Le Ghana, souvent cité comme un modèle de démocratie en Afrique, a écrit une nouvelle page de son histoire politique. L’ancien président John Dramani Mahama a été réélu à la tête du pays lors des élections du 7 décembre 2024, marquant un retour au pouvoir après huit ans dans l’opposition. Cette victoire, saluée à la fois sur le plan national et international, s’inscrit dans un contexte économique tendu et témoigne des attentes élevées du peuple ghanéen.
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Une victoire dans un climat économique difficile
Le Ghana traverse l’une des périodes économiques les plus délicates de son histoire récente. Malgré les efforts du gouvernement sortant pour stabiliser la situation, le pays est confronté à un fort endettement, une inflation galopante et un coût de la vie élevé. Sous l’administration de Nana Akufo-Addo, l’inflation a été réduite de plus de 50 % à environ 23 %, mais les effets de ces ajustements n’ont pas suffi à apaiser les difficultés des ménages.
C’est dans ce contexte que John Mahama, représentant le National Democratic Congress (NDC), a su capitaliser sur l’insatisfaction générale en promettant une relance économique ambitieuse et des réformes anti-corruption. Son adversaire, le vice-président sortant Mahamudu Bawumia, candidat du New Patriotic Party (NPP), a tenté de défendre le bilan de son gouvernement tout en prenant ses distances avec certaines critiques. Malgré cela, les électeurs ont clairement exprimé leur désir de changement.
Une transition démocratique exemplaire
Les élections, bien que marquées par quelques incidents isolés, se sont déroulées dans un calme relatif. La Commission électorale ghanéenne a salué la maturité des électeurs et des candidats. Mahamudu Bawumia, dans une déclaration pleine de dignité, a reconnu sa défaite dès le lendemain du scrutin. « Le peuple a voté pour le changement, et nous le respectons avec humilité », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à Accra.
Cette transition pacifique a été largement saluée par la communauté internationale. L’ambassade des États-Unis à Accra a qualifié ces élections de « réussite qui reflète la volonté du peuple ghanéen » et a réitéré son engagement à poursuivre un partenariat solide avec le nouveau président. De son côté, la CEDEAO a félicité les deux candidats pour leur sens de l’État et leur respect des principes démocratiques.
John Mahama : le premier président à reprendre le pouvoir
À 66 ans, John Dramani Mahama entre dans l’histoire comme le premier président de la Quatrième République ghanéenne à reprendre le pouvoir après l’avoir perdu par les urnes. Ce retour au sommet est le fruit d’une stratégie bien calculée et d’une campagne électorale axée sur le changement et l’espoir.
Mahama a déjà dirigé le Ghana de 2012 à 2017, une période marquée par des défis économiques, des coupures d’électricité fréquentes et des scandales de corruption. Après avoir été battu en 2016 et en 2020, il n’a jamais quitté la scène politique, restant actif en tant que chef de l’opposition. Cette persévérance a fini par payer, et les Ghanéens semblent prêts à lui accorder une nouvelle chance de diriger.
Une première vice-présidente historique
Pour ce nouveau mandat, John Mahama sera accompagné de Jane Naana Opoku-Agyemang, ancienne ministre de l’Éducation, qui devient la première femme à occuper le poste de vice-présidente au Ghana. Ce choix symbolise un engagement envers l’inclusion et l’égalité des genres, une valeur que Mahama a constamment défendue tout au long de sa carrière politique.
Les défis du nouveau mandat
Le retour de Mahama au pouvoir est porteur d’espoir, mais il s’accompagne également de lourdes attentes. Les Ghanéens veulent des réponses rapides aux défis économiques actuels, notamment la réduction du coût de la vie et la création d’emplois. Le président nouvellement élu a promis des réformes structurelles profondes, mais leur mise en œuvre dépendra de sa capacité à mobiliser des ressources et à restaurer la confiance des investisseurs.
En outre, la lutte contre la corruption, un thème central de sa campagne, sera scrutée de près par les citoyens et la communauté internationale. Mahama devra démontrer que son retour au pouvoir s’accompagne d’une gouvernance plus transparente et efficace que par le passé.
Une alternance qui reflète la maturité politique
Depuis le retour au multipartisme en 1992, le Ghana a su consolider sa démocratie par des alternances régulières entre le NDC et le NPP. Cette élection illustre une fois de plus la résilience des institutions démocratiques du pays.
Alors que des milliers de partisans célèbrent cette victoire dans les rues d’Accra et d’autres villes du pays, l’attention se tourne désormais vers l’avenir. John Mahama a promis de faire mieux cette fois-ci, et les Ghanéens espèrent que ce nouveau chapitre marquera le début d’un redressement économique durable.
Avec ce retour au pouvoir, le Ghana confirme une fois de plus sa position de modèle démocratique en Afrique, prouvant que le pouvoir du vote reste un outil puissant pour façonner l’avenir d’une nation.