La Côte d’Ivoire fait face à une crise de santé mentale alarmante, illustrée par les récents incidents tragiques sur le pont De Gaulle, reliant les communes du Plateau et de Treichville. Ce mardi 30 juillet, un nouvel événement tragique a secoué la nation : une femme s’est jetée dans la lagune Ébrié, suscitant une vive émotion et des interrogations parmi les Ivoiriens. Ce drame soulève des questions sur l’identité de la victime et les facteurs qui ont pu la pousser à cet acte désespéré.
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Un incident tragique capturé en direct sur le pont de Gaulle
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent une foule de curieux et de secouristes rassemblés sur les lieux de l’incident. Selon des témoins, la femme aurait laissé ses chaussures sur le pont avant de se jeter dans la lagune. Ce geste symbolique a amplifié le choc et la tristesse ressentis par la communauté locale. Un témoin présent a décrit la scène comme étant empreinte de désespoir, tandis que d’autres exprimaient leur stupéfaction face à cette nouvelle tragédie, survenant à peine quelques semaines après le suicide d’un gendarme sur le même pont le 9 juillet 2024.
Ce type d’incident est malheureusement devenu trop courant en Côte d’Ivoire, où le taux de suicide est l’un des plus élevés d’Afrique. Le pont De Gaulle semble être devenu un lieu tragique, attirant l’attention sur une crise de santé mentale de plus en plus préoccupante dans le pays.
Une crise de santé mentale en Côte d’Ivoire
Les statistiques sont alarmantes. Une étude de l’Unité de Médecine Légale du CHU de Treichville révèle que la Côte d’Ivoire a le troisième taux de suicide le plus élevé du continent, avec une moyenne de 23 cas par an sur une période de huit ans, de 2013 à 2020. Les hommes sont particulièrement touchés, représentant 78,2 % des cas, et la tranche d’âge la plus affectée est celle des 20 à 29 ans. La pendaison est le mode de suicide le plus courant, représentant 60,4 % des cas. En 2016, le taux de suicide était de 32 pour 100 000 hommes et de 13 pour 100 000 femmes, plaçant le pays au deuxième rang en Afrique derrière le Lesotho.
Ces chiffres mettent en lumière un problème de santé publique majeur. Les causes de cette crise sont complexes et multifactorielles, incluant des pressions économiques, des difficultés familiales, le stress lié à la vie professionnelle, et un accès limité aux soins de santé mentale. Les conditions de vie difficiles et l’isolement social contribuent également à aggraver la détresse des individus, les conduisant parfois à des actes désespérés.
Réponse et prévention : les mesures à prendre
Face à cette situation préoccupante, il est crucial que des mesures concrètes soient mises en place pour améliorer le bien-être mental des Ivoiriens. Voici quelques recommandations pour répondre efficacement à cette crise :
- Renforcement des Services de Santé Mentale : Accroître l’accès aux soins psychologiques et psychiatriques, notamment dans les zones éloignées, pour mieux soutenir les personnes en détresse. Il est également essentiel de lancer des campagnes de sensibilisation pour éduquer le public sur les troubles mentaux et réduire la stigmatisation associée.
- Programmes Communautaires et Prévention : Développer des programmes communautaires pour identifier et aider les personnes en crise avant qu’elles ne commettent l’irréparable. Cela inclut la formation de professionnels de santé, de travailleurs sociaux et de membres de la communauté pour repérer les signes de détresse et intervenir rapidement.
- Amélioration des Conditions de Vie et Éducation : Mettre en place des politiques visant à améliorer les conditions de vie et offrir des opportunités économiques pour réduire le stress financier et social. De plus, introduire des programmes de prévention du suicide dans les écoles et les universités pour éduquer les jeunes sur la santé mentale et leur fournir des ressources pour faire face aux défis émotionnels.
La Côte d’Ivoire doit se mobiliser pour affronter cette crise de manière coordonnée et avec un engagement ferme en faveur de la santé mentale. Le chemin vers la guérison commence par une prise de conscience collective et des actions concrètes pour prévenir ces tragédies. Alors que le pays pleure les victimes de ces incidents tragiques sur le pont De Gaulle, il est impératif de renforcer les infrastructures de soutien et d’éducation pour prévenir de futurs drames.