Société

Drame en Pyrénées : un secouriste et un alpiniste périssent lors d’une opération de sauvetage

Aragnouet (Hautes-Pyrénées) – Un policier de la CRS Montagne et un alpiniste ont trouvé la mort lundi après-midi, peu avant 17h30, lors d’une intervention sur les pentes escarpées du pic de Campbieil. Les deux hommes, hélitreuillés par un appareil de secours, ont chuté en altitude dans ce massif des Pyrénées, théâtre récurrent d’accidents en haute montagne. Un deuxième randonneur, secouru par les équipes, a pu être évacué vers un hôpital.

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Intervention sous haute tension


Alertés en début d’après-midi pour deux alpinistes en difficulté sur la commune d’Aragnouet, les gendarmes de la CRS 29 de Lannemezan ont mobilisé un hélicoptère de type Chouca 65. Sur place, les conditions météorologiques, souvent imprévisibles dans cette zone, n’ont pas entravé les premières manœuvres. Un premier secouriste a réussi à évacuer l’un des randonneurs, tandis que son collègue tentait de sécuriser le second.

C’est au moment de l’hélitreuillage que l’opération a basculé. Pour des raisons encore indéterminées, le câble reliant l’hélicoptère au policier et à l’alpiniste a cédé, provoquant une chute de plusieurs centaines de mètres. Malgré l’envoi immédiat de renforts, les deux victimes n’ont pas survécu à leurs blessures.

Hommage et enquête en cours


La préfecture des Hautes-Pyrénées a confirmé le décès du fonctionnaire de la CRS 29 et de l’alpiniste dans un communiqué laconique, saluant « l’engagement des équipes en milieu hostile ». Le procureur de la République de Tarbes a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de l’accident, notamment les causes techniques ou humaines ayant conduit à la rupture du treuil.

Les unités de secours en montagne, régulièrement confrontées à des terrains complexes, opèrent sous protocoles stricts. Les hélicoptères Chouca, pourtant réputés pour leur maniabilité, restent soumis aux aléas des vents violents et des reliefs accidentés. « Chaque intervention est une course contre la montre, où chaque seconde compte », rappelle un ancien pilote de secours sous couvert d’anonymat.

Communauté en deuil


La CRS Montagne, unité spécialisée dans les missions périlleuses, a exprimé sa « profonde tristesse » dans un message adressé aux proches des victimes. Le policier décédé, dont l’identité n’a pas été divulguée, était membre de la CRS 29 depuis plusieurs années. Ses collègues décrivent un professionnel « discret et déterminé », habitué à gravir les parois les plus exposées.

Du côté des pratiquants de la montagne, l’émotion est tout aussi vive. Les clubs d’alpinisme locaux ont souligné les risques inhérents à cette pratique, même pour les plus aguerris. « Le pic de Campbieil n’est pas réputé pour être le plus technique, mais un changement de temps ou un rocher instable peut tout faire basculer », explique un guide de haute montagne.

Rappel des dangers en altitude


Cet accident survient en pleine saison estivale, période où les secours enregistrent une hausse des interventions. Entre 2021 et 2023, les Pyrénées ont connu une augmentation de 15 % des opérations de sauvetage, selon les données de la gendarmerie. Si la majorité se conclut sans gravité, certaines tournent au drame, comme en 2019, quand deux guides avaient péri dans une avalanche au même endroit.

Les autorités rappellent systématiquement l’importance de préparer minutieusement ses itinéraires et de surveiller les bulletins météo. Mais malgré les alertes, certains randonneurs sous-estiment encore la rapidité avec laquelle une sortie peut dégénérer.

Un dernier hommage en suspens


Les familles du policier et de l’alpiniste, jointes par les services sociaux, n’ont pas encore communiqué sur les suites à donner. Une cérémonie officielle devrait être organisée dans les prochains jours à la caserne de Lannemezan, en présence des hautes autorités de l’État.

En attendant, les questions persistent sur les moyens alloués aux secours en montagne. Si les effectifs de la CRS 29 restent stables, les syndicats réclament depuis des années des investissements accrus dans les équipements et la formation. « Sauver des vies ne doit pas signifier risvoir la sienne », résume un représentant syndical.

Alors que le soleil se couchait hier sur le pic de Campbieil, une gerbe de fleurs déposée au pied de la paroi rappelait le prix parfois payé par ceux qui protègent.

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