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Heure d’été ou d’hiver ? Pourquoi L’Europe bloque depuis 7 ans sur la question

Depuis 2018, l’Union européenne tergiverse sur une promesse : mettre fin au changement d’heure semestriel. Alors que les montres avancent ce dimanche, le débat reste figé entre partisans de l’heure d’été perpétuelle et défenseurs de l’heure d’hiver. Explications sur un blocage à 27 voix.

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2018-2025 : une réforme enlisée

Tout commence par une consultation citoyenne historique. En 2018, 4,2 millions d’Européens se prononcent à 84% pour l’abolition du changement d’heure. La Commission européenne saisit la balle, proposant de supprimer le système dès 2021. Le Parlement valide. Mais les États membres, incapables de trancher entre heure d’été ou d’hiver, enterrent le dossier.

Sept ans plus tard, rien n’a bougé. « Les priorités ont changé », admet un diplomate polonais, dont le pays tente en vain de relancer le sujet. La guerre en Ukraine, les tensions commerciales avec les États-Unis… Le changement d’heure semble un luxe face aux crises.

Nord vs Sud : la guerre des fuseaux

Le cœur du problème ? Les désaccords géographiques. Les pays nordiques (Suède, Finlande) plaident pour l’heure d’hiver, arguant que les matinées obscures de décembre seraient encore plus longues avec l’heure d’été. À Helsinki, le soleil se lèverait après 10h en janvier.

À l’inverse, les États méditerranéens (Espagne, Italie) veulent garder l’heure d’été. « Les soirées ensoleillées boostent le tourisme et la vie sociale », défend un élu portugais. La France, elle, est divisée : l’Est penche pour l’heure d’hiver (alignement avec Berlin), l’Ouest pour l’été (proximité avec Londres).

Santé, accidents… Le coût invisible du changement

Les critiques scientifiques s’accumulent. Une étude finlandaise publiée dans Sleep Medicine (2023) observe une hausse de 8 % des AVC la semaine suivant le passage à l’heure d’été. En Allemagne, les accidents de la route bondissent de 20 % dans les trois jours suivant le changement, selon l’office fédéral des transports.

Côté énergie, le bilan est maigre. L’Agence européenne pour l’environnement estime les économies à 0,3 % de la consommation annuelle d’électricité — l’équivalent de la dépense énergétique du Luxembourg. « Avec les LED et les bâtiments autonomes, cet argument ne tient plus », tranche l’eurodéputé Sean Kelly.

Trump, Musk… Et les autres

Hors d’Europe, le débat agite aussi. En 2024, Donald Trump évoque la fin de l’heure d’été aux États-Unis, la qualifiant d’« inutile ». Un sondage d’Elon Musk sur X (ex-Twitter) révèle que 62 % des Américains préfèrent l’heure d’été. Mais le projet capote, faute de consensus.

Certains pays ont sauté le pas. La Turquie garde l’heure d’été depuis 2018. L’Égypte, après neuf ans sans changement, revient en arrière en 2023 pour réduire sa facture énergétique. La Russie, elle, regrette son abolition de 2011 : les parents se plaignaient du soleil levant à 10h en Sibérie.

Pourquoi 2h du matin ?

Le changement à 2h n’est pas un hasard. « C’est le creux de l’activité ferroviaire et aérienne », explique un responsable de la SNCF. Seuls 12 % des TGV circulent à cette heure en Europe. Les perturbations sont limitées, mais pas nulles : en 2022, un vol Ryanair Bruxelles-Marrakech a atterri… avant d’être officiellement parti.

Les chronobiologistes tempèrent : « Changer l’heure en pleine nuit minimise l’impact sur le sommeil », note Claire Leconte. Mais 15 % de la population mettrait plus d’une semaine à s’adapter, selon une étude de l’Institut national du sommeil.

Les citoyens contournent le système

Face à l’immobilisme politique, les Européens s’adaptent. Un sondage YouGov (mars 2025) montre que 33 % des foyers ne règlent plus manuellement leurs horloges, laissant smartphones et appareils connectés gérer le changement. « À quoi bon ? De toute façon, ça va disparaître », lâche Marie, 29 ans, habitante de Lyon.

Pendant ce temps, la Lituanie promet de relancer le dossier lors de sa présidence du Conseil de l’UE… en 2027. D’ici là, les aiguilles auront tourné 14 fois.

L’heure du choix ?


L’Europe parviendra-t-elle un jour à synchroniser ses montres ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est acquise : chaque année, le débat resurgit comme une horloge suisse — précise, et sans véritable avancée. En attendant, ce dimanche à 2h, il sera 3h. Et dans six mois, on reculera. Comme d’habitude.

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