Oscars 2025 : Comment « Anora » a-t-il bouleversé les codes d’Hollywood et défié le système ?

La 97e cérémonie des Oscars, tenue dans la nuit du 2 au 3 mars 2025 à Los Angeles, a consacré Anora, le dernier film du réalisateur américain Sean Baker. Avec cinq statuettes remportées, dont celle du meilleur film, cette production indépendante a réussi un exploit historique, confirmant le talent et l’audace d’un cinéaste attaché à l’expérience du cinéma en salles. Face à l’essor des plateformes de streaming, ce triomphe marque une véritable résistance du cinéma indépendant face aux mastodontes du numérique.
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Un raz-de-marée pour Anora aux Oscars 2025
Déjà auréolé de la Palme d’or au Festival de Cannes 2024, Anora s’est imposé comme le grand vainqueur des Oscars 2025 en raflant cinq prix majeurs : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario original, meilleur montage et meilleure actrice pour Mikey Madison. Jamais un cinéaste n’avait remporté autant de statuettes pour un seul film depuis la création de la cérémonie en 1929.

L’interprétation de Mikey Madison, une révélation du film, a su captiver le public et les critiques, lui permettant de s’imposer face à des actrices confirmées comme Demi Moore. Son rôle poignant d’une stripteaseuse tentant de s’extraire d’un destin difficile a touché en plein cœur le jury. Lors de son discours de remerciement, Sean Baker a réitéré son attachement à l’expérience collective du cinéma en salles : « Où tombons-nous amoureux des films ? Au cinéma. Voir un film ensemble, c’est ressentir ensemble, réfléchir ensemble. C’est pour ça que je me bats. »
Sean Baker, un résistant face au streaming
Fervent défenseur du cinéma indépendant, Sean Baker n’a jamais cédé aux sirènes des plateformes de streaming. Avec Anora, il poursuit son exploration des laissés-pour-compte du rêve américain, comme il l’avait fait avec Tangerine, The Florida Project et Red Rocket. Ce réalisateur autodidacte filme avec un regard brut, précis, et dote ses personnages d’une humanité bouleversante.

Son combat contre les plateformes ne date pas d’hier. Lors de la sortie d’Anora en France, il déclarait déjà : « Je respecte ceux qui choisissent le streaming, mais mon combat est ailleurs. Le cinéma, c’est l’expérience collective, c’est être plongé dans un univers sans distraction. Je suis prêt à faire des sacrifices pour que cette vision perdure. » Avec un budget modeste de 6 millions de dollars, Anora prouve que le cinéma d’auteur peut encore rivaliser avec les blockbusters hollywoodiens. Son succès en salles en France, avec près de 600 000 spectateurs, en est une preuve tangible.
Une cérémonie placée sous le signe de l’indépendance
Outre Anora, d’autres films issus du cinéma indépendant ont été récompensés lors de cette première cérémonie des Oscars sous la nouvelle présidence Trump.
- The Brutalist de Brady Corbet, produit par A24, a également brillé avec trois Oscars, dont meilleur acteur pour Adrien Brody.
- Emilia Perez de Jacques Audiard, bien qu’acclamé, a dû se contenter de deux prix (meilleure actrice dans un second rôle pour Zoe Saldaña et meilleure chanson originale).
- Flow, film d’animation français, a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation.
Le grand perdant de la soirée reste Un Parfait Inconnu, qui repart bredouille malgré les espoirs placés en Timothée Chalamet.

La cérémonie, présentée par Conan O’Brien, a su mêler humour et réflexion sur le futur du cinéma traditionnel face au streaming. Cependant, contrairement aux années précédentes, les performances des chansons nommées n’ont pas eu lieu, une décision qui a déçu une partie du public. Avec ce triomphe historique, Anora et Sean Baker inscrivent leur nom dans l’histoire des Oscars, rappelant que le cinéma indépendant a encore toute sa place à Hollywood.