Présidentielle américaine : Le résumé du débat tendu entre Kamala Harris et Donald Trump

L’élection présidentielle américaine entre dans sa phase décisive avec le premier débat opposant Kamala Harris et Donald Trump. Diffusé en direct sur ABC, ce face-à-face était très attendu par des millions d’Américains, marquant non seulement le début officiel de la campagne, mais aussi la première confrontation directe entre les deux candidats. Durant près de deux heures, Harris et Trump se sont affrontés sur de nombreux sujets, chacun tentant de prendre l’avantage dans une course électorale particulièrement incertaine.

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Kamala Harris : une offensive stratégique pour se démarquer

Kamala Harris, vêtue d’un tailleur sombre et affichant une détermination sans faille, est entrée sur le plateau avec un objectif clair : combler son déficit de notoriété face à Donald Trump. Consciente de sa popularité stagnante dans les sondages récents, la vice-présidente a opté pour une stratégie offensive, détaillant son programme et attaquant frontalement son adversaire sur plusieurs dossiers sensibles. Harris a notamment accusé Trump d’avoir laissé le pays dans un « bazar » lors de son précédent mandat et s’est positionnée comme la candidate capable de restaurer l’ordre et la stabilité.

Elle a aussi critiqué Trump pour ses positions sur des sujets controversés tels que l’avortement, en affirmant qu’il propagerait un « tissu de mensonges » et en dénonçant son comportement qu’elle qualifie d’« insultant » envers les Américaines. Ce positionnement vise à mobiliser l’électorat féminin, un segment clé pour Harris, qui cherche à se distinguer par sa vision progressiste et son engagement en faveur des droits des femmes.

Donald Trump fidèle à sa réputation

Il n’aura regardé son adversaire dans les yeux qu’une seule seconde : au moment de la poignée de main, à l’entrée sur le plateau d’ABC. L’air sombre et le visage fermé, Donald Trump a fait du Donald Trump : ramenant sans cesse la démocrate au programme de Joe Biden qu’elle aurait « copié« , il l’a taxé – comme il le fait depuis des semaines – d’être « marxiste », elle qui veut « détruire le tissu social de notre pays » en laissant « des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d’aliénés« . D’abord sur la réserve, le tempétueux milliardaire n’a pas résisté longtemps aux attaques de Kamala Harris. Comme par exemple sur sa campagne : « Les gens commencent à quitter ses meetings plus tôt, par épuisement et par ennui« . Des punchlines qui ont poussé le milliardaire dans ses retranchements.

Alors que la démocrate a joué la carte du rassemblement, le républicain a brossé un tableau sombre des États-Unis, évoquant le « carnage américain » contre lequel il avait mis en garde lors de son investiture en 2017. Avant de prévenir : « Nous avons une nation qui est en train de mourir ».

Les fake news au centre du débat

Kamala Harris a prévenu les spectateurs au début du débat : son adversaire allait multiplier les fake news. Difficile de lui donner tort. Donald Trump a ainsi repris l’accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants haïtiens mangent « des chats et des chiens » dans une ville de l’Ohio (nord-est). « A Springfield, (…) ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays », a dit le candidat républicain. 

Même erreur d’appréciation sur la criminalité :  Donald Trump a affirmé qu’elle était en hausse aux États-Unis, contrairement au reste du monde. Faux, a répliqué David Muir, le présentateur d’ABC, lequel a souligné que, selon les données du FBI, la criminalité avait en fait diminué au cours des dernières années.

L’immigration et les questions raciales

Thème phare de la campagne, l’immigration a permis aux deux candidats d’afficher leurs différences. Donald Trump a renoué avec son premier mandat, s’engageant à finir le mur qu’il prétend ériger à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Il a aussi promis d’expulser massivement les immigrés illégaux et de mettre fin au droit du sol. Accusée de laxisme, Kamala Harris a renvoyé à son bilan de ministre de la Justice quand elle était procureure générale de Californie.

Kamala Harris a par ailleurs accusé son rival de vouloir « diviser » le pays sur les questions raciales. « Je pense que c’est une tragédie d’avoir quelqu’un qui veut être président et qui a constamment, tout au long de sa carrière, tenté d’utiliser les questions raciales pour diviser les Américains », a-t-elle déclaré. L’ancien président a répondu mardi soir à une question sur de précédents propos dans lesquels il accusait Mme Harris d’être devenue noire pour des raisons électoralistes, en disant : « J’ai lu qu’elle était noire ».

Passe d’armes sur l’avortement

La question de l’avortement a fait l’objet d’une passe d’armes marquée sur le plateau d’ABC. « J’avais prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges« , a taclé Kamala Harris, alors que Donald Trump venait de dire que les démocrates permettaient que des bébés soient exécutés après la naissance. « Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement. Ça n’arrive jamais. C’est insultant pour les femmes d’Amérique », a-t-elle poursuivi, énumérant les situations de détresse dans lesquelles ont pu se retrouver des femmes vivant dans des États ayant sévèrement restreint le droit à l’avortement. 

« Des femmes enceintes qui veulent mener leur grossesse à terme, qui font une fausse couche, qui se voient refuser des soins aux urgences parce que les professionnels de santé ont peur d’aller en prison, et qui se vident de leur sang dans une voiture sur le parking – elle ne voulait pas ça. »

Par le passé, l’ancien président s’est vanté d’avoir, par sa nomination de trois juges conservateurs à la Cour suprême, permis l’annulation en juin 2022 de l’arrêt de la Cour suprême qui garantissait le droit à l’avortement partout aux Etats-Unis. Mais face aux critiques répétées des démocrates et au soutien d’une majorité de l’opinion publique au droit à l’avortement, il veille désormais à se présenter en défenseur des « droits reproductifs ». En renvoyant le sujet aux États, « j’ai rendu un énorme service » aux États-Unis, a-t-il assuré.

Deux visions du monde radicalement opposées

Sans surprise, les deux rivaux ont présenté des visions diamétralement opposées sur les questions internationales. Le sujet a surtout donné lieu à une foire d’empoigne : « Elle déteste Israël. Si elle devient présidente, je crois qu’Israël n’existera plus d’ici deux ans », a lancé l’ancien président américain au sujet de la vice-présidente des États-Unis. « Israël disparaîtra », a-t-il répété. La Russie ? Selon Kamala Harris, Vladimir Poutine « ne ferait qu’une bouchée » de Donald Trump et serait d’ores et déjà installé à Kiev si le candidat républicain était à la Maison Blanche. Donald Trump a accusé Joe Biden de n’avoir jamais su gérer le dossier de la guerre en Ukraine. « Je connais très bien Zelensky et je connais très bien Poutine. J’ai une bonne relation avec eux. Ils me respectent. Ils ne respectent pas Biden. Comment le respecteriez-vous ? Pourquoi ? Pour quelle raison ? », a lancé le républicain.

La démocrate, elle, a profité de cette thématique pour dénigrer son opposant. « J’ai parcouru le monde en tant que vice-présidente des Etats-Unis et les dirigeants du monde entier se moquent de Donald Trump », a-t-elle assuré, poursuivant : « Il est de notoriété publique que ces dictateurs et ces autocrates souhaitent que vous redeveniez président parce qu’ils savent très bien qu’ils peuvent vous manipuler en vous flattant et en vous accordant des faveurs ».

@TFI1INFO

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