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Soupçons de détournement de fonds publics : Grégory Doucet, maire de Lyon, entendu en garde à vue

Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon depuis 2020, fait face à une enquête judiciaire qui secoue la troisième ville de France. Ce mercredi 9 avril, il a été placé en garde à vue dans le cadre d’une procédure pour détournement de fonds publics liée au recrutement présumé irrégulier de 24 chargés de mission entre 2016 et 2023. Une affaire qui met en lumière des pratiques administratives controversées et soulève des questions sur la gestion municipale.

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Une enquête complexe et des accusations lourdes

L’enquête, initiée par un signalement de la Chambre régionale des comptes, porte sur le dépassement du plafond légal de collaborateurs au sein du cabinet du maire. La réglementation autorise jusqu’à 12 collaborateurs pour une ville de la taille de Lyon. Pourtant, sous différents mandats, 24 chargés de mission auraient été recrutés pour des tâches qui, selon les enquêteurs, s’apparenteraient à celles de collaborateurs politiques. Ce dépassement est interprété comme un possible détournement de fonds publics.

Des perquisitions avaient déjà eu lieu en mars 2024 à l’Hôtel de Ville dans le cadre de cette enquête. Les magistrats instructeurs avaient alors saisi téléphones, ordinateurs et fiches de poste des employés concernés. Ces investigations ont mis en évidence un flou autour des missions réelles et du rattachement hiérarchique des chargés de mission.

Un contexte politique tendu

L’affaire ne se limite pas au mandat actuel. Georges Képénékian, prédécesseur de Grégory Doucet, a également été placé en garde à vue le 8 avril. D’autres cadres municipaux ont été entendus cette semaine, notamment d’anciens directeurs de cabinet et conseillers proches du défunt Gérard Collomb, ancien maire emblématique de Lyon. Cette dimension historique ajoute une complexité supplémentaire à l’enquête.

Pour Grégory Doucet, cette procédure intervient dans un climat politique déjà fragilisé. Critiqué pour certaines décisions polarisantes et son manque perçu de pragmatisme, il voit émerger des figures concurrentes à l’approche des élections municipales prévues l’année prochaine. Parmi elles, Jean-Michel Aulas, ancien président de l’Olympique lyonnais, dont la popularité alimente les spéculations sur une éventuelle candidature.

Défense et perspectives

Dans un communiqué publié par son entourage, le maire écologiste a affirmé collaborer pleinement avec la justice tout en continuant d’assumer ses fonctions « avec responsabilité ». La mairie réfute par ailleurs le terme « garde à vue », évoquant une simple audition dans le cadre normal d’une enquête visant à expliquer le fonctionnement administratif de la ville.

Cependant, les enjeux judiciaires restent importants. Si les accusations sont confirmées, elles pourraient avoir des répercussions significatives sur l’avenir politique du maire et sur les élections municipales à venir. L’opposition municipale, notamment la droite lyonnaise, ne manque pas d’exploiter cette affaire pour critiquer la gestion actuelle et remettre en question les choix administratifs passés.

Un système sous surveillance

Cette affaire met en lumière une problématique récurrente dans les collectivités locales : la frontière parfois ténue entre postes administratifs et fonctions politiques. Les chargés de mission doivent théoriquement remplir des tâches apolitiques. Pourtant, leur utilisation dans le cadre lyonnais semble avoir contourné ces règles pour répondre aux besoins politiques du cabinet municipal.

La création d’une « direction de la coordination institutionnelle » en remplacement du « bureau du cabinet » avait été défendue par Grégory Doucet comme une mesure nécessaire pour clarifier ces fonctions. Mais cette restructuration n’a pas suffi à dissiper les soupçons ni à apaiser les tensions avec l’opposition.

Conclusion

Alors que l’enquête judiciaire suit son cours, Grégory Doucet se retrouve au cœur d’une tempête mêlant enjeux judiciaires et défis politiques. À un an des municipales, cette affaire pourrait redéfinir les équilibres politiques lyonnais et poser des questions cruciales sur la gestion des ressources publiques dans les grandes villes françaises.

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