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SOR4, le groupe issu de « Popstars », se sépare : les raisons d’une rupture prématurée

Moins d’un an après leur victoire dans le télécrochet de Prime Video, les membres de SOR4 ont annoncé leur séparation. Derrière la formule consensuelle de l’« incompatibilité créative » se cachent des tensions artistiques, des résultats en demi-teinte et les défis d’un format télévisuel en décalage avec l’industrie musicale actuelle.

C’est par un post Instagram sobre, publié ce lundi 24 mars, que Mia, Regina, Orisha et Yasmeen ont officialisé la fin de SOR4. « Nos relations ont évolué vers l’incompatibilité créative », ont-elles résumé, sans autre explication. Une annonce prévisible pour ce groupe formé en septembre 2023 lors de la résurrection de Popstars, mais dont les fissures étaient apparues bien plus tôt.

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Divergences artistiques : un euphémisme révélateur


Si le terme « incompatibilité créative » sonne comme une excuse protocolaire, il reflète une réalité fréquente dans les groupes issus de télé-crochets : la difficulté à concilier des individualités fortes, façonnées en accéléré. Dès leur passage dans C à vous en septembre 2023, les chanteuses avaient laissé transparaître des tempéraments distincts. Mia, à l’aise dans la pop énergique, et Orisha, plus portée sur le R’n’B, semblaient incarner deux pôles esthétiques. « On a dû trouver un équilibre entre nos univers », glissait alors Regina, sans cacher les tensions lors des sessions d’écriture.

Leur EP, sorti en septembre 2024, en porte les stigmates. Comment on s’aime, leur single le plus streamé (1,2 million d’écoutes), mêlait sans conviction une mélodie pop et des arrangements urbains. Les autres titres, encore plus éclectiques, ont peiné à fédérer. « Le projet manquait de cohérence. On sentait quatre artistes, pas un groupe », analyse un producteur sous couvert d’anonymat.

Des résultats commerciaux décevants


L’« incompatibilité » ne serait pas devenue ingérable sans le contexte commercial. Malgré le soutien de Warner Music, les ventes de SOR4 n’ont jamais décollé. Leur clip dépasse à peine 700 000 vues sur YouTube — un score faible comparé aux standards des groupes issus de Popstars. Les L5, vainqueurs en 2001, avaient écoulé 800 000 exemplaires de leur premier album.

Plusieurs facteurs expliquent cet écart. D’abord, le choix de Prime Video de diffuser l’émission en streaming, moins grand public que la télévision linéaire. Ensuite, une promotion limitée : aucun concert majeur, peu de passages médiatiques en dehors de C à vous. « Le label a peut-être sous-estimé le travail nécessaire pour transformer un succès télévisuel en carrière pérenne », avance une source proche du projet.

Le poids du format télévisuel


L’émission elle-même a joué un rôle paradoxal. Tournée un an avant sa diffusion, elle a contraint les quatre femmes à garder secrète leur victoire, tout en préparant leur lancement. Une période de latence qui a exacerbé les frustrations. « On a passé des mois à répéter sans savoir si le public nous suivrait », confiait Yasmeen en coulisses d’un radio-crochet.

Surtout, Popstars 2024 a buté sur une contradiction : construire un groupe « authentique » via un processus artificiel. Alors que les jurés Louane et Eddy de Pretto insistaient sur la « sincérité », le montage a escamoté les conflits, présentant une alchimie idéalisée. « Les télé-crochets créent une dynamique de groupe factice. Une fois l’émission terminée, la réalité reprend ses droits », souligne une ex-candidate de The Voice.

Un contexte musical hostile


Enfin, SOR4 a évolué dans un paysage où les groupes fabriqués en studio ont perdu du terrain. Face aux artistes solo émergeant via TikTok ou YouTube, les girls bands peinent à se renouveler. Leur public cible — adolescents et jeunes adultes — privilégie désormais des figures indépendantes, perçues comme plus accessibles.

Le choix d’un nom inspiré du japonais (« Sora » signifiant « ciel ») et d’une esthétique mêlant codes K-pop et R’n’B français n’a pas suffi à les démarquer. « Leur identité était trop hybride pour toucher une niche précise », estime une journaliste musicale. Résultat : aucun de leurs titres n’a intégré les playlists algorithmiques de Spotify, essentielles pour durer.

Et après ?


Si SOR4 disparaît, ses membres ne renoncent pas à la musique. Des sources proches du groupe indiquent que trois d’entre elles préparent des projets solo, dans des registres distincts. Regina travaillerait sur un EP de soul électro, Orisha collabore avec des beatmakers de R’n’B, tandis que Mia envisagerait un virage vers la variété francophone.

Quant à Prime Video, la plateforme n’a pas encore commenté l’échec de cette résurrection. Reste une question : dans un marché où l’authenticité prime, les télé-crochets musicaux ont-ils encore un avenir ? Pour SOR4, la réponse est amère. Leur histoire aura au moins révélé une vérité cruelle : former un groupe reste bien plus facile à l’écran que dans la vie réelle.

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