« Ma vie en Françafrique » : Robert Bourgi fait des révélations choquantes entre la France et l’Afrique
Dans son livre Ils savent que je sais tout (Max Milo), Robert Bourgi, une figure incontournable de la « Françafrique », livre des révélations explosives sur les relations troubles entre la France et l’Afrique. Proche des plus hautes sphères politiques africaines et françaises, cet avocat d’origine libanaise, né à Dakar, a été témoin privilégié des alliances secrètes et des jeux de pouvoir entre les présidents africains et l’Élysée. À travers ses propos, Robert Bourgi offre une plongée dans les coulisses d’une politique d’influence qui a façonné les rapports entre Paris et ses anciennes colonies.
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Un acteur central de la « Françafrique » et des présidents africains influents
Robert Bourgi est souvent décrit comme l’héritier direct de Jacques Foccart, le fondateur de la « Françafrique« . L’avocat a entretenu des relations privilégiées avec plusieurs chefs d’État africains, dont Omar Bongo, qui le surnommait affectueusement « fiston ». Ayant assisté de près à des décennies d’affaires diplomatiques et financières, il a vu transiter des valises d’argent entre l’Afrique et Paris, alimentant une économie parallèle au service de la politique française en Afrique francophone. Cependant, malgré cette proximité, Bourgi n’a jamais été inculpé dans des affaires comme l’Elf ou l' »Angolagate », des scandales retentissants de la Françafrique.
Dans son livre, il se décrit comme un homme aux multiples identités : « un Oriental, un Africain et un Français ». Cette polyvalence lui a permis d’être au cœur des relations entre l’Afrique noire et la France, influençant les décisions et les alliances, tout en demeurant dans l’ombre des grands événements politiques.
Les révélations de Robert Bourgi sur la crise ivoirienne de 2010-2011
Un des moments les plus marquants du témoignage de Robert Bourgi concerne la crise postélectorale en Côte d’Ivoire en 2010-2011. Après une élection présidentielle tendue, opposant le président sortant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, une crise violente éclate. Alors que la communauté internationale reconnaît Ouattara comme vainqueur, Bourgi soutient que Gbagbo était le véritable élu du peuple ivoirien. Ces déclarations remettent en cause la légitimité de l’élection et soulèvent des interrogations sur l’influence française dans le dénouement du conflit.
Bourgi révèle notamment les tentatives de négociation entre la France, dirigée par Nicolas Sarkozy, et Laurent Gbagbo. Selon lui, des offres alléchantes, incluant une retraite confortable et un statut d’ancien chef d’État, ont été proposées à Gbagbo pour qu’il quitte le pouvoir. Mais ce dernier aurait rejeté ces propositions avec défiance, déclarant : « Tu diras à Sarkozy que je serai son Mugabe. » Cette réplique témoigne de la détermination de Gbagbo à ne pas céder face aux pressions étrangères.
L’ombre de la France sur la politique africaine
Les confessions de Robert Bourgi éclairent d’un jour nouveau l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire, qui a mené à la chute de Gbagbo et à l’installation de Ouattara au pouvoir. Derrière la rhétorique officielle de protection des civils et de restauration de la démocratie, les révélations laissent entrevoir une ingérence stratégique, motivée par des intérêts économiques et politiques français. Bourgi affirme même que Sarkozy aurait menacé de « vitrifier » Gbagbo, suggérant une violence extrême pour imposer ses conditions.
Ces révélations posent une question cruciale : la France a-t-elle manipulé les événements pour garantir l’accession d’un dirigeant favorable à ses intérêts ? Cette intervention suscite un débat sur l’indépendance des États africains et la persistance des pratiques néocoloniales dans les relations franco-africaines. Pour Bourgi, la « Françafrique » demeure un réseau puissant, où l’influence de l’ancienne métropole continue de se faire sentir.
Un appel à la vérité et à la réconciliation
Les déclarations de Robert Bourgi interviennent dans un contexte où de nombreux pays africains cherchent à s’émanciper de la tutelle française. En Côte d’Ivoire, elles pourraient raviver des tensions politiques, notamment parmi les partisans de Laurent Gbagbo, qui voient dans ces propos une confirmation de leurs doutes sur la légitimité du pouvoir actuel. Cependant, ces révélations offrent aussi une opportunité pour ouvrir un débat national sur la vérité et la réconciliation, nécessaire pour panser les blessures de cette crise et restaurer la confiance entre les différentes factions politiques.
Robert Bourgi, à travers ses confidences, invite à une réflexion plus large sur l’avenir des relations entre la France et l’Afrique. Son témoignage, loin d’être anodin, met en lumière les mécanismes opaques qui ont façonné des décennies de politiques africaines, et interpelle sur la nécessité de repenser ces liens sur des bases plus équitables et transparentes.