Marine Le Pen désavoue un journaliste d’extrême droite après un tweet raciste

Jordan Florentin, journaliste du média Frontières, a relayé une fausse rumeur sur l’identité du meurtrier de la petite Louise, 11 ans, et s’en est pris à la sœur de la victime. Face au scandale, Marine Le Pen a condamné ses propos, prenant ses distances avec un propagandiste pourtant proche du RN.
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Un tweet incendiaire qui provoque une onde de choc
Dans les heures qui ont suivi l’annonce du meurtre de Louise, Jordan Florentin a publié un tweet particulièrement virulent. Il y affirmait, sans preuve ni source fiable, que la fillette avait été tuée « par un homme de type nord-africain ». Il accompagnait son message de captures d’écran de la sœur de la victime, dont il pointait les positions « anti-RN », laissant entendre une sorte de « leçon » politique tragique.
Le tweet a rapidement circulé, provoquant une réaction immédiate sur les réseaux sociaux. L’émotion suscitée par le meurtre a amplifié le choc provoqué par ces propos. Beaucoup ont dénoncé une instrumentalisation cynique du drame et une tentative de récupération idéologique, tandis que d’autres, même dans les cercles nationalistes, ont jugé la sortie de Florentin inacceptable.
Un silence gêné dans le camp nationaliste
Si certains militants d’extrême droite ont tenté de minimiser l’affaire, la polémique a pris une ampleur telle qu’un désaveu est devenu inévitable. Les accusations lancées par Florentin s’inscrivaient dans une logique de désinformation déjà critiquée dans le passé, mais cette fois, la réaction a été plus tranchante.
Des figures publiques et des observateurs de divers bords ont relevé l’absence totale de preuve étayant les allégations du journaliste. Dans le même temps, plusieurs voix, y compris parmi les partisans du Rassemblement National, ont estimé que le message allait trop loin. L’exposition publique de la sœur de la victime, alors en deuil, a été jugée indécente et a renforcé l’indignation générale.
Marine Le Pen lâche un de ses propagandistes
Face au tollé, Marine Le Pen est sortie du silence. Elle a condamné fermement les propos du journaliste, qualifiant son tweet d’ »ignoble » et dénonçant une démarche relevant davantage du fanatisme que du journalisme. Dans une déclaration sans ambiguïté, elle a mis en garde contre « ces gens qui ont en fait leur propre agenda, sont fondamentalement extrémistes et se mettent dans notre roue parce qu’on fait 40 % ».

Ce recadrage, bien que brutal, n’est pas anodin. Depuis plusieurs années, Marine Le Pen cherche à dédiaboliser son parti pour le rendre plus « présentable » sur la scène politique. Or, les dérapages de certains militants ou sympathisants trop zélés nuisent à cette stratégie. En condamnant publiquement Florentin, elle tente de prendre ses distances avec des franges plus radicales qui, bien qu’utiles pour mobiliser une base militante, peuvent devenir un poids lorsque leur excès éclate au grand jour.
Un mea culpa sous pression
Deux jours après la polémique, Jordan Florentin a publié un communiqué dans lequel il a présenté des excuses. Mais loin d’admettre une faute réelle, il a préféré rejeter une partie de la responsabilité sur « l’extrême gauche », arguant que ses propos avaient été détournés et exploités contre lui.

Cette tentative de rétropédalage maladroite n’a convaincu ni ses détracteurs, ni ceux qui, dans son propre camp, avaient déjà pris leurs distances. Certains y ont vu une manœuvre désespérée pour sauver la face après un faux pas majeur, tandis que d’autres ont dénoncé son incapacité à reconnaître la gravité de son geste.
Un scandale qui révèle des fractures internes
L’affaire dépasse largement le simple cas de Jordan Florentin. Elle met en évidence les tensions internes qui agitent l’extrême droite, entre une ligne « officielle » portée par Marine Le Pen, soucieuse de respectabilité, et des franges plus radicales qui, à force de provocation, finissent par devenir embarrassantes.

Ce n’est pas la première fois que des figures proches de cette mouvance sont désavouées après des excès. L’enjeu pour le RN est de ne pas perdre le contrôle de sa communication, alors que la montée en puissance d’influenceurs et de médias ultra-politisés vient brouiller son message officiel. En condamnant Florentin, Le Pen tente de poser une ligne rouge. Mais la tâche s’avère délicate : une partie de sa base militante, friande de discours plus tranchés, pourrait voir ce désaveu comme une concession à ses adversaires.
Le poison de la désinformation
Au-delà du cas Florentin, cet épisode illustre une tendance plus large : l’exploitation politique des faits divers et la propagation de fausses informations à des fins idéologiques. Dans un climat déjà polarisé, de tels écarts alimentent la défiance envers les médias traditionnels et nourrissent les bulles de désinformation, où chacun choisit de croire ce qui conforte ses convictions.
Les réactions massives sur les réseaux sociaux, y compris parmi les sympathisants du RN, montrent qu’il existe une limite à ce que même l’extrême droite peut tolérer en matière de manipulation et d’instrumentalisation. Si certains continuent de défendre Florentin, son discrédit est désormais acté. Et pour Marine Le Pen, l’épisode rappelle qu’à force de jouer avec le feu de la radicalité, certains finissent par se brûler.