En 2015, la décision du président Pierre Nkurunziza du Burundi de briguer un troisième mandat a déclenché une série de manifestations, une répression brutale, une tentative de coup d’État, et une purge des chefs militaires considérés comme pas assez fidèles au président. Ce cas n’est pas isolé et illustre un phénomène récurrent dans la politique africaine.
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La candidature d’Al-Sissi : Un non-suspense prévisible
La décision du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi de se porter candidat pour un troisième mandat à l’élection présidentielle de décembre n’a été qu’une simple formalité. Depuis plusieurs mois, Al-Sissi était déjà en campagne, vantant son bilan depuis son arrivée au pouvoir en 2014. L’annonce de la date du scrutin la semaine précédente a conduit à une série de manifestations « spontanées » en sa faveur, atteignant leur apogée avec une mobilisation massive de ses partisans au Caire et un défilé de felouques à son effigie sur le Nil.
Les Conséquences Destructrices d’une Ambition Présidentielle Démesurée
La quête du « troisième mandat » présidentiel a des répercussions majeures, notamment des manifestations violentes, des conflits internes et parfois même des coups d’État. Cela crée un cercle vicieux d’instabilité politique qui est difficile à briser, alimentant ainsi davantage de conflits.
Troisième mandat en Côte d’Ivoire : Protestations à Abidjan et Affrontements à Daoukro
La Côte d’Ivoire était alors le théâtre de tensions politiques grandissantes, avec des manifestations sporadiques à Abidjan et ses environs en réponse à la candidature controversée du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat. Ces protestations reflétaient le mécontentement croissant de la population envers la décision présidentielle.
De plus, des incidents violents éclataient à Daoukro, le fief de l’ancien président Henri Konan Bédié, entre ses partisans et des jeunes affiliés au parti au pouvoir. Ces affrontements avaient tragiquement coûté la vie à au moins quatre personnes à Bonoua et à trois autres à Daoukro, selon des sources sécuritaires. La situation restait tendue et nécessitait une attention continue pour éviter une escalade de la violence.
L’Affranchissement de la Limite des Mandats : Un Risque Pour la Stabilité
Malgré les conséquences potentiellement dévastatrices, les dirigeants africains s’accrochent au pouvoir en dépit de tout bon sens. L’idée de « stabilité » et la volonté de poursuivre des projets en cours sont souvent évoquées, mais ces arguments ne sont pas convaincants.
Les Véritables Motivations derrière l’Obstination au Pouvoir
La réticence des dirigeants à quitter leur poste ne découle généralement pas d’une dévotion excessive envers leur peuple, mais plutôt de l’aspiration à conserver des avantages personnels. L’idée que seul un président en exercice peut garantir la sécurité du pays est remise en question.
La Contagion du « Troisième Mandat » en Afrique
Le phénomène du « troisième mandat » s’est propagé en Afrique depuis 2015, avec de nombreux dirigeants cherchant à rester au pouvoir au-delà des limites constitutionnelles. Cela a inspiré d’autres présidents à faire de même, créant ainsi une tendance alarmante.
Stratégies pour Prolonger le Mandat Présidentiel
Les dirigeants africains utilisent principalement deux méthodes pour prolonger leur mandat. La première consiste à modifier la Constitution, permettant ainsi de remettre le compteur à zéro pour briguer un nouveau mandat. La deuxième approche implique des interférences dans le processus électoral pour assurer leur réélection, même dans les pays sans limite constitutionnelle.
Conséquences du « Troisième Mandat » sur l’Avenir de l’Afrique
Le « troisième mandat » présidentiel en Afrique engendre un climat d’instabilité politique, nuit à la démocratie et met en péril la stabilité des pays concernés. La réflexion sur la manière dont les dirigeants africains gèrent leur ambition politique est essentielle pour assurer un avenir plus stable et prospère sur le continent.
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Le Défi de la Longévité au Pouvoir en Afrique
En 2021, quatre dirigeants africains ont suscité l’attention internationale en entamant un nouveau mandat, malgré leur longévité au pouvoir, dépassant en moyenne 31 ans. Denis Sassou Nguesso en République du Congo (7e mandat), Yoweri Museveni en Ouganda (6e mandat), Idriss Déby au Tchad (6e mandat) et Ismail Omar Guelleh à Djibouti (5e mandat) ont tous réussi à contourner les limitations constitutionnelles relatives aux mandats, souvent de manière controversée. Cette tendance soulève des préoccupations quant à la démocratie et à la gouvernance en Afrique, mettant en évidence le besoin de réformes pour favoriser une transition pacifique du pouvoir et une plus grande participation citoyenne dans la région.