Catherine Ribeiro, icône intemporelle de la scène musicale française, s’est éteinte dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août 2024, à l’âge de 82 ans. Figure révolutionnaire et engagée, Ribeiro a marqué des générations par son style unique, sa voix puissante et son engagement inébranlable pour la liberté et la justice. Plus qu’une simple chanteuse, elle était une véritable pasionaria, une militante artistique dont les combats résonnaient bien au-delà des scènes où elle se produisait. Retour sur une vie dédiée à l’art, à la révolte, et à l’amour des mots.
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Une figure de la révolte et de la radicalité
Catherine Ribeiro n’était pas une artiste ordinaire. Habillée de noir, avec une frange qui lui cachait les yeux, elle arrivait sur scène avec la détermination d’une combattante. Son regard était celui d’une femme qui a vu le monde sous ses aspects les plus sombres et qui n’a jamais cessé de se battre pour un avenir meilleur. Avec sa voix puissante et ses mots incisifs, elle exprimait les douleurs des sans-grade, des oubliés de la société, tout en prônant une liberté totale, à l’image de son esprit indomptable. Sa musique, un mélange de rock et de poésie, était le reflet de son âme rebelle, toujours prête à dénoncer les injustices.
Malgré son immense talent et son engagement, Catherine Ribeiro a souvent été marginalisée par les médias traditionnels. Entre 1970 et 1980, elle et ses camarades du groupe Alpes furent largement ignorés par la télévision et la radio, tandis que la presse les regardait avec condescendance. Pourtant, cette marginalité imposée n’a pas empêché Ribeiro de conquérir un public fidèle. Ses concerts, notamment à l’Olympia ou à Bobino, étaient toujours pleins, et ses albums se vendaient par dizaines de milliers. Ribeiro a prouvé qu’il est possible de rester fidèle à ses convictions tout en rencontrant le succès, même en dehors des circuits traditionnels.
Catherine Ribeiro, artiste qui refusait les conventions
Catherine Ribeiro était aussi une artiste qui n’hésitait pas à bousculer les conventions de la chanson française. Elle rejetait les structures traditionnelles des couplets et refrains, cherchant à créer une forme d’expression plus libre, plus proche de la transe que de la mélodie classique.
Dans une interview en 1970, elle déclarait : « Les paroles ne sont qu’un accessoire, je préférerais qu’on en arrive presque à des onomatopées pour remplacer les paroles. On le fera peut-être. Il faudrait que la voix serve d’instrument… Ce que je cherche à faire, c’est détruire complètement la chanson classique, avec refrain et couplets réguliers ». Cette quête de liberté artistique était à l’image de sa vie : une lutte constante pour briser les chaînes, qu’elles soient sociales, politiques ou musicales.
Catherine Ribeiro laisse derrière elle un héritage immense. Sa disparition marque la fin d’une époque où l’art pouvait encore être un vecteur de révolte, où la voix d’une femme pouvait faire trembler les puissants. Pour tous ceux qui l’ont écoutée, elle restera à jamais une source d’inspiration, une grande dame de la chanson française qui n’a jamais cédé devant l’adversité.