Cela fait aujourd’hui exactement trois mois depuis que le Niger a basculé dans l’instabilité politique, suite au coup d’État militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Le général Abdourahamane Tiani a pris la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) le 28 juillet.
Toutefois, l’intervention militaire a déclenché une réaction internationale négative, avec des appels répétés pour le retour à l’ordre constitutionnel, une demande que la junte militaire continue obstinément de rejeter. En conséquence, le Niger se trouve depuis début août sous le coup de sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), tandis que l’Europe et les États-Unis ont suspendu leur aide au pays.
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Une junte intransigeante et des signes de répression
Trois mois après le coup d’État, le Niger s’enfonce de plus en plus dans une crise aux conséquences alarmantes. La junte militaire durcit son attitude envers ceux qui osent contester son autorité. Le 19 octobre, elle a accusé Mohamed Bazoum, l’ancien président, d’une prétendue tentative d’évasion, sans fournir de preuves concrètes à l’appui de cette allégation. Plusieurs personnalités de l’ancien régime sont actuellement détenues, et les partis politiques sont en suspension. La journaliste Samira Sabou a également été détenue pendant huit jours au début du mois d’octobre, sous des accusations notamment liées à des liens avec une puissance étrangère.
Les défis économiques aggravent la crise au Niger
Le durcissement de la situation s’explique en partie par la détérioration de l’économie. Le nouveau gouvernement a été contraint de réduire le budget national de 40 %, soulevant des inquiétudes quant à la capacité du pays à payer les salaires des fonctionnaires à l’avenir. De nombreux projets, dont la construction du barrage de Kandadji, sont à l’arrêt. Le Niger fait également face à des difficultés d’approvisionnement, en raison du blocus imposé par la Cédéao.
« Avec la dégradation de la situation sécuritaire, ça devient de plus en plus compliqué d’escorter des camions, explique l’économiste Ibrahim Adamou Louché. Tout cela fait en sorte que ça commence à peser sur le stock de la population, analyse-t-il. Le stock local, les gens continuent à y puiser mais naturellement, il ne va pas durer éternellement. Et on sent de plus en plus que ça commence à devenir tendu. La pénurie s’installe de plus en plus dans de nombreux foyers. La situation se complique et les gens commencent véritablement à s’interroger sur les jours à venir ». À côté de cela, l’inflation, elle, ne cesse d’augmenter.
Pour faire face à cette situation, la junte tente d’importer des denrées alimentaires du Burkina Faso, mais la situation sécuritaire complique la tâche. Parallèlement, l’inflation est en constante augmentation. Afin de mobiliser des ressources, les autorités ont lancé un fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie. Cependant, ces mesures ne parviennent pas à résoudre les problèmes économiques du pays.
Appels à un dialogue avec la Cédéao
Confrontée à une situation de plus en plus préoccupante, la junte commence à solliciter la Cédéao pour la reprise des discussions. Le général Mohamed Boubacar Toumba, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, « Nous nous sommes là pour faire le dialogue, a assuré le ministre, avec l’organisation sous-régionale. Il a souligné l’importance de la lutte commune contre le terrorisme, en insistant sur le rôle clé du Niger en tant que verrou stratégique.
Cependant, la junte doit encore prouver sa sincérité dans ses efforts de retour à la table des négociations. La situation politique au Niger reste complexe, avec des acteurs internationaux et régionaux qui cherchent à influencer l’issue de cette crise. La stabilité du Niger est cruciale pour l’ensemble de la région sahélienne, et la résolution de cette crise reste un enjeu crucial pour l’Afrique de l’Ouest.