Boris Nadejdine, le seul candidat à vouloir s’opposer frontalement à Vladimir Poutine à la présidentielle de mars en Russie et qui a dénoncé son offensive en Ukraine, a annoncé jeudi 8 février que sa candidature avait été rejetée par la Commission électorale.
Peu connu hors du minuscule milieu libéral, l’intéressé raconte s’être lancé en octobre parce qu’aucune figure anti-Poutine plus célèbre n’avait sauté le pas. Le Kremlin n’a, lui, pas caché son dédain pour cet opposant. « On ne le considère pas comme un concurrent« , avait lâché à la presse fin janvier Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.
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Le premier tour de l’élection doit se tenir du 15 au 17 mars prochain. Il s’agit du premier scruti, présidentiel depuis que Vladimir Poutine a modifié la constitution afin de pouvoir briguer deux mandats de plus, lui qui en compte déjà quatre depuis 1999.
Après deux premières élections, l’homme fort du Kremlin avait occupé durant quatre ans le poste de Premier ministre entre 2008 et 2012 – en raison d’une limitation des mandats qui n’existe donc plus – avant d’être réélu à deux reprises au poste de président.
Pourquoi la candidature de Boris Nadejdine a-t-elle été rejetée ?
La commission électorale a annoncé le rejet de la candidature à la présidentielle en Russie, qui se tiendra mi-mars, de cet opposant à Vladimir Poutine et à la guerre en Ukraine, qui grimpait dans les sondages. Dans le détail, 9 147 signatures de soutien ont été invalidées par le groupe de travail dédié, jeudi 8 février. Et « le nombre de parrainages d’électeurs vérifiés et valables s’élève à 95 587 (…) alors qu’il en fallait 100 000 », a rappelé Andreï Choutov, membre de la commission. « Je ferai appel devant la Cour suprême », avait commenté le candidat libéral sur les réseaux sociaux, avant même que la décision ne soit formellement notifiée.
Son absence constitue-t-elle une surprise ? Pas vraiment. « Si j’étais à 1% dans les sondages, je n’aurais aucun doute sur la validation de ma candidature », expliquait-il quelques jours auparavant à nos confrères de franceinfo. Mais « le problème, c’est que ma cote est en train de monter. » En clair : Boris Nadejdine estime que sa candidature, même avec 10% des voix, allait gâcher le récit du plébiscite préparé pour Vladimir Poutine. « Pour l’administration présidentielle, cela va devenir compliqué de m’enregistrer. »
Parfois oui, parfois non… Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois qu’une candidature de Boris Nadejdine est bloquée. La validation des signatures, rappelle-t-il, dépend parfois de la situation politique du moment. « Vous ne voulez pas de moi à l’élection de gouverneur, alors je me présenterai à la présidence », avait-il réagi l’an passé, après avoir été écarté du scrutin régional. « Des paroles prononcées sur le coup de l’émotion », explique-t-il aujourd’hui. Avec, tout de même, une petite idée derrière la tête.