La liste définitive des vingt candidats validés par le Conseil constitutionnel pour l’élection présidentielle au Sénégal, prévue le 25 février, a été dévoilée samedi 20 janvier. Deux figures majeures de l’opposition, Karim Wade et Ousmane Sonko, n’y figurent pas. Cette décision a créé une onde de choc dans le pays et suscite des interrogations quant aux motifs de ces exclusions.
Lire aussi : Sénégal : Karim Wade perd officiellement la nationalité française
Karim Wade écarté pour double nationalité
Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et premier adjoint du secrétaire général du parti démocratique sénégalais (PDS), a été exclu en raison de sa double nationalité. Bien que Wade ait affirmé avoir renoncé à sa nationalité française, une polémique persistante entourait cette question. Selon la Constitution, « tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise ». La confirmation tardive de sa renonciation à la nationalité française, après un recours déposé par un député, a conduit à son exclusion.
« Il reste que sa candidature a été déclarée recevable sur la foi d’une déclaration sur l’honneur inexacte, dès lors qu’au moment de cette déclaration datée du 21 décembre 2023, le candidat n’avait pas exclusivement la nationalité sénégalaise » et « les effets du décret consacrant la perte d’allégeance de Karim Meïssa Wade à l’égard de la France ne sont pas rétroactifs », a justifié le Conseil constitutionnel. L’opposant est donc mis hors-jeu pour le prochain scrutin présidentiel.
Dans un message communiqué dans la nuit, Karim Wade estime que « la récente décision du Conseil Constitutionnel est scandaleuse » et une « une atteinte flagrante à la démocratie ». Il réitère qu’il a « depuis longtemps renoncé à sa nationalité française » et annonce avoir décidé de saisir la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) « pour défendre son droit à la candidature à l’élection présidentielle de février 2024 ».
Ousmane Sonko Inéligible suite à une Condamnation
Ousmane Sonko, leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a également été écarté de la course présidentielle en raison de sa condamnation à une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis. L’homme politique panafricaniste et souverainiste de 49 ans « se trouve définitivement condamné à une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis » et « cette condamnation le rend inéligible pour une durée de 5 ans » a tranché le Conseil constitutionnel, en référence à l’affaire qui a opposé Ousmane Sonko au ministre du tourisme Mame Mbaye Niang et pour laquelle il a été reconnu coupable de diffamation.
« Le régime de Macky Sall a utilisé tout son arsenal pour empêcher la candidature d’Ousmane Sonko. Mais ce qui nous importe ce n’est pas sa figure mais le projet. Nous sommes persuadés que le candidat qu’il désignera va gagner », a réagi El Malick Ndiaye, secrétaire national à la communication de l’ex-Pastef.
Vers une élection Présidentielle Controversée ?
Ces exclusions ont suscité des réactions mitigées. Le camp de Karim Wade reste silencieux pour le moment, laissant planer l’incertitude sur son projet de retour au Sénégal après huit ans d’exil au Qatar. Du côté d’Ousmane Sonko, trois de ses alliés ont vu leurs candidatures validées. Les familles politiques des deux exclus attendent de voir comment ces décisions influenceront le paysage politique sénégalais.
La liste des candidats validés comprend plusieurs personnalités politiques de premier plan, mais les exclusions de Karim Wade et Ousmane Sonko pourraient laisser place à des contestations. Certains candidats déçus, comme l’ancienne première ministre Aminata Touré ou l’homme d’affaires Bougane Gueye Dany, remettent en question la procédure des parrainages. L’élection présidentielle au Sénégal s’annonce ainsi sous le signe de la controverse et de l’incertitude.