Qui était vraiment Odile de Vasselot, cette héroïne de l’ombre morte à 103 ans ?

Figure emblématique mais discrète de la Résistance française, Odile de Vasselot est décédée ce lundi à Paris, à l’âge vénérable de 103 ans. Une vie marquée par le courage, l’engagement et le service — à la patrie d’abord, puis à la foi et à l’éducation. Sa disparition laisse derrière elle un héritage de valeurs profondes, tissé entre bravoure face à l’occupant et transmission de la mémoire.
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Une jeunesse marquée par l’appel de Gaulle et l’entrée en Résistance
Née le 6 janvier 1922 à Saumur, dans une famille noble et patriote, Odile de Vasselot est encore une jeune bachelière lorsqu’elle entend, le 18 juin 1940, depuis le château familial du Poitou, l’appel du général de Gaulle. Ce moment fut pour elle un déclic irréversible : il fallait agir, coûte que coûte. « Ce n’était pas possible de ne rien faire avec ces grands étendards qui pendaient avec la croix gammée dessus », confiait-elle en 2023 à l’AFP.

Très tôt, Odile de Vasselot rejoint la Résistance. Elle manifeste publiquement contre l’occupation nazie dès le 11 novembre 1940, à Paris, lors d’une mobilisation interdite sur les Champs-Élysées. Elle devient ensuite agente de liaison, sous le nom de code « Danièle », dans le réseau Zéro. Sa mission : transporter du courrier, aider des aviateurs alliés à fuir, convoyer des prisonniers évadés à travers une France occupée. Après le démantèlement de son premier réseau, elle poursuit ses activités clandestines dans le réseau Comète, sous le pseudonyme de « Jeanne ». Sa vie fut ponctuée de missions périlleuses : une arrestation évitée de justesse dans un train alors qu’elle accompagnait deux soldats britanniques ; une participation active à la libération de Paris en août 1944 ; et toujours cette discrétion courageuse, cette volonté d’agir sans bruit mais avec une détermination sans faille.
Trente années d’enseignement en Afrique, un autre combat
Après la guerre, Odile de Vasselot poursuit un tout autre engagement. Titulaire d’une licence d’histoire obtenue à la Sorbonne, elle entre dans la communauté apostolique Saint-François-Xavier. Son nouveau terrain de mission : l’enseignement.

De 1959 à 1988, Odile de Vasselot consacre trois décennies de sa vie à l’éducation en Côte d’Ivoire. À Abidjan, elle fonde et dirige le collège-lycée Sainte-Marie, un établissement qui marquera plusieurs générations. À travers ce nouvel engagement, elle poursuit sa vocation de « passeuse » : cette fois, de savoir, de valeurs, de respect et de tolérance. « J’ai été passeur dans les réseaux [de Résistance] et je continue à être passeur à l’école », déclarait-elle encore récemment. Là-bas, en Afrique de l’Ouest, Odile de Vasselot ne se contente pas d’enseigner : elle inspire.
Une mémoire vivante de la Résistance et une voix pour les jeunes générations
Revenue en France après sa mission africaine, Odile de Vasselot n’a jamais cessé de transmettre. Décorée de la Légion d’honneur (commandeur), du titre de grand officier de l’ordre national du Mérite, et de la médaille de la Résistance, elle a sillonné les écoles, les collèges, les lycées pour raconter son histoire — mais surtout, pour réveiller les consciences.

À travers ses interventions, Odile de Vasselot a cherché à inculquer aux jeunes générations un sens aigu de l’engagement, du devoir et du respect. Elle parlait d’« amour de la patrie », de « refus de l’intolérable », d’« empathie » et de « respect des cultures » comme autant de valeurs essentielles à perpétuer. Sa mort, ce lundi 21 avril à Paris, marque la disparition d’une mémoire vivante, d’un témoin précieux de l’histoire et d’un modèle d’humilité. Mais son parcours, exemplaire à tous égards, restera gravé comme celui d’une femme qui n’a jamais cessé de se battre — dans la lumière comme dans l’ombre.