Le Liban se débat depuis fin 2019 dans l’une des pires crises économiques et financières de son histoire, selon la Banque mondiale. Cette crise a plongé le pays dans une spirale d’appauvrissement généralisé, marquée par une chute dramatique du pouvoir d’achat, une dépréciation de la monnaie nationale et l’effondrement des filets de protection sociale suite à la faillite de l’État.
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Liban : Régression des indicateurs sociaux et sociétaux
La crise économique qui sévit au Liban a déclenché une série d’impacts sociaux et sociétaux dévastateurs. Parmi eux, la hausse alarmante des mariages précoces se profile comme l’une des conséquences les plus préoccupantes. Ce phénomène révèle la vulnérabilité croissante de la jeunesse libanaise face à la détérioration des conditions économiques et sociales, mettant en évidence les failles béantes dans les filets de sécurité qui devraient protéger cette population en période de crise.
La montée des mariages précoces s’inscrit dans un tableau plus large de régression des normes sociales et des opportunités pour la jeunesse au Liban. Face à l’incertitude économique et à la précarité croissante, de plus en plus de jeunes se voient contraints de se marier précocement, souvent sans avoir pu poursuivre leur éducation ou réaliser leurs aspirations personnelles. Cette tendance souligne l’urgence d’intervenir pour soutenir les jeunes et atténuer les effets dévastateurs de la crise économique sur leur avenir.
Une augmentation alarmante des mariages précoces
Les résultats de l’étude menée par le « Rassemblement féminin démocratique libanais » révèlent une tendance alarmante dans l’évolution des mariages précoces au Liban. En seulement sept ans, le taux de mariages chez les moins de 18 ans a triplé, passant de 6 % en 2016 à 20 % en 2023, indiquant une détérioration rapide de la situation. Plus préoccupant encore, l’étude met en lumière que près de 9 mariages précoces sur 10 concernent des jeunes filles, soulignant ainsi la vulnérabilité particulière de cette population face aux pressions économiques et sociales exacerbées par la crise.
La révélation selon laquelle 10 % de ces mariages impliquent des adolescentes âgées de 13 à 15 ans est particulièrement choquante. Ces chiffres mettent en évidence la réalité alarmante à laquelle sont confrontées les jeunes filles au Liban, alors qu’elles sont encore en plein développement physique, émotionnel et intellectuel. Cette tendance souligne l’urgence d’actions concertées pour protéger les droits des jeunes filles, assurer leur accès à l’éducation et leur offrir des alternatives viables à ces unions précoces, qui compromettent souvent leur santé, leur bien-être et leur avenir.
Concentration géographique et traditions tribales
La concentration des mariages précoces dans le nord de la plaine orientale de la Bekaa souligne l’importance des facteurs culturels et traditionnels dans la perpétuation de cette pratique. Dans cette région où les traditions tribales et claniques sont solidement enracinées, les normes sociales et les pressions familiales jouent un rôle déterminant dans la décision de contracter des mariages à un âge précoce. Ces traditions ancestrales exercent souvent une forte influence sur les choix matrimoniaux des jeunes filles, limitant ainsi leur capacité à décider de leur propre avenir.
L’impact des coutumes locales sur les pratiques matrimoniales accentue la vulnérabilité des jeunes filles face aux mariages précoces, les exposant à des risques accrus de violence, de déscolarisation et de santé maternelle précaire. Cette réalité souligne l’importance de mettre en place des interventions ciblées visant à sensibiliser les communautés locales, à renforcer l’accès à l’éducation et aux services de santé reproductive, et à promouvoir l’autonomisation des jeunes filles pour briser le cycle de la précarité et des mariages précoces dans ces régions.
La crise économique : un facteur déterminant
L’augmentation remarquable des mariages précoces au Liban trouve ses racines dans la crise économique qui a sévèrement frappé le pays. L’appauvrissement généralisé de la population a créé un environnement où les familles, confrontées à des difficultés financières croissantes, voient parfois le mariage précoce comme une solution à leurs problèmes économiques immédiats. Cette situation est exacerbée par le fait que la crise a entraîné une déscolarisation accrue, en particulier parmi les jeunes filles. La nécessité de contribuer au revenu familial pousse souvent ces filles à abandonner leurs études, les privant ainsi d’opportunités éducatives qui pourraient les aider à échapper à la pauvreté et à l’insécurité économique.
La précarité économique crée un cercle vicieux où la déscolarisation alimente les mariages précoces, qui à leur tour perpétuent le cycle de la pauvreté en limitant les perspectives d’avenir des jeunes filles. Cette dynamique met en lumière l’urgence d’investir dans des programmes de soutien à l’éducation, à l’autonomisation économique et à la protection des droits des jeunes filles pour briser ce cercle destructeur. En s’attaquant aux causes profondes de la pratique des mariages précoces, il est possible d’offrir aux jeunes filles libanaises des opportunités de développement personnel et professionnel, contribuant ainsi à créer un avenir plus prometteur pour la jeunesse du pays.