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L'ONU et le débat sur l'avenir des opérations de maintien de la paix

L’Assemblée générale annuelle des Nations Unies à New York, qui s’est ouverte ce 19 septembre, est un événement majeur de la diplomatie internationale. Cette 78e édition ne fait pas exception, et les discussions qui s’y tiennent révèlent un sujet épineux : le maintien de la paix dans un monde en proie à de multiples conflits. Les opérations de maintien de la paix de l’ONU, conçues pour aider les pays en crise à retrouver la stabilité, sont de plus en plus remises en question, tant par les acteurs étatiques que non-étatiques.

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Le défi du maintien de la paix dans un monde en mutation

Les opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU sont nées en 1948 avec le déploiement d’observateurs militaires au Moyen-Orient. Depuis lors, l’ONU a mené plus de 70 OMP à travers le monde, avec un objectif clair : créer les conditions pour le retour à la paix, maintenir la sécurité, faciliter le processus politique, protéger les civils, et contribuer au désarmement et à la réintégration des anciens combattants.

Pourtant, aujourd’hui, l’efficacité de ces opérations suscite des doutes. Des casques bleus se retirent de zones de conflits, comme au Sahel, et des interrogations subsistent quant à une éventuelle intervention en Haïti. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui-même admis en juillet dernier les « limites » des opérations de maintien de la paix dans un monde de plus en plus fragmenté et marqué par l’évolution des conflits. Il a appelé à une réflexion globale sur leur avenir, évoquant des modèles plus souples et des stratégies de sortie appropriées.

Le paradoxe de l’ONU : Faire la paix dans un monde en Guerre

L’ONU a été créée en 1945 pour promouvoir la paix, mais aujourd’hui, plus de cinquante conflits sévissent dans le monde, affectant plus de deux milliards de personnes. Alors que l’ONU est active sur des sujets tels que le climat et les migrations, sa performance en matière de maintien de la paix est critiquée.

On remet en question l’efficacité de ces opérations qui, après des années de présence dans certains pays, ne semblent pas toujours atteindre leurs objectifs. Elles ne répondent ni aux besoins de sécurité des populations locales ni aux intérêts des élites au pouvoir, qu’elles soient légitimes ou non. Certains experts comme Séverine Autesserre estiment que la construction de la paix requiert moins d’interventions internationales massives et davantage de renforcement du pouvoir des citoyens.

Diplomatie vs. intervention militaire : Un dilemme complex

General Assembly Seventy-first session, 88th plenary meeting Request for an advisory opinion of the International Court of Justice on the legal consequences of the separation of the Chagos Archipelago from Mauritius in 1965: draft resolution (A/71/L.73)

L’ONU, intrinsèquement, ne cherche pas à faire la guerre, même contre des groupes terroristes, même lorsque le Conseil de sécurité lui confie des mandats préventifs. Le secrétaire général Guterres privilégie la diplomatie, la politique, la prévention et la sensibilisation à la bonne gouvernance pour résoudre les conflits. Cependant, certains conflits persistants, alimentés par des facteurs nationaux, géopolitiques et transnationaux, ont mis en évidence les limites de cette approche.

De plus, les OMP ont un coût exorbitant, dépassant souvent le milliard de dollars par mission chaque année, pour des résultats parfois limités voire catastrophiques, comme dans l’ex-Yougoslavie, le Rwanda ou la Somalie. L’ONU admet désormais qu’elle n’est utile que lorsque la paix est déjà en place.

La question des casques bleus

Les casques bleus, représentant les Nations Unies sur le terrain, sont au cœur de ces opérations de maintien de la paix. Cependant, en près de soixante-dix ans d’OMP, près de 500 soldats des Nations unies ont perdu la vie. La majorité d’entre eux proviennent de pays du Sud, notamment d’Afrique et d’Asie, tandis que ce sont les pays riches membres du Conseil de sécurité qui décident des interventions.

Le cynisme pointe du doigt le fait que les casques bleus sont parfois plus motivés par l’argent que par le désir de maintenir la paix. Les primes financières liées au bon entretien du matériel militaire représentent souvent une part importante du budget de la défense nationale de leurs pays d’origine. De plus, ces soldats ne sont pas toujours formés pour maintenir la paix, ne connaissent pas toujours le terrain et ne parlent pas nécessairement la langue locale.

Une réforme nécessaire et des défis persistants

Malgré ces défis et critiques, l’ONU reste l’organisation internationale la plus légitime pour intervenir dans les conflits. La réforme des opérations de maintien de la paix est essentielle pour les adapter aux réalités changeantes du monde. Cela nécessite une réflexion approfondie sur les approches flexibles, les stratégies de sortie appropriées et une meilleure coordination entre les acteurs de l’ONU.

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En fin de compte, l’avenir des opérations de maintien de la paix de l’ONU dépendra de la volonté des États membres de soutenir ces réformes et de s’engager dans la résolution des conflits internationaux. Alors que le monde continue de faire face à de nombreux défis en matière de sécurité, il est impératif de garantir que l’ONU soit prête à remplir sa mission cruciale de maintien de la paix dans un monde en constante évolution.

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