Burkina Faso tentative de putsch : jusqu’où ira la tension après la tentative de putsch ?

Alors qu’une semaine s’est écoulée depuis l’annonce officielle d’une Burkina Faso tentative de putsch contre la junte au pouvoir, la tension reste palpable dans la capitale Ouagadougou. Loin de s’apaiser, la situation semble au contraire se complexifier, tant sur le plan militaire que politique et social. Ce climat de suspicion et d’instabilité nourrit l’inquiétude de la population et alimente les divisions au sein même des forces armées, pourtant en première ligne dans la lutte contre les groupes djihadistes. Les événements récents soulignent une crise de confiance majeure au sommet de l’État burkinabè, entre velléités de soutien populaire à la junte et contestation silencieuse dans certaines sphères militaires. Retour sur une semaine sous haute tension, marquée par des signes évidents de malaise institutionnel.
A lire aussi: Massacre au Burkina Faso
Une armée divisée et des réunions annulées en cascade
Depuis l’annonce de la Burkina Faso tentative de putsch, l’attention est portée sur les forces armées dont l’unité semble plus fragile que jamais. Plusieurs sources proches de l’état-major évoquent un malaise grandissant parmi les officiers. Des divergences internes, en particulier sur la manière dont les opérations antiterroristes doivent être menées, accentuent les fractures. Certains officiers, convoqués à une réunion stratégique le mardi 22 avril, ne se sont jamais présentés. La réunion, d’abord reportée au lendemain, a finalement été annulée sans autre explication.

Cette absence de coordination et ce silence de plusieurs hauts gradés interpellent. Selon des observateurs sécuritaires, cela témoigne d’une désobéissance larvée ou d’un refus implicite d’allégeance à la junte du capitaine Ibrahim Traoré. Cette réunion avortée symbolise la crise d’autorité qui secoue actuellement la hiérarchie militaire, dans un pays où l’armée joue un rôle politique majeur depuis plusieurs années. Dans ce contexte instable, les arrestations récentes n’ont fait qu’exacerber les tensions : une dizaine d’officiers et de sous-officiers ont été interpellés, soupçonnés d’avoir participé à cette Burkina Faso tentative de putsch. Selon les autorités burkinabè, certains cerveaux de cette opération auraient trouvé refuge en Côte d’Ivoire, un pays accusé à plusieurs reprises d’héberger des opposants actifs au régime en place.
Activité militaire inhabituelle et sécurité renforcée à Ouagadougou
Le climat de méfiance se fait également sentir dans les rues de la capitale. Jeudi 24 avril, le conseil des ministres s’est tenu dans une atmosphère sécuritaire inhabituelle. Tout le quartier présidentiel était sous surveillance renforcée, avec la présence de chiens renifleurs et de patrouilles aériennes de l’armée. Ce dispositif exceptionnel souligne la crainte de nouvelles actions déstabilisatrices.

Par ailleurs, des riverains ont rapporté avoir vu deux véhicules blindés positionnés à l’entrée du camp militaire Général Baba Sy, dans le sud de la capitale, le dimanche 27 avril. Des mesures qui traduisent une volonté de dissuasion, mais aussi une inquiétude manifeste de la part du régime face à d’éventuelles escalades. Le palais du Mogho Naaba, figure traditionnelle majeure du Burkina Faso, a également connu une activité inhabituelle ces derniers jours. Des personnalités militaires et civiles, ainsi que des épouses de militaires détenus ou disparus, ont été aperçues dans un ballet discret autour du palais. Ce signal témoigne du rôle de médiation toujours exercé par le roi des Mossi dans les moments de crise. Il est souvent sollicité dans les coulisses du pouvoir, notamment pour désamorcer les conflits les plus sensibles.
Manifestation de soutien à la junte et dénonciation des influences étrangères
En réponse à la Burkina Faso tentative de putsch, la junte a décidé de mobiliser son soutien populaire. Mercredi 30 avril, une manifestation est organisée par la Coordination nationale de la veille citoyenne (CNAVC), un regroupement de la société civile favorable au régime. Cette mobilisation a pour but d’afficher un soutien fort au capitaine Ibrahim Traoré et de dénoncer ce que les organisateurs qualifient d’« ingérences occidentales ».
Les récentes accusations portées par le général américain Michael Langley, chef de l’AFRICOM, selon lesquelles le président burkinabè détournerait les réserves d’or pour financer sa protection personnelle, ont attisé la colère du régime. Pour Ghislain Dabiré, porte-parole de la CNAVC, « les menaces ne passent plus. Pour atteindre le président Ibrahim Traoré, il faut d’abord marcher sur le peuple burkinabè ».

Cette Burkina Faso tentative de putsch est donc devenue un catalyseur pour renforcer la rhétorique nationaliste du pouvoir, qui entend galvaniser sa base contre les critiques étrangères et les manœuvres supposées des pays voisins. Les autorités militaires affirment par ailleurs que la Côte d’Ivoire abrite des figures de l’opposition accusées de « subversion » et de tentative de déstabilisation du régime. La manifestation du 30 avril à la place de la Révolution devrait ainsi réunir plusieurs milliers de personnes, déterminées à soutenir le capitaine Traoré face aux accusations extérieures et aux remous internes.
Un avenir incertain pour la transition burkinabè
Alors que le Burkina Faso vit l’une des périodes les plus sensibles de sa transition politique, la Burkina Faso tentative de putsch vient aggraver l’instabilité chronique dans laquelle baigne le pays depuis plusieurs années. Le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, promettait un retour à la sécurité et à la souveraineté nationale. Mais les difficultés s’accumulent : persistance des attaques djihadistes, division de l’armée, crise humanitaire, isolement diplomatique…

Les récents événements montrent à quel point la transition est fragile. Derrière le discours de fermeté et la mobilisation populaire, se cache une inquiétude réelle de la junte sur sa capacité à contenir les dissensions internes. Les arrestations d’officiers et la surveillance étroite des casernes pourraient s’apparenter à une tentative de prévenir un nouvel épisode de déstabilisation.

La Burkina Faso tentative de putsch du 22 avril révèle aussi l’échec d’un consensus national autour du processus de transition. Si une frange de la population soutient encore le capitaine Traoré, d’autres voix dénoncent un pouvoir autoritaire, peu enclin au dialogue, et qui tarde à tenir ses promesses, notamment sur le plan sécuritaire. Dans ce climat de tension, la moindre étincelle pourrait rallumer les braises d’un nouveau soulèvement. Le régime burkinabè devra à l’avenir composer avec une armée divisée, une population lassée par les conflits incessants, et une communauté internationale méfiante. La stabilité du pays, déjà mise à rude épreuve par les groupes armés, pourrait être de nouveau menacée si les lignes de fracture continuent de s’élargir.