L’intelligence artificielle (IA) s’immisce dans tous les secteurs, et la santé n’y échappe pas. Mais peut-on imaginer un jour remplacer son médecin par une IA comme ChatGPT ? La question fait débat, et la réponse est plus nuancée qu’il n’y paraît. Si l’IA promet de révolutionner la médecine, elle reste avant tout un outil d’aide, et non un substitut.
À lire aussi : Buddha Bot Plus : Une nouvelle IA conçue pour enseigner le bouddhisme
L’IA, un outil précieux pour les médecins
Dans les hôpitaux, les robots assistés par Intelligence artificielle ont déjà fait leur entrée, notamment en chirurgie. Loïc Etienne, médecin urgentiste et créateur de la solution MedVir, explique que ces technologies, couplées à la réalité virtuelle, permettent déjà des interventions chirurgicales sous contrôle humain. Dans deux décennies, ces machines pourraient même réaliser des opérations de manière autonome.
Mais l’IA ne se limite pas à la chirurgie. Elle s’invite aussi dans le quotidien des médecins, notamment pour les tâches administratives. Par exemple, Doctolib propose désormais des résumés automatisés de consultations, libérant ainsi les praticiens d’une charge bureaucratique souvent chronophage. L’objectif ? Permettre aux médecins de se concentrer sur leur cœur de métier : soigner.
ChatGPT, un médecin virtuel ?
Avec l’émergence de chatbots comme ChatGPT, certains imaginent déjà une médecine entièrement automatisée. Pourtant, la réalité est plus complexe. Si ChatGPT peut fournir des conseils parfois pertinents, il peut aussi commettre des erreurs. Par exemple, lorsqu’on lui demande s’il est possible de prendre des anti-inflammatoires pour un mal de gorge, le chatbot répond par l’affirmative, sans mentionner les risques de surinfection. Une réponse qui pourrait s’avérer dangereuse en cas d’automédication.
Pour Loïc Etienne, le problème réside dans la qualité des données utilisées pour entraîner ces applications. Les informations médicales doivent être vérifiées et vérifiables, ce qui n’est pas toujours le cas. « Les données humaines sont imparfaites et subjectives. L’IA reproduit ces biais, ce qui peut fausser les résultats », souligne-t-il.
L’IA, une intelligence humaine augmentée
Plutôt que de parler d’intelligence artificielle, Loïc Etienne préfère le terme d’ »intelligence humaine augmentée ». Selon lui, l’intelligence artificiel ne doit pas remplacer le médecin, mais l’aider à poser un diagnostic plus précis. « Ce n’est pas à la machine de décider, mais au médecin de s’appuyer sur elle pour affiner son jugement », insiste-t-il.
Les études cliniques jouent ici un rôle central. Elles permettent de développer des IA capables d’analyser des données complexes et de proposer des pistes de diagnostic réalistes. Mais ces outils doivent rester au service des soignants, et non prendre le pas sur la relation médecin-patient.
Le défi du langage naturel
L’un des grands défis de l’intelligence artificielle en médecine réside dans sa capacité à comprendre et à restituer le langage naturel. Pour être efficace, l’intelligence artificielle doit pouvoir interpréter les symptômes décrits par un patient et les traduire en informations exploitables par le médecin. « Il faut donner du sens à ces données. C’est ce qui compte en médecine », explique Loïc Etienne.
Cette étape est essentielle pour éviter de tomber dans la science-fiction. L’IA doit rester un outil au service de la relation soignant-soigné, et non un intermédiaire qui viendrait la remplacer.
L’avenir de la médecine : collaboration plutôt que substitution
Si l’IA promet de transformer la médecine, elle ne remplacera pas les médecins. En revanche, elle peut les aider à gagner en efficacité, que ce soit en simplifiant les tâches administratives, en améliorant la précision des diagnostics ou en assistant les chirurgiens lors d’opérations complexes.
Pour Loïc Etienne, l’enjeu des prochaines années sera d’adapter ces technologies aux besoins réels des soignants et des patients. « L’intelligence artificielle doit être au service de la médecine, et non l’inverse. Si on perd de vue cette priorité, on s’éloigne de l’essence même du soin », conclut-il.
En somme, l’IA est une opportunité pour la médecine, à condition de l’utiliser avec discernement. Elle ne remplacera pas le médecin, mais elle peut devenir un allié précieux pour améliorer les soins et libérer du temps médical. Le duo médecin-IA pourrait bien être la clé d’une médecine plus efficace et plus humain