Niger : Retrait des troupes françaises. Capitulation de la CEDEAO et de la France ?
Après une période de tensions avec le régime militaire du Niger issu du coup d’État du 26 juillet contre le président Mohamed Bazoum, la France s’apprête à commencer le redéploiement de ses forces militaire. Ce désengagement avait été annoncé par le président français Emmanuel Macron le 24 septembre dernier. Selon l’état-major des armées, l’opération de retrait des troupes françaises sera lancée « dans la semaine ». Le coup d’État au Niger a aussi mis en lumière la réaction de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et suscité des interrogations quant à sa fermeté face aux putschistes.
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Une menace d’intervention armée
La Cédéao a initialement adopté une posture ferme en menaçant d’une intervention armée si le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, n’était pas restitué au pouvoir. Cette déclaration a été perçue comme un moyen de pression sur les militaires.
- Abdelmadjid Tebboune / Réaction du président algérien sur l’intervention de la Cedeao au niger
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait rappelé la situation de la Libye et de la Syrie pour mettre en garde contre une éventuelle intervention militaire de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Niger. Dans le contexte de la crise au Niger, la CEDEAO avait fixé un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour réinstaller le président déchu, Mohamed Bazoum, au pouvoir. Cependant, l’ultimatum était arrivé à expiration sans qu’aucune intervention militaire ne semblait se profiler.
La référence à la Libye et à la Syrie évoquait deux exemples d’interventions militaires étrangères dans des pays en crise, qui avaient eu des conséquences complexes et prolongées. La Libye avait connu une intervention militaire de l’OTAN en 2011 pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi, mais cela avait laissé le pays dans un état de chaos et de fragmentation avec des conflits persistants. La Syrie avait également été le théâtre d’un conflit complexe depuis 2011, avec des interventions multiples et des répercussions humanitaires massives.
Le président Tebboune semblait avertir que l’intervention militaire pouvait avoir des conséquences imprévisibles et prolongées, et il exprimait probablement des préoccupations quant à la possibilité que le Niger suive un chemin similaire en cas d’intervention de la CEDEAO.
- Un ultimatum non respecté
Malgré la mise en place d’un ultimatum, les putschistes ont ignoré les demandes de la Cédéao et ont maintenu leur emprise sur le Niger. Cela a mis en évidence la question de savoir si la Cédéao était prête à passer à l’action.
Intimidation de la CEDEAO par le Burkina Faso et le Mali ?
La réaction du Burkina Faso et du Mali face à la menace d’intervention militaire au Niger a mis en lumière une forme d’intimidation envers la CEDEAO. Ces deux pays, soutenant le chef de la junte Abdourahamane Tchiani, ont clairement exprimé leur position selon laquelle toute intervention militaire serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre. Cette déclaration forte a été perçue comme un moyen de décourager la CEDEAO d’entreprendre une action militaire au Niger. Les dirigeants du Burkina Faso et du Mali ont ainsi cherché à défendre les intérêts de leur voisin nigérien en usant de la rhétorique de la guerre, mettant ainsi la pression sur l’organisation régionale pour qu’elle renonce à son plan d’intervention.
Les Spéculations autour de l’implication de la Russie
Au-delà de la déclaration commune du Burkina Faso et du Mali, certaines spéculations ont suggéré l’implication de la Russie, un géant mondial, réputé pour sa puissance militaire et nucléaire. Il a été avancé que derrière l’union entre le Mali et le Burkina Faso se cachait potentiellement un soutien russe. Cependant, il est important de noter que ces spéculations étaient basées sur des hypothèses non confirmées.
La Russie a poursuivi une politique de renforcement de ses relations avec certains pays africains, mais la nature et l’étendue de son rôle dans cette situation particulière restent incertaines. Ces spéculations ont suscité des interrogations sur l’influence géopolitique en Afrique, mais des preuves tangibles concernant l’implication russe dans cet incident spécifique étaient absentes.
En fin de compte, cette situation a illustré les complexités des relations internationales et des équilibres de pouvoir, tout en mettant en lumière la tension entre les intérêts régionaux et les acteurs mondiaux.
France : Que retenir du retrait des troupes françaises du Niger ?
- Un redéploiement majeur de troupes françaises
Ce troisième redéploiement concerne environ 1500 soldats français, dont 1000 sont stationnés sur la base aérienne française de Niamey, et 400 à Ouallam et Ayorou dans le nord-ouest du Niger. Il s’agit d’un mouvement significatif qui s’inscrit dans le contexte plus large de la présence militaire française en Afrique, notamment dans le Sahel.
- Une opération planifiée en coordination avec les autorités nigériennes
L’état-major des armées française a affirmé que le retrait des troupes se déroulera « en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les Nigériens ». Cette coordination est essentielle pour garantir la stabilité de la région et maintenir les relations diplomatiques entre la France et le Niger. La sécurité des troupes françaises pendant leur retrait sera une priorité majeure.
- Un départ aux conséquences régionales
Le départ des troupes françaises du Niger aura des conséquences régionales importantes, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes actifs au Sahel. La France a joué un rôle central dans la formation et la coordination des forces de sécurité régionales pour lutter contre ces groupes. Le redéploiement de ces troupes nécessitera une révision de la stratégie de sécurité dans la région et un renforcement potentiel de la coopération avec d’autres acteurs internationaux.
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L’absence d’intervention de la CEDEAO et le retrait des forces françaises au Niger ont suscité de nombreuses interrogations, remettant en question la crédibilité de la CEDEAO et la capacité de la France à maintenir sa présence dans la région. Cette situation a renforcé la position dominante de la junte au Niger, qui jusqu’à présent n’a pas été confrontée à des pressions significatives et continue de gouverner le pays.
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