Les bulldozers du District d’Abidjan, agissant sous les ordres du Ministre-Gouverneur Cissé Bacongo, ont détruit les principaux quartiers de Gesco dans la commune de Yopougon, près de l’autoroute du Nord. Les quartiers Cinq Étoiles, Judé et Petit Paris ont été réduits en décombres, déclenchant la colère du Maire de Yopougon, Adama Bictogo.
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Yopougon-Gesco : Les réactions politiques et la résistance locale
Face à cette action, le Maire Bictogo a exprimé son indignation en refusant l’entrée des engins à Yopougon sans son autorisation. Il a également pris des mesures pour protéger les quartiers concernés, mobilisant les forces de sécurité locales. Cette réaction forte du Maire souligne son engagement envers les habitants de Yopougon et sa volonté de défendre leurs intérêts face à cette décision de déguerpissement. Malgré ses efforts pour protéger les quartiers menacés, la rencontre entre les deux responsables politiques, bien qu’elle ait semé un certain espoir parmi les victimes du déguerpissement, n’a abouti à aucun résultat concret. Les habitants restent donc dans l’incertitude quant à leur avenir et à la sécurité de leurs foyers.
Cette impasse met en lumière les tensions politiques et sociales qui entourent le déguerpissement à Yopougon-Gesco. Alors que le Maire Bictogo lutte pour protéger les intérêts de ses administrés, les victimes du déguerpissement restent dans une situation précaire, sans perspective de solution immédiate. Cette confrontation entre les autorités locales illustre les enjeux complexes liés à la gestion urbaine et à la protection des populations face aux impératifs de développement et d’assainissement urbain.
Yopougon-Gesco : Une mission contestée
Le Ministre-Gouverneur justifie son action en affirmant que sa mission, confiée par le président Alassane Ouattara, est de lutter contre le désordre urbain, l’insalubrité et d’assainir la ville d’Abidjan. Cette déclaration met en avant les objectifs légitimes de développement et d’amélioration des conditions de vie dans la capitale ivoirienne. Cependant, l’absence de compensation pour les victimes du déguerpissement remet en question la dimension sociale de cette politique. En effet, la destruction de quartiers entiers sans prise en compte des conséquences humaines et sociales soulève des doutes quant à l’équité et à la justice de ces actions.
Le caractère sélectif de l’opération aggrave également ces interrogations sur la véritable intention derrière ce déguerpissement. Le fait que certaines zones soient ciblées tandis que d’autres semblent bénéficier d’un traitement plus clément souligne les possibles motivations politiques ou économiques sous-jacentes à cette démarche. Cette disparité dans le traitement des quartiers renforce le sentiment d’injustice parmi les populations touchées et alimente les critiques envers les autorités en charge de ces opérations d’urbanisme. Ainsi, au-delà des intentions déclarées de développement urbain, la manière dont ces déguerpissements sont menés soulève des questions fondamentales sur la justice sociale et la gouvernance urbaine en Côte d’Ivoire.
Contraste et incohérence
La comparaison entre la destruction de Gesco et l’interruption de l’opération à Boribana met en lumière les incohérences de l’approche du Ministre-Gouverneur. Alors que la première action s’est déroulée brutalement en pleine année scolaire, provoquant ainsi des perturbations majeures pour les résidents, la seconde a été suspendue après la révolte des riverains, sans que des mesures de suivi ne soient mises en œuvre jusqu’à présent. Cette disparité dans le traitement des deux quartiers soulève des questions légitimes quant à la cohérence et à l’équité des politiques de déguerpissement menées par les autorités.
La suspension de l’opération à Boribana après les protestations des habitants souligne également les pressions sociales et politiques auxquelles le Ministre-Gouverneur est confronté dans la mise en œuvre de ses politiques d’urbanisme. Cette situation met en évidence la nécessité pour les autorités de prendre en compte les préoccupations et les intérêts des communautés locales dans la planification et la mise en œuvre de telles opérations. En l’absence de transparence et de consultation publique adéquate, la légitimité des actions entreprises par le gouvernement est remise en question, alimentant ainsi les tensions et les contestations au sein de la population.
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Le bras de fer entre le Ministre-Gouverneur et le Maire de Yopougon semble destiné à perdurer. Les populations locales restent vulnérables face à ces décisions politiques qui bouleversent leur vie quotidienne. L’avenir de Boribana et d’autres quartiers précaires demeure incertain, alors que les autorités continuent de s’affronter sur la manière de gérer ces situations délicates.