L’ex-premier ministre pakistanais Imran Khan a été condamné à une peine de dix ans de prison pour divulgation de documents classifiés, jetant une ombre sur la campagne électorale à moins de dix jours des élections législatives et provinciales du 8 février. La décision, rendue dans la prison d’Adiala, où Khan est actuellement incarcéré, a suscité des réactions vives de la part de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), qui dénonce une injustice.
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Condamnation de Imran Khan
Imran Khan et Shah Mahmood Qureshi, ancien ministre des Affaires étrangères et numéro deux du PTI, ont écopé de dix ans de prison dans une affaire de divulgation de documents classifiés. Cette condamnation survient alors que Khan fait déjà face à plusieurs autres accusations et a été déclaré inéligible pour cinq ans. La réaction immédiate de son parti a été de dénoncer l’injustice et d’annoncer son intention de faire appel.
L’affaire repose sur la présentation par Imran Khan d’un câble diplomatique de l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis, qu’il a utilisé comme preuve d’un complot américain soutenu par les militaires pakistanais contre lui. Les États-Unis et l’armée pakistanaise ont catégoriquement nié ces allégations. La condamnation, basée sur la loi sur les secrets officiels datant de l’époque coloniale, soulève des questions sur le processus judiciaire et les conditions du procès qui s’est déroulé à huis clos à la prison d’Adiala.
Réponse du PTI et plan d’appel
Le PTI a vivement réagi, qualifiant le procès de « simulacre de justice, sans accès pour la presse et le public ». Le parti a annoncé son intention de faire appel, arguant que la décision semble être une manœuvre pour empêcher Khan d’obtenir une majorité au Parlement. Des critiques ont également été formulées sur le timing de cette condamnation, à quelques jours seulement des élections, suscitant des inquiétudes quant à son impact sur le processus démocratique.
Imran Khan, ancien champion de cricket arrivé au pouvoir en 2018, avait été destitué par une motion de censure en avril 2022. Sa popularité au Pakistan reste significative, mais sa campagne contre l’establishment militaire lui a valu des revers. Son arrestation en mai dernier a déclenché des manifestations violentes de ses partisans, suivies de répressions massives par les autorités. Le PTI s’est retrouvé paralysé avant le scrutin, avec des rassemblements interdits, le symbole du parti banni, et des candidats empêchés de se présenter.
L’influence de l’armée et le favoritisme politique
Imran Khan accuse l’armée de chercher à l’empêcher de reprendre le pouvoir, malgré son soutien initial en 2018. Avec les élections à l’horizon, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif apparaît comme le favori. Le retour de Sharif, après quatre ans d’exil à Londres, soulève des spéculations sur un possible accord avec les militaires, remettant en question les dynamiques politiques du pays.
La condamnation d’Imran Khan à dix ans de prison dans le contexte électoral tendu du Pakistan soulève des préoccupations quant à la justice, la démocratie et l’influence continue de l’armée dans la politique du pays. Alors que le PTI prévoit de faire appel, l’impact de cette décision sur le paysage politique reste incertain, alimentant les interrogations sur l’intégrité du processus électoral à venir.