Pierre Chevalier, figure reconnaissable des publicités « Monsieur Propre » dans les années 1980, est mort le 31 mars à l’âge de 84 ans. Ancien boxeur, garde du corps et personnalité aux multiples vies, il laisse derrière lui une trajectoire marquée par la célébrité, les défis et un héritage pop culture.
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Une carrure qui a façonné un destin
Né en mai 1940 à Golbey, dans les Vosges, Pierre Chevalier grandit dans une famille modeste de cheminots. Avec ses 1,88 m et 120 kg, son physique impressionnant le dirige naturellement vers les sports de combat. Dans les années 1960, il devient champion de France de boxe, un titre qui ouvre les portes de Paris. Là-bas, il travaille comme portier au Gibus Club, célèbre boîte de nuit fréquentée par des stars, et assure la sécurité de personnalités comme le général de Gaulle, le chanteur Enrico Macias ou même James Brown. « C’était les belles années ! », confiait-il en 2012 au magazine Public.
Du ring aux écrans : la naissance d’un symbole
En 1982, un producteur repère Pierre Chevalier dans sa salle de musculation, qu’il gère alors dans la capitale. On lui propose d’incarner « Monsieur Propre », le personnage musclé et souriant des produits ménagers. Il accepte en une journée, à une condition : que sa femme puisse l’accompagner sur les tournages. Pendant quatre ans, de 1983 à 1986, il parcourt la France pour promouvoir la marque, apparaît dans des spots télévisés et devient un visage familier. « Partout où je vais, je suis Monsieur Propre ! Tout le monde me reconnaît », racontait-il en 2014.
Si le cachet lui permet d’ouvrir plusieurs salles de sport, il reconnaîtra plus tard avoir commis une erreur : renoncer à ses droits d’auteur. « C’est la plus grosse bêtise de ma vie », avouait-il, évoquant des années de vie modeste malgré la notoriété.
Une vie loin des projecteurs
Derrière l’image du colosse bienveillant se cache un parcours moins lisse. Dans les années 1970, il tente une brève carrière d’acteur, jouant dans deux films, et devient porteur de mannequins pour des défilés. Il partage aussi une relation de deux ans avec Catherine Ringer, chanteuse du groupe Rita Mitsouko. Mais les aléas de la vie le rattrapent : en 2003, il se retrouve menacé d’expulsion du camping de l’Essonne où il vit avec sa femme, sa caravane jugée insalubre. Une émission de TF1, Sans aucun doute, lui permet alors de retrouver une fille dont il était séparé depuis 1969, et de découvrir qu’il est grand-père de quatre petits-enfants.
L’après-Monsieur Propre : entre reconnaissance et anonymat
Après l’arrêt des publicités, Pierre Chevalier s’installe dans un appartement de 30 m² en banlieue parisienne. Malgré des difficultés financières, il garde un lien fort avec son personnage. En 2019, il déclarait au journal Vosges Matin : « Quand je partirai, il y aura du monde derrière mes fesses. » Prophétique : des centaines d’internautes lui ont déjà rendu hommage en ligne, se souvenant de son sourire et de son charisme.
Un héritage au-delà des produits ménagers
Si « Monsieur Propre » reste ancré dans la mémoire collective, la vie de Pierre Chevalier dépasse ce rôle. Ancien boxeur, il incarne une époque où les figures publicitaires devenaient des icônes sans réseaux sociaux ni viralité. Son parcours reflète aussi les revers de la célébrité éphémère, où succès et précarité coexistent.
Dernier acte
Pierre Chevalier s’est éteint à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, entouré de sa famille. Ses proches peuvent recevoir les hommages sur la plateforme Libra Memoria. Loin des flacons de nettoyage et des caméras, son histoire rappelle que derrière chaque symbole se cache un homme, avec ses forces, ses failles et une humanité qui lui survit.