Le 19 septembre, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire dans le Haut-Karabakh, une enclave située sur le territoire de l’Azerbaïdjan mais peuplée à 99% d’une population chrétienne arménienne. Cette attaque rapide a abouti à la capitulation des forces du Haut-Karabakh, qui étaient soumises à un blocus depuis plus de 9 mois. Cette capitulation a été suivie d’un cessez-le-feu, plongeant le Haut-Karabakh dans l’incertitude quant à son avenir. Cet article vise à expliquer la situation complexe en mettant en évidence quatre points clés.
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1. Un conflit aux racines profondes dans les Haut-Karabakh
Le conflit dans le Haut-Karabakh trouve ses racines dans l’histoire complexe de cette petite région de 4400 km². Avant la soviétisation, des tensions existaient déjà entre les communautés arménienne et azerbaïdjanaise. Cependant, les origines modernes du conflit remontent à 1921, lorsque Staline a intégré ce territoire, majoritairement arménien à l’époque, à la république d’Azerbaïdjan. Ce choix politique a laissé un héritage de 120 000 habitants arméniens vivant dans cette zone aujourd’hui.
Le conflit s’est intensifié à la veille de l’effondrement de l’Union soviétique en 1988. Les élites du Haut-Karabakh ont alors commencé à réclamer leur rattachement à l’Arménie. En 1988, le Soviet suprême du du pays a adopté une résolution en faveur de ce rattachement, déclenchant des violences et des pogroms à Soumgaït. La première phase du conflit a éclaté alors que l’Union soviétique existait encore.
Après la chute de l’Union soviétique en 1991, le conflit est devenu interétatique, et une guerre a éclaté entre 1992 et 1994. Elle s’est soldée par la victoire des forces arméniennes, qui ont contrôlé la quasi-totalité du Haut-Karabakh ainsi que sept districts adjacents de l’Azerbaïdjan. Cela a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes des deux côtés. Cependant, le Haut-Karabakh n’est pas reconnu sur la scène internationale, tandis que l’Azerbaïdjan l’est.
2. Inversion des rapports de force en 2020
En 2020, l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, a lancé une opération militaire à grande échelle et a écrasé les forces du Haut-Karabakh en quelques semaines. La Russie est intervenue pour négocier un cessez-le-feu, qui a été signé en novembre 2020. Cet accord a consacré la victoire de l’Azerbaïdjan et a permis à Bakou de récupérer une partie du territoire du Haut-Karabakh.
Cependant, la situation sur le terrain s’est progressivement détériorée après la signature de l’accord de cessez-le-feu.
3. Blocus du corridor de Latchine
La situation s’est aggravée avec le blocus du corridor de Latchine en décembre 2022, qui relie l’Arménie au Haut-Karabakh à travers l’Azerbaïdjan. Au départ, des manifestations d’éco-activistes liés au pouvoir azerbaïdjanais ont été observées, mais les autorités d’Azerbaïdjan ont rapidement installé des checkpoints sur ce corridor, sous la supervision des forces russes.
La situation humanitaire s’est rapidement détériorée, avec la population du Haut-Karabakh manquant de nourriture, d’électricité et de services essentiels. Les organismes humanitaires ont eu de plus en plus de difficultés à apporter de l’aide.
4. Alliances et mésalliances régionales
La situation s’est compliquée en raison des alliances et des mésententes régionales. L’Arménie avait initialement adopté une position qui reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, y compris celle du Haut-Karabakh. Cependant, cela a été perçu comme un abandon par les Arméniens du Haut-Karabakh.
La Russie, quant à elle, avait des relations complexes avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avec des bases militaires sur les frontières de ces pays. Cependant, depuis 2020, les relations entre la Russie et l’Arménie se sont détériorées.
L’Azerbaïdjan a établi des relations amicales avec la Russie et est devenu un acteur convoité en raison de sa position géostratégique et de ses ressources énergétiques.
L’Union européenne et d’autres acteurs internationaux ont également des intérêts en jeu, en particulier en ce qui concerne l’approvisionnement en gaz.
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La situation reste incertaine, avec des défis humanitaires et des questions en suspens concernant le sort de la population du Haut-Karabakh et l’avenir de la région. La capitulation du Haut-Karabakh sous la contrainte militaire signifie la fin de l’enclave séparatiste et son retour sous l’autorité de Bakou.