Guerre en Ukraine : « Orechnik », le missile russe qui devient une icône nationale

Depuis son lancement le 21 novembre sur la ville ukrainienne de Dnipro, le missile balistique russe « Orechnik », signifiant « noisette », a pris une place centrale dans la propagande et la culture populaire russe. Initialement conçu pour transporter des têtes nucléaires, ce projectile s’est transformé en véritable symbole pour le pouvoir en place. Retour sur une fascination qui mêle politique, technologie et folklore.

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Un missile au centre de la stratégie russe

L’utilisation d’ »Orechnik » intervient dans un contexte tendu. Les dernières frappes ukrainiennes sur le territoire russe, réalisées avec des missiles longue portée ATACMS fournis par les États-Unis, ont suscité une réponse musclée de Moscou. Ce missile balistique, bien que dépourvu de sa charge nucléaire pour cette opération, a été envoyé sur Dnipro, marquant une nouvelle escalade dans le conflit.

Vladimir Poutine et les autorités russes n’ont pas manqué d’utiliser ce lancement pour renforcer leur discours anti-occidental. Selon les médias d’État, « Orechnik » incarnerait la supériorité technologique et militaire russe, un outil stratégique pour « terroriser l’ennemi », en l’occurrence l’Occident et ses alliés ukrainiens.

Une « noisette » qui fascine les élites politiques

Dès l’annonce de son nom, « Orechnik » a suscité un engouement inédit. Vladimir Solovyov, célèbre propagandiste russe, a été parmi les premiers à exprimer son admiration, qualifiant le nom de « touchant ». Cette déclaration, largement reprise dans les médias, a donné le ton : « Orechnik » est devenu bien plus qu’un simple missile.

À la Douma, le parlement russe, cet enthousiasme s’est matérialisé de manière spectaculaire. Serguei Mironov, leader d’un parti politique, est apparu en tribune vêtu d’un t-shirt floqué du nom du missile. Ce geste a été salué par Vyacheslav Volodine, président de l’Assemblée, comme un exemple à suivre. D’autres figures politiques, comme Guennadi Ziouganov, ont même proposé de transformer le 21 novembre en « jour du noisetier ».

Quand la propagande devient marketing

La popularité d’ »Orechnik » ne se limite pas aux sphères politiques. En quelques jours, le missile est devenu un véritable objet de marketing. Un entrepreneur envisage déjà de lancer une marque de vodka portant son nom. Dans la région du Tatarstan, un père de famille a annoncé qu’il pourrait appeler son quinzième enfant « Orechnik », un geste qui illustre l’impact de cette campagne de propagande sur la population.

Cette stratégie de glorification des symboles militaires s’inscrit dans une tradition russe bien ancrée. Depuis l’époque soviétique, les avancées technologiques et les prouesses militaires ont souvent été mises en avant pour galvaniser la population et renforcer le patriotisme. « Orechnik » s’inscrit donc dans cette continuité, mais son succès dépasse les attentes, en partie grâce à l’efficacité de la machine médiatique russe.

Un symbole ambivalent

Cependant, cette glorification ne fait pas l’unanimité. Si en Russie, « Orechnik » est célébré comme un symbole de puissance, à l’étranger, il est perçu comme une preuve supplémentaire de l’escalade militaire menée par Moscou. Les frappes sur l’Ukraine, bien que réalisées avec une version non nucléaire du missile, rappellent la menace constante que représente l’arsenal nucléaire russe.

De plus, l’exaltation autour d’ »Orechnik » soulève des questions sur l’influence de la propagande dans une société marquée par la guerre. Transformer un outil de destruction en icône nationale, au point d’envisager des produits dérivés et des noms d’enfants, reflète une instrumentalisation poussée des symboles militaires.

Un avenir sous le signe d’ »Orechnik » ?

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, « Orechnik » pourrait bien continuer à jouer un rôle central dans la stratégie de communication du Kremlin. En l’espace de quelques jours, ce missile est devenu un outil puissant, non seulement sur le terrain militaire, mais aussi dans le domaine symbolique et culturel.

Si certains y voient une preuve de la capacité de Moscou à mobiliser ses citoyens autour de ses initiatives militaires, d’autres soulignent les risques d’une telle glorification. En attendant, la « noisette » russe semble bien partie pour rester sur toutes les lèvres, que ce soit dans les discours politiques, les médias ou même sur des bouteilles de vodka.

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