L’attribution des prestigieux prix Nobel est un moment très attendu chaque année, mais certains lauréats ont choisi de refuser cette distinction pour des raisons personnelles ou politiques. Parmi eux, trois scientifiques allemands ont été contraints de temporiser leur acceptation en raison de l’opposition du régime nazi. Voici un aperçu de ces personnalités qui ont pris la décision de ne pas recevoir le Nobel.
- Le Duc Tho : Une Paix Incomplète
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En 1973, le prix Nobel de la paix est décerné conjointement à l’Américain Henry Kissinger, secrétaire d’État à la Défense nationale, et au diplomate vietnamien Le Duc Tho. Ils sont récompensés pour leur rôle dans les accords de paix de Paris, qui visaient à mettre fin à la guerre du Vietnam. Cependant, Le Duc Tho refuse le prix, arguant que la paix n’est pas réellement établie. Les combats et les violations des accords de Paris se poursuivent après la signature, justifiant sa décision.
- Jean-Paul Sartre : L’Écrivain de l’Indépendance
En 1964, l’écrivain français Jean-Paul Sartre est annoncé comme lauréat du prix Nobel de littérature. Pourtant, avant même d’être honoré, il écrit à l’Académie des Nobel pour décliner la distinction. Sartre est connu pour son intransigeance et son engagement politique dans des courants d’extrême gauche. Il estime que recevoir le prix Nobel de littérature l’aurait transformé en une « institution » et l’aurait éloigné de son travail d’écrivain. Il refuse donc d’accepter cette reconnaissance honorifique.
- Boris Pasternak : Une Distinction Non Méritée
En 1958, l’écrivain russe Boris Pasternak se voit attribuer le prix Nobel de littérature pour son roman « Le Docteur Jivago. » Cependant, il refuse la distinction quelques jours plus tard. Né en Russie tsariste et témoin de la révolution russe, Pasternak avait déjà eu des démêlés avec les autorités soviétiques en raison de son œuvre jugée non conforme à l’idéologie socialiste. Face à la campagne de dénigrement lancée contre lui, il est contraint de décliner le Nobel, qu’il considère comme une « distinction non méritée. »
- Trois Nobel Rejetés par l’Allemagne Nazie
Dans les années 1930, trois scientifiques allemands sont distingués par les prix Nobel, mais aucun d’entre eux ne peut accepter immédiatement sa récompense en raison de la politique du régime nazi. En 1936, le pacifiste allemand Carl Von Ossietzky avait été récompensé du Nobel de la Paix, ce qui avait provoqué la colère des autorités nazies.
Les citoyens allemands, dont certains lauréats, ont été sommés de refuser ce type de distinction. Certains chercheurs, comme le chimiste Richard Kuhn, affichaient leur soutien au régime nazi, tandis que d’autres, comme Gerhard Domagt, subissaient des représailles de la Gestapo. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que ces scientifiques allemands ont pu finalement recevoir leur prix Nobel.
Le Prix Nobel : Une Reconnaissance Mondiale de l’Excellence
- Alfred Nobel : L’inventeur du Nobel
Un héritage industriel et scientifique
Alfred Bernhard Nobel est né en 1833 à Stockholm, au sein d’une famille d’industriels et de chercheurs. Son père était l’inventeur du contreplaqué, mais la fortune des Nobel provenait principalement de l’industrie de l’armement, notamment des mines. Très tôt, Alfred Nobel montra un intérêt pour la chimie des explosifs.
Formation en France et la découverte de la nitroglycérine
À l’âge de 17 ans, Alfred Nobel partit étudier à Paris sous la direction de Jules Pelouze, un chimiste réputé. C’est là qu’il découvrit la nitroglycérine, un explosif plus puissant que la poudre à canon mais dangereusement instable, développé par son collègue Ascanio Sobrero.
Le chemin vers la dynamite
Après son retour en Suède, Alfred Nobel se concentra sur la nitroglycérine, cherchant à la rendre plus sûre et plus facilement transportable. Au cours de ses recherches, plusieurs explosions accidentelles se produisirent, causant notamment la mort de son frère cadet.
L’invention de la dynamite
En 1867, Nobel parvint finalement à créer un explosif puissant en mélangeant de la nitroglycérine avec de la terre diatomacée, ce qui le rendait solide et plus sûr à manipuler. Il nomma cette invention la « dynamite ». Elle devint un outil essentiel pour de nombreux chantiers de travaux publics dans le monde, bien que son utilisation militaire posa des problèmes éthiques.
La création des Prix Nobel
Un peu plus d’un an avant sa mort, Alfred Nobel, qui n’avait pas d’enfants, modifia son testament. Il légua la quasi-totalité de sa fortune pour la création d’un prix portant son nom. Ce prix récompenserait des individus ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité dans cinq domaines : la Paix, la Littérature, la Chimie, la Physiologie ou Médecine, et la Physique. C’est ainsi que les Prix Nobel sont nés.
Les raisons des choix de disciplines
Les choix de disciplines pour les Prix Nobel reflètent les centres d’intérêt et la personnalité d’Alfred Nobel. La chimie et la physique étaient liées à ses propres travaux, la médecine était considérée comme noble, la littérature était une passion personnelle, et la paix pourrait être influencée par ses contacts avec des pacifistes, notamment la baronne autrichienne von Suttner.
La reconnaissance internationale des Prix Nobel
Les Prix Nobel, en particulier celui de la paix, ne gagnèrent leur véritable renommée internationale qu’après la Seconde Guerre mondiale. Alfred Nobel était déjà une personnalité bien connue de son vivant, mais la fondation créée pour gérer les prix a défendu sa dernière volonté avec détermination. La récompense financière offerte contribua également à l’attrait de ces distinctions.
Les obstacles initiaux et l’intérêt des Américains après-guerre
Au début, les prix étaient critiqués pour leur caractère cosmopolite, mais peu à peu, ils se firent connaître. Dans les années 20 et 30, des années sans remise de Prix Nobel eurent lieu en raison du manque de fonds. Cependant, l’intérêt accru des Américains après la guerre et l’arrivée d’émigrés européens dans les laboratoires scientifiques américains contribuèrent à renforcer la renommée des Prix Nobel.
Alfred Nobel, à travers ses découvertes et sa vision philanthropique, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la science et de la reconnaissance mondiale de l’excellence dans divers domaines.
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Les règles d’Attribution et la Place de la France dans la Littérature Nobel
Selon les volontés d’Alfred Nobel, la nationalité des lauréats ne doit pas influencer la sélection des lauréats. De plus, depuis 1974, un prix Nobel ne peut être décerné à titre posthume, à moins que la mort du lauréat ne survienne après l’annonce officielle.
La France se distingue particulièrement dans la catégorie littéraire, avec 16 lauréats Nobel, dont le poète Sully Prudhomme fut le premier en 1901. D’autres écrivains français tels qu’Anatole France, André Gide, Jean-Paul Sartre, Patrick Modiano et Annie Ernaux ont également été honorés.
La Proportion des Femmes Lauréates en Évolution
L’inclusion des femmes dans la liste des lauréats Nobel a progressé au fil des décennies. Alors qu’il y avait seulement quatre lauréates entre 1901 et 1920, la proportion de femmes a atteint 24 % au cours des deux dernières décennies. Cependant, en 2023, sur un total de 923 lauréats des deux sexes, les femmes nobélisées ne représentaient encore qu’un peu plus de 5 %.
Pourquoi Pas de Prix Nobel en Mathématiques ?
Les mathématiques ne sont pas récompensées par un Prix Nobel, une absence qui a suscité des interrogations. Deux explications sont avancées pour cette lacune. D’une part, la rumeur selon laquelle Alfred Nobel aurait exclu les mathématiques en raison d’un différend personnel avec le mathématicien Gösta Mittag-Leffler a été discréditée. D’autre part, au moment où Nobel a rédigé son testament en 1895, une récompense pour les mathématiques existait déjà en Suède. Cette discipline a donc été omise.
Cependant, les mathématiques ne sont pas dépourvues de distinctions. La Médaille Fields, créée en 1924, récompense les contributions exceptionnelles en mathématiques, mais elle comporte la contrainte que seuls les mathématiciens de moins de 40 ans sont éligibles.