Emilie König, ancienne recruteuse pour l’État islamique (EI), est de nouveau au cœur de l’actualité judiciaire. Cette femme de 39 ans, originaire de Lorient et actuellement incarcérée à Rennes, fait désormais l’objet d’une plainte déposée par ses propres enfants pour maltraitances. Ces derniers, rapatriés en France en 2021, auraient été témoins d’atrocités sur place, comme des scènes de décapitation et d’égorgement. Selon leurs témoignages, leur mère leur aurait appris à utiliser des armes et à se familiariser avec la violence. La plainte, en cours de traitement, est examinée par le Parquet national antiterroriste (PNAT).
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Des enfants traumatisés par la guerre et la violence
Les enfants d’Emilie König, un garçon de 9 ans et des jumelles de 7 ans, nés en Syrie durant l’exil de leur mère, auraient vécu des expériences extrêmement traumatisantes. Le signalement des violences physiques et psychologiques subies par ces enfants avait déjà été transmis à la justice par le conseil départemental du Morbihan en mai 2023.
Selon leur avocat, Me Jean-Guillaume Le Mintier, « Dès leur arrivée sur le territoire français, les enfants ont livré des éléments sur leur histoire traumatique » aux spécialistes qui les prenaient en charge, selon la plainte, transmise le 19 septembre au PNAT, que l’AFP a pu consulter. « A leur arrivée en France, les enfants pensaient que les couteaux ne servaient qu’à couper des têtes » et « racontent avoir vu des égorgements à la télé », peut-on y lire. « Les services éducatifs ont constaté que les enfants ont développé d’importants troubles. »
Le retour en France et le processus de réinsertion
Rapatriés en janvier 2021, les enfants ont été pris en charge par les services sociaux et sont sous la tutelle du département du Morbihan. Leur retour sur le sol français s’est accompagné d’un suivi psychologique intensif, les spécialistes ayant constaté chez eux des troubles importants, sans doute causés par leur exposition prolongée à la violence extrême et à la propagande de l’État islamique.
Me Le Mintier insiste sur l’importance de reconnaître ces enfants comme des victimes, afin qu’ils puissent comprendre les normes sociales et faire la différence entre le bien et le mal. « On considère que la réparation et la reconstruction de ces enfants passent inéluctablement par la reconnaissance de leur statut de victimes », insiste Me Le Mintier. Dans le cas contraire, « le risque, c’est la banalisation de ce qu’ils ont vu. En poursuivant leur mère au titre des atrocités dont ils ont été témoins, ils vont intégrer ce qu’on appelle “les normes sociales”, en somme faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal », explique-t-il.
La défense d’Emilie König : une mère accusée à tort ?
De son côté, l’avocat d’Emilie König, Me Emmanuel Daoud, réfute les allégations portées contre sa cliente. « Ce qui serait affirmé » par les enfants « ne correspond en rien à l’état du dossier » sur lequel des juges d’instruction enquêtent, et ces derniers n’ont pas fait, jusqu’à maintenant, « de reproche sur ce point » à l’accusée, a assuré l’avocat d’Emilie König, Emmanuel Daoud. « Je ne sais pas dans quelles conditions la parole des enfants a été recueillie. Depuis le départ, Mme König s’est vraiment battue pour protéger ses enfants, pour qu’ils soient en bonne santé physique et psychologique. C’est l’incarnation de la mère courage », a-t-il insisté.
L’enquête devra désormais éclaircir les circonstances dans lesquelles ces témoignages ont été recueillis et déterminer la véracité des accusations.