Ce qui fut autrefois une relation bilatérale florissante entre la France et le Maroc semble maintenant être plongé dans un profond désamour. Les tensions se sont accumulées au fil des années, alimentées par des désaccords sur des questions diplomatiques sensibles telles que le Sahara occidental et l’Algérie, ainsi que par la médiocre relation personnelle entre le président Emmanuel Macron et le roi Mohammed VI. La réaction du Maroc au séisme meurtrier du 8 septembre dans le Haut Atlas, plutôt que d’apaiser les crispations, a exacerbé le malaise.
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Les frictions diplomatiques autour du Sahara occidental
Le Sahara occidental est l’une des principales sources de tension entre la France et le Maroc. Depuis deux ans, une incompréhension mutuelle entrave leur relation. Les responsables marocains ont du mal à accepter l’approche chaleureuse adoptée par Macron dans ses efforts de réconciliation avec l’Algérie, l’ennemi régional du Maroc. Ils craignent que ce rapprochement ne limite la capacité de la France à soutenir pleinement leur revendication de souveraineté sur le Sahara occidental, une question que Rabat a durci depuis la reconnaissance américaine fin 2020 de la souveraineté marocaine sur cette région. La normalisation des relations avec Israël qui a suivi a également renforcé le Maroc sur le plan militaire, le dotant d’une nouvelle confiance en lui.
Dans ce contexte, la décision de la France de réduire considérablement sa politique de délivrance de visas au Maghreb à l’automne 2021 a provoqué des réactions vives au Maroc. Les élites francophones et francophiles, contrariées par les restrictions à leur mobilité, se sont tournées contre Paris. De plus, la révélation par la presse des pratiques d’espionnage marocaines avec le logiciel israélien Pegasus a refroidi davantage les relations entre le roi Mohammed VI et Emmanuel Macron, dont le numéro aurait été potentiellement ciblé pour un piratage. Cette rupture personnelle a eu un impact d’autant plus négatif que les liens entre les deux capitales se sont affaiblis au fil des ans.
La nécessité de restaurer la confiance entre la France et le Maroc
Il est désormais urgent de mettre un terme à cette escalade de l’animosité. Les liens étroits d’ordre humain, économique et culturel entre la France et le Maroc en font une relation précieuse qu’il est impératif de préserver. Paris doit faire des efforts pour abandonner son attitude souvent paternaliste envers ses anciennes colonies.
De son côté, Rabat doit comprendre que la France doit se conformer au droit international en ce qui concerne le Sahara occidental. Il doit également reconnaître que sa répression autoritaire à domicile et ses pratiques intrusives à l’étranger, révélées par des affaires comme Pegasus et le « Marocgate » à Bruxelles, nuisent à son image plutôt que de la servir. C’est là que réside l’érosion du soft power du Maroc, bien plus que dans des supposées campagnes hostiles. Ce qui apaisera ces tensions entre la France et le Maroc.