À un an des élections présidentielles, la Côte d’Ivoire a lancé le 19 octobre la révision de la liste électorale, une étape cruciale pour garantir la participation de tous les citoyens éligibles. Cette opération, initiée par la Commission Électorale Indépendante (CEI), vise à inscrire 4,5 millions de nouveaux électeurs en l’espace de trois semaines. Avec une population jeune en croissance rapide, cette démarche est essentielle pour renforcer le processus démocratique du pays. Cependant, des débats émergent autour de la durée et de l’organisation de cette révision, suscitant des réactions contrastées de la part des partis politiques.
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Un appel à l’inscription massive sur la liste électorale
La campagne pour la révision de la liste électorale se veut inclusive et engageante, avec un message clair diffusé sur les réseaux sociaux : « Active ton pouvoir. Inscris-toi sur la liste électorale ». La CEI met particulièrement l’accent sur l’enregistrement des nouveaux majeurs, un groupe démographique significatif dans un pays où la moitié de la population a moins de 18 ans. Pour encourager une participation massive, environ 12 000 centres de recensement ont été déployés à travers le pays jusqu’au 10 novembre. L’objectif est d’inscrire le plus grand nombre possible de nouveaux électeurs dans un laps de temps restreint.
Pour faciliter ces démarches, le gouvernement a pris des mesures concrètes, notamment la gratuité du certificat de nationalité, un document essentiel pour s’inscrire sur les listes électorales. Cette initiative vise à lever les barrières administratives et financières qui pourraient décourager les citoyens de participer à cet exercice démocratique. En 2023, environ 8 millions de personnes étaient inscrites sur les listes, et avec les 4,5 millions d’inscriptions prévues, la CEI espère atteindre un total de près de 14 millions d’électeurs en vue des élections présidentielles de 2025.
Débat sur la durée de l’opération
Malgré ces efforts, l’opposition ivoirienne exprime des réserves quant à la durée de l’opération. Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a déclaré que l« On nous a informé que l’opération durerait trois semaines, ce n’est pas suffisant, nous demandons qu’elle dure plusieurs mois » Selon lui, une prolongation de l’opération sur plusieurs mois serait nécessaire pour garantir que chaque citoyen éligible ait la possibilité de s’inscrire sans précipitation ni contraintes.
D’autres partis d’opposition se joignent à cet appel, soulignant que le nombre de jeunes en âge de voter a considérablement augmenté, et que le délai actuel risque d’exclure une partie significative de cette population. En réponse, le président de la CEI, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, a rassuré en affirmant que les dispositifs mis en place sont capables d’accueillir 50 requérants par jour dans chaque centre, permettant ainsi d’atteindre l’objectif fixé. Néanmoins, l’opposition continue de plaider pour une prolongation afin d’assurer une couverture électorale plus large.
Enjeux politiques et perspectives
Alors que la présidentielle de 2025 approche, l’enjeu de la révision de la liste électorale prend une dimension politique cruciale. L’inscription de nouveaux électeurs pourrait avoir un impact significatif sur le scrutin à venir, et chaque parti s’efforce de mobiliser ses partisans pour s’assurer d’une représentation massive dans les urnes. Le président sortant, Alassane Ouattara, n’a pas encore confirmé s’il compte briguer un quatrième mandat, laissant ainsi une incertitude sur les orientations politiques du pays dans les prochains mois.
Cette période de révision de la liste électorale représente donc un moment décisif, non seulement pour les partis politiques, mais aussi pour les citoyens qui cherchent à exprimer leur voix à travers le vote. La capacité de la CEI à organiser efficacement ce processus sera un indicateur de la préparation du pays pour des élections transparentes et inclusives. Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer la réussite de cette opération et l’engagement des Ivoiriens à participer activement à la vie politique de leur pays.