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Patrick Matasi accusé de trucage : la défaite du Kenya contre le Cameroun sous surveillance

La Fédération kényane de football (FKF) a suspendu Patrick Matasi, gardien de l’équipe nationale, dans le cadre d’une enquête pour manipulation présumée d’un match des éliminatoires de la CAN 2025. La rencontre incriminée ? La défaite 4-1 du Kenya face au Cameroun en octobre 2023, dont des images et témoignages relancent les soupçons.

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Une performance troublante

Le 12 octobre 2023, les Harambee Stars s’inclinent lourdement à Yaoundé. Deux actions impliquant Matasi, 37 ans, attirent l’attention. Sur le deuxième but camerounais, une frappe de Martin Hongla rebondit sur ses gants avant de finir au fond des filets. Plus tard, son retard à sortir permet à Christian Bassogog de marquer le quatrième but. Des erreurs jugées « inhabituelles » par des observateurs, d’autant qu’une vidéo amateur circule depuis février 2025 : on y voit Matasi discuter avec un homme évoquant un « plan » et des transferts d’argent.

La FKF, alertée, a saisi la FIFA et la CAF. « Toute personne disposant d’informations doit se manifester », indique le communiqué, précisant que les droits du joueur seront respectés. Matasi, absent des derniers matches qualificatifs pour le Mondial 2026, n’a pas commenté.

Une défaite aux conséquences lourdes

Ce match avait scellé le destin d’Engin Firat, alors sélectionneur. Le technicien turc avait claqué la porte après cette humiliation, qualifiant la performance d’« inexpliquée ». Le Kenya, bon dernier de son groupe, est éliminé de la course à la CAN 2025.

Les doutes sur Matasi ne datent pas d’hier. En janvier 2023, la FKF suspendait 14 joueurs et deux entraîneurs pour tricherie dans le championnat local. En 2020, la FIFA bannissait trois Kényans — dont un à vie — pour matches truqués. Un an plus tard, cinq arbitres subissaient le même sort.

Un système gangréné ?

L’Institut kényan de recherche et d’analyse des politiques publiques alerte depuis des années sur l’infiltration des parrains de matchs à tous les échelons. « Des ligues régionales aux rencontres internationales, les réseaux opèrent en toute impunité », souligne un rapport de 2024.

Le cas Matasi interroge aussi sur les pressions subies par les joueurs. Selon Marca, le gardien aurait reçu un appel anonyme avant le match, lui demandant de « coopérer ». Un schéma classique dans les affaires de trucage, où menaces et promesses financières visent souvent des athlètes sous-payés.

Procédures et silence

La FKF assure collaborer avec les instances internationales, mais reste évasive sur les détails. Contactée par AFP, la FIFA confirme « suivre la situation », sans plus de précisions. La CAF, elle, renvoie vers son protocole anti-triche, qui prévoit des suspensions à vie pour les coupables.

Du côté des supporters kényans, l’amertume domine. « Matasi était un héros lors des qualifications pour la CAN 2019. Le voir suspecté, c’est un choc », lâche Jared Otieno, fondateur d’un groupe de fans à Nairobi. Sur les réseaux sociaux, les débats oscillent entre défense du joueur et appels à nettoyer le football local.

Quelles preuves contre Patrick Matasi ?

La vidéo en question, filmée discrètement dans un hôtel de Nairobi, montre Matasi écoutant un interlocuteur hors champ. Les échanges, en swahili, évoquent des « arrangements » pour un match, sans mention explicite de la rencontre contre le Cameroun. Les experts restent prudents. « Une vidéo ne suffit pas. Il faut des preuves matérielles : transactions bancaires, témoignages corroborants », explique Michael Wainaina, ancien enquêteur de la FIFA.

La FKF a mis en place une cellule de signalement (integrity@footballkenya.org), promettant confidentialité aux lanceurs d’alerte. Peu de doutes : l’affaire pourrait s’étendre. En 2022, une enquête similaire en Zambie avait révélé un réseau impliquant joueurs, arbitres et dirigeants.

Football kényan : entre espoirs et scandales


Si l’enquête confirme les suspicions, Matasi risquerait une suspension de plusieurs années, voire la fin de sa carrière. Pour le Kenya, déjà suspendu par la FIFA en 2022 pour ingérence gouvernementale, c’est l’occasion de montrer sa détermination à combattre la corruption.

Mais le mal est profond. En mars 2025, un match de troisième division a été annulé pour « irrégularités ». Preuve que le système reste vulnérable. Comme le résume un coach anonyme : « Certains jeunes préfèrent truquer pour survivre. Le football ne les nourrit pas. »

L’histoire jugera si Matasi est un coupable ou un bouc émissaire. En attendant, le gardien reste suspendu, et le Kenya retient son souffle.

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