Emmanuel Macron au Maroc : « Les liens vont se renforcer »
Lors de sa visite officielle au Maroc, le président français Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte et d’une importante délégation, a été accueilli en grande pompe à l’aéroport de Rabat-Salé. La poignée de main chaleureuse entre le président français et le roi Mohammed VI, ainsi que la présence du prince héritier Moulay Hassan et du prince Moulay Rachid, ont marqué le début d’une rencontre riche en symboles.
Dans une atmosphère solennelle, les dignitaires ont traversé les rues de Rabat sous une escorte royale, saluant la foule enthousiaste qui les acclamait, avant de se retrouver pour un tête-à-tête au palais royal. Cet accueil mémorable met en avant l’importance accordée à cette visite, que beaucoup qualifient d’historique pour les relations franco-marocaines.
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Des accords économiques majeurs en vue
Au cœur de cette visite se trouvent des accords économiques d’une ampleur inédite. Emmanuel Macron et Mohammed VI ont signé plusieurs contrats stratégiques, impliquant notamment le développement d’infrastructures ferroviaires avec la participation des géants français Alstom et Egis. Ces accords, dont le montant pourrait atteindre dix milliards d’euros, prévoient la réalisation d’un nouveau tronçon de la ligne à grande vitesse reliant Tanger à Marrakech, ainsi que la fourniture de nouvelles rames de TGV par Alstom.
En parallèle, des leaders de grands groupes français tels qu’Engie, Safran, et TotalEnergies ont également fait le déplacement pour explorer de nouvelles opportunités de coopération dans le secteur énergétique, de l’aéronautique, et de la gestion de l’eau. Avec ces partenariats stratégiques, le Maroc entend accélérer son développement dans des secteurs clés, tout en renforçant ses liens avec la France, l’un de ses plus proches alliés en Europe.
Une relation franco-marocaine au-delà de l’économie
Cette visite est également marquée par une dimension culturelle forte, avec la présence d’écrivains, artistes, et intellectuels des deux pays. Le monde culturel franco-marocain, représenté par des figures comme Tahar Benjelloun, Leïla Slimani, et l’humoriste Djamel Debbouze, participe à ce renforcement des liens. La France et le Maroc, partageant une histoire commune, cherchent ainsi à promouvoir un dialogue interculturel fort et à encourager la création artistique, qui joue un rôle clé dans la diplomatie des deux nations.
Des enjeux sociaux ont aussi été abordés, notamment la question de l’immigration, souvent perçue comme un sujet sensible en France. La présence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de celui de l’Économie, Antoine Armand, montre l’importance de ces discussions dans l’agenda bilatéral. Malgré des divergences, les deux pays semblent déterminés à maintenir un dialogue ouvert et constructif pour traiter ces problématiques.
Un avenir ambitieux pour une coopération renforcée
À travers cette visite, Emmanuel Macron et Mohammed VI réaffirment leur volonté de « refonder et projeter » la relation franco-marocaine dans les décennies à venir, comme l’a souligné Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française. Avec une vision ambitieuse, les deux dirigeants souhaitent placer la barre haut, notamment dans les secteurs économiques, culturels et sociaux. Alors que des questions épineuses, comme l’immigration, demeurent, l’engagement à les aborder ensemble témoigne de la solidité des liens qui unissent les deux pays.
Les deux dirigeants entendent à cette occasion tirer un trait sur une série de contentieux allant des soupçons d’écoutes téléphoniques du président Macron par le renseignement marocain à la diminution par deux du nombre de visas accordés par la France aux Marocains en 2021-2022 pour pousser Rabat à reprendre ses ressortissants en situation irrégulière.
Des contrats et un dialogue sur l’immigration
Rabat espère désormais que ce réalignement de la position française va se traduire par des investissements sonnants et trébuchants dans ce territoire aux énormes ressources halieutiques, solaires, éoliennes ainsi qu’en phosphates.
La visite du président français pourrait aussi se traduire par une pluie de contrats, même si les deux parties sont restées très discrètes jusqu’à la dernière minute sur les négociations en cours.
Airbus Helicopters pourrait ainsi vendre 12 à 18 Caracal aux Forces armées marocaines à l’occasion de la visite, selon des sources concordantes.
Sur le volet immigration, le nouveau ministre français de l’Intérieur, très offensif, veut contraindre le Maroc à reprendre ses ressortissants arrêtés en situation irrégulière. Mais après la crise des visas de 2021-2022, le gouvernement français promet d’avancer dans un esprit de dialogue. « Il faut tirer les leçons des erreurs du passé » et aborder la question « dans le cadre d’un partenariat global », insiste le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.