L’affaire de Marcellus Williams a suscité de vifs débats aux États-Unis et à travers le monde. Condamné pour le meurtre de Felicia Gayle en 1998, Williams a été exécuté après avoir passé plus de vingt ans dans le couloir de la mort. Toutefois, jusqu’à son dernier souffle, il a clamé son innocence, un doute que partagent de nombreuses personnes et organisations, y compris des figures influentes comme Richard Branson. L’exécution de Marcellus Williams soulève des questions cruciales sur l’équité du système judiciaire américain et sur le recours à la peine de mort en cas de doute.
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Un procès controversé et des preuves ADN discutées
L’affaire Marcellus Williams a été marquée par de nombreuses controverses, notamment concernant le traitement des preuves ADN. Williams a été reconnu coupable du meurtre de Felicia Gayle, poignardée à 43 reprises dans sa maison. Cependant, ses avocats ont constamment soutenu que les preuves médico-légales ne permettaient pas de lier leur client au crime. En 2015, l’exécution de Williams avait été suspendue après la découverte d’ADN masculin sur l’arme du crime, ne correspondant pas à celui de Williams. Malgré cette découverte, la justice a rejeté ses demandes de révision du procès, citant que l’ADN pourrait provenir d’une contamination.
De plus, les avocats de Williams ont mis en lumière des erreurs dans la manipulation des preuves. Le couteau utilisé pour poignarder Mme Gayle aurait été touché sans gants par un membre du bureau du procureur, altérant potentiellement les résultats ADN. Ce manquement aux procédures standard soulève d’importants doutes quant à l’intégrité des preuves utilisées pour condamner Williams à la peine de mort.
Une affaire teintée de discrimination raciale ?
Un autre aspect majeur de cette affaire réside dans les accusations de discrimination raciale lors du procès de Marcellus Williams. Les avocats du condamné ont affirmé que des jurés noirs avaient été injustement exclus de la sélection, ce qui a probablement influencé le verdict final. Aux États-Unis, la question de la composition des jurys est essentielle dans de nombreux procès, en particulier dans des affaires aussi graves que celles impliquant la peine de mort. Le fait que cette affaire ait eu lieu dans un contexte où des erreurs de sélection de jurés ont été signalées renforce les préoccupations concernant l’équité du procès.
M. Williams avait demandé la clémence du gouverneur républicain du Missouri, Mike Parson, qui la lui a refusée. « Nous espérons que cette décision mettra un point final à une affaire qui a traîné pendant des décennies, victimisant à nouveau la famille de Mme Gayle », a déclaré M. Parson dans un communiqué.
De plus, certains observateurs notent que cette exclusion des jurés noirs pourrait refléter un biais racial dans le traitement des affaires criminelles, où les accusés issus de minorités sont souvent plus susceptibles d’être condamnés à mort. Ce biais systémique a été dénoncé à plusieurs reprises par des organisations de défense des droits civiques, qui soulignent que la justice américaine est loin d’être exempte de préjugés raciaux.
Une campagne de soutien internationale, mais sans effet
Malgré ces nombreuses zones d’ombre, la justice américaine a maintenu son verdict et rejeté les appels de Williams. Des personnalités influentes, comme Richard Branson, ont pourtant pris position contre son exécution, estimant que l’innocence de Marcellus Williams n’avait jamais été sérieusement mise en doute. Branson a appelé à une révision complète de l’affaire, arguant que Marcellus Williams était probablement victime d’une erreur judiciaire. De plus, la famille de la victime elle-même s’était prononcée en faveur d’une condamnation à perpétuité plutôt que de la peine de mort.
En dépit de ces interventions et de deux sursis obtenus en 2015 et 2017, Williams a finalement été exécuté en 2024. Son cas met en lumière les défaillances potentielles du système judiciaire, en particulier lorsqu’il s’agit de peines capitales. L’affaire Marcellus Williams continuera probablement de nourrir le débat autour de la peine de mort et de la justice raciale aux États-Unis, tandis que de nombreux activistes appellent à une réforme en profondeur du système judiciaire.
Le gouverneur Mike Parson a ainsi annoncé mardi qu’il n’accorderait ni sursis ni commutation de peine à Marcellus Williams. Le milliardaire britannique, Richard Branson, qui avait acheté lundi une pleine page dans le journal Kansas City Star pour exhorter la population à faire pression sur leur gouverneur, a déploré sur X « un jour honteux pour le Missouri ».
Sa dernière déclaration : « Louange à Allah en toute situation ».
Marcellus Khalifah Williams « a quitté ce monde en paix »
« Bien que nous soyons dévastés et incrédules face à ce que l’État a fait à un homme innocent, nous sommes réconfortés par le fait qu’il a quitté ce monde en paix »
C’est par ces mots que s’est exprimé, peu après l’exécution, Larry Komp, l’un des avocats à la défense. Marcellus « Khaliifah » Williams, 55 ans, a été tué par injection létale, mettant fin à une bataille juridique qui a suscité une vague d’indignation généralisée.
L’exécution de Marcellus Williams demeure une affaire complexe et controversée. Avec des preuves ADN contestées, des accusations de discrimination raciale et une campagne de soutien internationale, cette affaire soulève des questions troublantes quant à l’équité du système judiciaire américain.