Politique

Paris : la colère monte face aux suppressions de postes dans l’enseignement

Mardi 11 février, une nouvelle mobilisation s’annonce dans les rues de Paris. Enseignants, syndicats et parents d’élèves entendent protester contre la suppression annoncée de 110 postes dans les écoles de la capitale. Une décision justifiée par une baisse des effectifs scolaires, mais dénoncée comme une dégradation supplémentaire des conditions d’enseignement.

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Un plan dicté par la démographie

Le rectorat de Paris a décidé de retirer 110 postes dans le premier degré à la rentrée 2025. L’argument avancé est la baisse continue du nombre d’élèves dans la capitale, estimée à 3 % pour la prochaine rentrée. Cette tendance, déjà observée ces dernières années, entraîne une réorganisation de la carte scolaire, avec des suppressions de classes et même la fermeture de certains établissements.

Si la baisse démographique est une réalité, la méthode utilisée pour ajuster les moyens fait débat. Pour les syndicats, cette réduction ne prend pas en compte les besoins réels des écoles. « On parle d’effectifs en baisse, mais dans beaucoup d’établissements, les classes restent surchargées. Supprimer des postes, c’est aggraver les conditions d’apprentissage », dénonce un représentant du SNUipp-FSU.

Des écoles sous tension

Les suppressions annoncées touchent un grand nombre d’écoles, réparties dans presque tous les arrondissements parisiens. Des maternelles aux élémentaires, la liste des établissements concernés est longue et inquiète les parents.

Dans le 5e arrondissement, l’école Buffon figure parmi celles qui perdront des postes. Dans le 18e, des établissements comme Lepic et Championnet verront leurs effectifs réduits. Plus grave encore, dans le 13e, l’école maternelle Lahire fermera définitivement.

Pour les enseignants, cette réorganisation s’annonce complexe. « On va se retrouver avec des regroupements de classes, moins d’encadrement et plus d’élèves par enseignant », explique une institutrice du 10e arrondissement.

Des parents inquiets pour l’avenir

Les parents d’élèves ne cachent pas leur inquiétude. Pour beaucoup, cette décision ne tient pas compte de la réalité du terrain. « Nos enfants ont besoin de stabilité et d’un suivi adapté. Moins d’enseignants, c’est moins d’attention, moins d’accompagnement pour ceux qui en ont besoin », témoigne une mère d’élève du 11e arrondissement.

Dans plusieurs quartiers, des collectifs de parents se forment pour exprimer leur opposition. Pétitions et réunions se multiplient afin d’alerter les pouvoirs publics sur les conséquences de cette décision.

Une mobilisation d’ampleur

Face à ce plan, les syndicats appellent à une grève ce mardi 11 février. Le mouvement s’annonce suivi, avec des manifestations prévues devant le rectorat et plusieurs établissements emblématiques de la capitale.

Parallèlement, le Conseil de Paris se réunira pour débattre des mesures à adopter face à cette vague de suppressions. Plusieurs élus de l’opposition dénoncent une politique d’austérité qui met en péril l’école publique.

« Ce n’est pas simplement une question de chiffres. Derrière ces suppressions, il y a des élèves, des familles, des enseignants qui voient leurs conditions de travail se détériorer », souligne un élu du 12e arrondissement.

Quelles conséquences pour l’éducation parisienne ?

Au-delà des suppressions de postes, c’est toute l’organisation des écoles parisiennes qui risque d’être impactée. Moins d’enseignants signifie une charge de travail accrue pour ceux qui restent en poste. Les élèves en difficulté risquent d’être les premiers touchés, avec moins d’encadrement et moins de dispositifs d’accompagnement.

Certains enseignants évoquent déjà une hausse probable du nombre de classes à double niveau, ce qui complique la gestion pédagogique. « On ne peut pas enseigner correctement à deux niveaux différents sans réduire la qualité de l’apprentissage », explique un professeur des écoles du 19e arrondissement.

Des alternatives possibles ?

Si la baisse démographique impose des ajustements, plusieurs acteurs du monde éducatif estiment qu’il existe d’autres solutions. L’une des pistes serait de repenser la répartition des enseignants au sein des écoles pour éviter des fermetures brutales.

Certains proposent également d’investir dans de nouveaux dispositifs pédagogiques, comme le dédoublement des classes dans les quartiers prioritaires ou le développement du soutien scolaire personnalisé. « On pourrait utiliser cette baisse des effectifs pour améliorer la qualité de l’enseignement au lieu de réduire les moyens », suggère un enseignant du 15e arrondissement.

Un bras de fer engagé

Le rectorat maintient pour l’instant sa position, arguant que ces suppressions sont inévitables au vu des tendances démographiques. Mais face à la mobilisation croissante des enseignants, des syndicats et des parents, la situation pourrait évoluer.

Les semaines à venir seront décisives. La grève de ce mardi pourrait marquer le début d’un mouvement plus large, si les revendications des enseignants ne trouvent pas d’écho auprès des autorités.

L’éducation à Paris est à un tournant. La question n’est pas seulement celle des suppressions de postes, mais bien celle du modèle éducatif que l’on veut pour les années à venir.

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