Le gouvernement malien a décidé, dimanche 4 août, de la « rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine », a déclaré son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes et d’accusations graves entre les deux nations.
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Propos subversifs et accusations de soutien au terrorisme
Le gouvernement du Mali « a pris connaissance, avec une profonde stupeur, des propos subversifs par lesquels Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare de groupes armés terroristes ayant entraîné la mort d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes », dénonce Abdoulaye Maïga dans le communiqué.
« Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes, a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails », avait affirmé, lundi 30 juillet, Andriy Yusov à la télévision ukrainienne. Une vidéo qu’avait relayé l’ambassadeur ukrainien au Sénégal.
Le gouvernement malien juge que ces actes « violent la souveraineté du Mali, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, et constituent un soutien au terrorisme international ». Il va saisir les autorités judiciaires compétentes et prendre les « mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali à partir d’États africains, notamment à partir d’ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région, avec des terroristes déguisés en diplomates », a poursuivi le colonel Abdoulaye Maïga.
Réactions internationales et soutien russe
De leur côté, les nouvelles autorités sénégalaises avaient indiqué avoir convoqué, samedi, l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar pour avoir publié une vidéo de soutien aux récentes attaques meurtrières contre l’armée malienne et ses alliés russes. « Constant dans sa position de neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien, le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit », avait déclaré le ministère sénégalais des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réaffirmé cette semaine son soutien à Bamako, lors d’un appel téléphonique avec son homologue malien Abdoulaye Diop. Ce soutien russe s’inscrit dans une relation de plus en plus étroite entre le Mali et la Russie, alors que Bamako s’éloigne de ses anciens partenaires européens.
Contexte et implications de la rupture entre le Mali et l’Ukraine
Selon la junte au pouvoir, Kiev est impliqué dans une lourde défaite de l’armée malienne et du groupe Wagner, fin juillet, dans des combats contre des séparatistes et des jihadistes dans le nord du pays. Cette accusation a été renforcée par la diffusion de la vidéo soutenant les attaques contre les forces maliennes.
La junte au Mali dirigée par le colonel Assimi Goïta a depuis 2022 multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Cette rupture avec l’Ukraine marque un nouvel épisode dans la reconfiguration géopolitique de la région.
La décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Ukraine témoigne des tensions croissantes et de la complexité des alliances et des rivalités internationales dans le contexte du conflit russo-ukrainien et de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le Mali, en s’alignant plus étroitement avec la Russie, envoie un signal fort sur ses nouvelles orientations stratégiques et ses priorités en matière de sécurité et de souveraineté.