Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a été tué le mercredi 31 juillet lors d’une frappe à Téhéran, en Iran. L’organisation islamiste palestinienne, qui contrôle la bande de Gaza, a rapidement accusé Israël d’être à l’origine de cette frappe. Cet événement marque un tournant majeur dans le conflit entre le Hamas et Israël, qui dure depuis près de dix mois. Ismaïl Haniyeh, ancien Premier ministre de l’Autorité palestinienne et figure centrale du Hamas, était basé à Doha, au Qatar, mais se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian.
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Assassinat d’Ismaïl Haniyeh, figure emblématique du Hamas
Le chef politique du Hamas, mort à l’âge de 61 ans, est né dans le camp palestinien d’al-Shati, dans la bande de Gaza. Il devient rapidement un militant politique après avoir étudié la littérature arabe à l’université islamique de Gaza. Dès la création du Hamas, en 1987, après la première antifada, il rejoint ce nouveau mouvement islamiste et nationaliste. Arrêté et emprisonné en 1989, Ismaïl Haniyeh est expulsé au Liban en 1992.
De retour dans la bande de Gaza un an plus tard, il est nommé secrétaire du chef spirituel du Hamas, Ahmed Yassine, assassiné en 2004 par l’armée israélienne. C’est alors qu’il devient une personnalité incontournable et sous sa houlette, le Hamas change de cap et s’intègre à la vie politique. Résultat : le mouvement remporte les élections législatives de 2006. Ismaïl Haniyeh est nommé Premier ministre de l’Autorité palestinienne, un poste qu’il va occuper jusqu’en 2014.
Dirigeant de l’ombre de la bande de Gaza jusqu’en 2017, il devient deux ans plus tard le chef du bureau politique du Hamas. Considéré comme l’un des leaders les plus pragmatiques du mouvement, il était très populaire chez les Palestiniens. Exilé volontairement au Qatar depuis 2019, Ismaïl Haniyeh a vu depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 de nombreux membres de sa famille tués lors des opérations menées par l’armée israélienne, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste. En avril, trois de ses fils, quatre de ses petits-enfants avaient péri dans une frappe israélienne sur Gaza, rappelle notre correspondante à Jérusalem, Alice Froussard. Le 25 juin, c’est une autre frappe de l’armée israélienne sur un camp de réfugiés de Gazaouis qui avait tué dix membres de sa famille.
Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, avait joué un rôle clé dans la stratégie politique et militaire de l’organisation. Sa présence à Téhéran soulignait les liens étroits entre le Hamas et l’Iran, un pays qui soutient activement les groupes armés opposés à Israël, dont le Hezbollah libanais. Selon le Hamas, Haniyeh a été tué dans une frappe aérienne israélienne ciblant sa résidence après la cérémonie d’investiture du président Pezeshkian. Cet acte s’inscrit dans une série d’opérations menées par Israël contre des figures clés du Hamas et du Hezbollah, notamment l’élimination d’un commandant du Hezbollah à Beyrouth la veille.
Réactions Internationales
La mort d’Ismaïl Haniyeh a provoqué une onde de choc à travers le monde. L’Iran, principal soutien du Hamas, a dénoncé l’acte comme une agression contre son territoire et a juré de répondre à cette attaque. Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien et a réaffirmé l’engagement de l’Iran à soutenir la cause palestinienne.
Israël, de son côté, n’a ni confirmé ni nié son implication dans la frappe, mais a réitéré son engagement à combattre le terrorisme. Le Premier ministre israélien a déclaré que le pays continuerait à agir pour protéger ses citoyens contre les menaces terroristes, tout en condamnant le soutien iranien aux groupes armés dans la région.
Implications pour le conflit Israël-Hamas
La mort d’Ismaïl Haniyeh pourrait avoir des répercussions significatives sur la dynamique du conflit israélo-palestinien. En tant que leader influent, Haniyeh était une figure de proue pour le Hamas, et sa disparition pourrait provoquer des bouleversements au sein de l’organisation. Certains analystes craignent une escalade des violences en réponse à cet assassinat, alors que d’autres y voient une opportunité pour un changement dans la direction et la stratégie du Hamas.
Le futur du Hamas après la perte de Haniyeh reste incertain, mais il est clair que cet événement aura des conséquences majeures sur les relations entre Israël et les groupes armés palestiniens. Les prochaines semaines seront cruciales pour observer les réactions du Hamas et les éventuelles ripostes de ses alliés régionaux.