primaires sont des élections classiques, où les électeurs se rendent dans des bureaux de vote et remplissent un bulletin papier ou électronique. Il existe deux types de primaires : fermées ou ouvertes. Dans les primaires fermées, seuls les électeurs inscrits dans un parti peuvent voter pour les candidats de ce parti. Dans les primaires ouvertes, les électeurs peuvent choisir le parti pour lequel ils veulent voter le jour du scrutin.
Les caucus sont des assemblées locales, où les électeurs se réunissent dans des lieux publics (écoles, gymnases, églises, etc.) et expriment leur choix à main levée ou en se regroupant par affinité. Les caucus sont plus participatifs que les primaires, car ils permettent aux électeurs de discuter entre eux et de changer d’avis en cours de route. Ils sont aussi plus longs et plus complexes, car ils comportent plusieurs tours de vote et des règles spécifiques à chaque Etat.
La convention nationale : comment ça marche ?
La convention nationale est l’événement qui clôt le processus de désignation des candidats à la présidentielle. Elle se tient en juillet ou en août 2024, après la fin des primaires et des caucus. C’est lors de la convention que le parti officialise le choix de son candidat, en fonction du nombre de délégués qu’il a obtenus lors des scrutins précédents.
La convention réunit les délégués élus dans chaque Etat, ainsi que des délégués dits « super-délégués », qui sont des personnalités du parti (élus nationaux, gouverneurs, anciens présidents, etc.) qui ont le droit de voter pour le candidat qu’ils veulent, sans tenir compte du vote populaire. Les super-délégués n’existent que chez les démocrates ; chez les républicains, tous les délégués sont liés au vote des électeurs.
La convention se déroule sur plusieurs jours, avec des discours, des votes et des animations. Le point culminant est le vote des délégués pour le candidat qu’ils représentent. Le candidat qui obtient la majorité absolue des délégués (soit 1 991 sur 3 979 chez les démocrates et 1 276 sur 2 550 chez les républicains) est désigné comme le nominé du parti. Il choisit ensuite son colistier, qui sera son vice-président en cas de victoire à l’élection présidentielle.
A quoi servent les délégués ?
Le but des primaires et des caucus est d’attribuer des délégués à chaque candidat. Les délégués sont des représentants élus par les électeurs, qui s’engagent à soutenir un candidat lors de la convention nationale du parti. C’est lors de cette convention, qui se tient en juillet ou en août 2024, que le candidat officiel du parti est désigné, en fonction du nombre de délégués qu’il a obtenus.
Le nombre de délégués varie selon les Etats, en fonction de leur population et de leur poids politique. Par exemple, la Californie dispose de 495 délégués démocrates et 172 délégués républicains, tandis que le Wyoming n’en a que 18 et 14 respectivement.
L’attribution des délégués peut être proportionnelle ou majoritaire, selon les règles de chaque parti. Par exemple, chez les démocrates, un candidat doit obtenir au moins 15 % des voix dans un Etat pour recevoir des délégués, qui sont ensuite répartis proportionnellement entre tous les candidats qui ont franchi ce seuil. Chez les républicains, certains Etats attribuent tous leurs délégués au candidat arrivé en tête (winner-take-all), tandis que d’autres utilisent un système mixte.
Qui sont les principaux candidats ?
Chez les démocrates, le sortant Joe Biden est le grand favori pour obtenir l’investiture de son parti. A 81 ans, il mise sur son bilan économique et social, avec un plan de relance massif et une réforme de la santé. Il met aussi en avant sa politique étrangère, avec le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat et le renforcement des alliances avec les pays démocratiques.
Mais Joe Biden doit faire face à une baisse de sa popularité et à des critiques sur sa gestion de l’inflation, de l’immigration et du retrait d’Afghanistan. Il n’a pas d’adversaire sérieux au sein de son parti, même si quelques candidats marginaux tentent leur chance, comme Dean Phillips, un élu du Minnesota qui se présente comme un candidat du futur, ou Marianne Williamson, une auteure de livres de développement personnel qui prône l’amour et la spiritualité.
Chez les républicains, le revanchard Donald Trump domine largement les sondages pour la primaire de son parti. A 78 ans, il continue de contester sa défaite de 2020 et de mobiliser sa base électorale avec ses discours populistes et nationalistes. Il dénonce la politique de Joe Biden comme un désastre pour le pays et promet de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Il doit toutefois faire face à plusieurs procès qui pourraient compromettre sa candidature, notamment sur ses affaires financières, ses pressions sur l’Ukraine et son rôle dans l’insurrection du Capitole.
Il a aussi quelques rivaux au sein de son parti, qui cherchent à incarner une alternative plus modérée ou plus jeune. Parmi eux, on peut citer Ron DeSantis, le gouverneur de Floride qui s’est illustré par son opposition aux mesures sanitaires, Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice à l’ONU qui a rompu avec Trump après le 6 janvier, ou Tim Scott, le seul sénateur noir du parti qui défend une vision plus inclusive du conservatisme.