Dominique de Villepin répond à Bernard-Henri Lévy après ses accusations d’antisémitisme

L’accusation est lourde et suscite une vive réaction dans l’espace médiatique français. Dimanche 6 octobre, Bernard-Henri Lévy (BHL), invité sur le plateau de LCI, a attaqué Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre, en le comparant à Jean-Luc Mélenchon. BHL a affirmé : « Je crois qu’il y a chez [Jean-Luc Mélenchon] comme chez Dominique de Villepin autre chose que du calcul froid. Il y a une haine qu’il inspire, qu’il dégage. Une haine d’Israël et ceux dont Israël est le nom, c’est-à-dire les juifs. » Ces propos ont déclenché une riposte immédiate et ferme de la part de Dominique de Villepin, qui a dénoncé des accusations infondées et dangereuses.

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Une riposte ferme et un appel à la dignité dans le débat

Face à ces attaques, Dominique de Villepin a répliqué avec vigueur, également sur le plateau de LCI. Il a dénoncé la gravité des propos tenus par Bernard-Henri Lévy, qu’il a qualifiés de calomnieux. « Il n’y a pas de place pour de tels propos dans le débat démocratique, » a-t-il martelé. Selon lui, «La calomnie et le mensonge nient le débat démocratique, affirme-t-il. C’est pour cela que je ne peux pas accepter de telles paroles de la part de Bernard-Henri Lévy. Il porte atteinte à la dignité, à la sienne. À la dignité que tout homme doit avoir quand il s’exprime dans l’espace public. Je pense que dans le débat démocratique, et qui plus est la veille du 7 octobre, à un moment où on va commémorer un terrible massacre, il y a une nécessité de dignité et de respect dans le débat», a répondu Dominique de Villepin. 

L’ancien Premier ministre a également réclamé des excuses de la part de l’essayiste, tout en citant Albert Camus : « Un homme, ça s’empêche ». Par cette citation, Dominique de Villepin a voulu rappeler la nécessité de modérer ses paroles, surtout dans un contexte aussi sensible que celui du conflit israélo-palestinien, où la mémoire des victimes doit primer sur les invectives personnelles.

Un désaccord profond sur la vision de la guerre

Au-delà de la défense de sa dignité, Dominique de Villepin a abordé le fond du différend qui l’oppose à Bernard-Henri Lévy : la question de la guerre et de la paix. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, ce n’est pas une question liée à Israël ou à la communauté juive, mais plutôt une opposition de principes sur la manière de résoudre les conflits internationaux. Villepin, qui s’est fait connaître pour son opposition à la guerre en Irak en 2003, a critiqué le soutien de BHL à diverses interventions militaires, notamment en Afghanistan, en Libye et en Irak, en soulignant les conséquences désastreuses de ces engagements.

«Et avec quel résultat, s’insurge l’ancien premier ministre. Regardez en arrière, Monsieur Bernard-Henri Lévy: il n’y a que du chaos, il n’y a que des morts, il n’y a que du sang. Et là il vient réclamer sur votre plateau le droit de gagner. Le droit de gagner quoi? De gagner quelle guerre? Pour faire quoi? La force, quand on l’utilise, il faut le faire au nom d’une vision politique.»

Il a également remis en question l’appel de BHL pour une victoire militaire sans une vision politique claire, soulignant l’importance de chercher des solutions diplomatiques plutôt que d’imposer une force brutale. Pour Villepin, le recours à la guerre doit toujours être justifié par un objectif politique précis, et non par un simple désir de puissance.

Après la réponse musclée, Dominique de Villepin est ensuite rentrée dans le fond du qualificatif utilisé par BHL. «Le débat n’est pas du tout sur une quelconque question juive ou une question d’Israël. Qu’est-ce qui m’oppose avec Bernard-Henri Lévy? C’est la question de la guerre et de la paix.» Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon s’est également exprimé sur X, en appelant l’ancien premier ministre «à ne pas perdre (son) temps avec BHL qui nous insulte»«Un mot de saint Augustin résume ce qu’on peut en dire: honte à qui est sans honte!», s’insurge le chef de file de La France insoumise.

Une position nuancée sur le conflit israélo-palestinien

Sur franceinfo, ce lundi, Dominique de Villepin a exprimé sa solidarité avec les victimes israéliennes des attaques du Hamas, tout en critiquant la réponse militaire d’Israël. « Israël est engagée dans un processus qu’elle ne maîtrise plus, qu’elle ne contrôle plus », a-t-il affirmé, pointant les risques d’escalade régionale. Il a également alerté sur les possibles représailles israéliennes contre l’Iran, tout en soulignant l’existence d’options diplomatiques pour désamorcer la crise.

Il a critiqué la stratégie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, estimant que ce dernier cherche à résoudre les tensions par la force au lieu d’explorer des alternatives diplomatiques. «Je trouve tout à fait regrettable que Benjamin Netanyahu veuille corriger en quelque sorte la situation de la région par la force, alors qu’il y aurait d’autres possibilités, a ajouté Dominique de Villepin. Il y va aussi de notre sécurité car ce qui se passe là-bas n’est pas sans conséquence sur ce qui se passe ici».

Les propos d’Emmanuel Macron, a-t-il poursuivi, sont à replacer dans le contexte de l’accord de cessez-le-feu porté par la France et les États-Unis lors de l’Assemblée générale des Nations unies, «pour essayer de mettre fin au supplice des Palestiniens à Gaza et essayer de faire revenir les otages»«Le président de la République française a tenu et a eu raison de dire que quand on appelle à un cessez-le-feu, on ne peut pas dans le même temps, livrer encore des armes qui créent la mort, alors que celles-ci s’avèrent aujourd’hui inutiles à Gaza» où «il n’y a plus rien à détruire», a observé Dominique de Villepin.

Dominique de Villepin s’est efforcé de replacer le débat sur un terrain plus apaisé, insistant sur l’importance d’un dialogue respectueux et constructif, même en temps de crise. Pour lui, les attaques personnelles n’ont pas leur place dans un contexte où la dignité humaine et le respect des victimes doivent être au centre des préoccupations.

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