Blessé au début de la CAN, l’Ivoirien Simon Adingra est devenu la révélation de la CAN lors des phases finales, avec déjà son but salvateur contre le Mali en quarts, avant les deux passes décisives qui ont permis à la Côte d’Ivoire de renverser le Nigéria en finale. À l’issue de la compétition, le jeune ailier de Brighton obtient d’ailleurs le prix de meilleur jeune joueur du tournoi. Une belle histoire…qui avait pourtant très mal commencé.
Lire aussi : CAN 2023 : Le triomphe des Éléphants, une victoire politique pour Alassane Ouattara ?
Victime d’une arnaque au Bénin
L’attaquant ivoirien de Brighton en Angleterre a eu un parcours assez difficile avant de connaître la gloire aujourd’hui. ‘’Un jour, un coach est venu voir mes parents en disant qu’il connaissait une bonne académie au Bénin qui avait besoin de jeunes talents comme moi. Mon père, qui est depuis décédé, a toujours voulu que je devienne footballeur et a accepté que je parte. Il fallait payer une somme d’environ 300 euros à ce gars, et je suis parti au Bénin avec neuf autres jeunes ivoiriens. Sauf que ce gars était un escroc. Il avait tout inventé et est parti avec notre argent. Il n’y avait ni académie ni logement pour nous sur place’’, raconte-t-il.
Les conditions existentielles précaires de Simon Adingra ont toujours continué dans ce pays où il était livré à lui-même avec ses autres camarades. ‘’Sans l’aide de personne, nous n’avions même pas d’argent pour nous nourrir… Il y avait alors deux possibilités : soit retourner en Côte d’Ivoire, soit attendre et voir si une opportunité arrivait. Nous avons décidé de rester tous ensemble et de faire des petits boulots pour commencer à gagner de l’argent. Nous lavions par exemple des assiettes dans des restaurants en échange d’un peu d’argent et de repas’’, explique-t-il.
Heureusement, une main généreuse vient au secours du joueur ivoirien et commence une vie bien reluisante pour lui. « Un jour, nous nous promenions dans la rue et un type ayant fait ses études en Côte d’Ivoire a reconnu notre accent ivoirien. Il était étonné de retrouver une dizaine de jeunes ivoiriens au Bénin. Nous lui avons expliqué la situation, et il a été scandalisé par les conditions dans lesquelles nous vivions. Il a tout fait pour nous trouver une autre maison et a eu l’idée de créer une petite académie de football avec les neuf jeunes et moi », a-t-il confié.
Au fil du temps, d’autres joueurs ont intégré le centre et c’est devenu une réelle académie au Bénin. Un jour, il a vu sur Internet qu’un tournoi avait lieu à Accra, au Ghana, et nous sommes allés jouer là-bas. Je suis toujours en contact avec lui. Il est d’ailleurs venu me voir jouer lors d’Union-Zulte Waregem début février’’, a conclu Simon Adingra.
La très belle revanche de la pépite Simon Adingra
Il est l’un des facteurs X du sacre ivoirien. Dimanche, les Éléphants ont remporté la CAN à domicile en renversant le Nigéria (2-1), bien aidés par les deux passes décisives de Simon Adingra (22 ans). L’ailier ivoirien, qui a failli ne pas participer au tournoi en raison d’une blessure à l’ischio juste avant le début de la CAN, est l’une des grandes satisfactions de la Côte d’Ivoire sur la phase finale. Le sélectionneur Emerse Faé avait reconnu l’apport du virevoltant ailier de Brighton avant la finale. «L’absence de Haller et Adingra s’est fait ressentir pendant la phase de groupes. Depuis leur retour, ça bouge devant. Nous sommes heureux de leur apport.»
Il ne s’est pas trompé, vu que le premier nommé a marqué le but victorieux de la finale sur un centre du second. Cerise sur le gâteau pour Simon Adingra, il a été nommé meilleur jeune joueur de la compétition par la CAF. Une juste récompense pour lui, après son but libérateur contre le Mali en quart de finale et ses deux passes décisives délivrées hier en finale, le tout en cinq matchs disputés.
Ce sacre et cette récompense sonnent comme une belle revanche sur sa vie.