Fermeture de la Casse d’Abobo : Affrontements signalés entre la police et les ferrailleurs
La Casse d’Abobo, située dans le quartier populaire d’Abobo-Anador au nord d’Abidjan, est au cœur d’une transformation urbaine majeure. Ce site, connu pour abriter depuis des décennies des ferrailleurs, garagistes et marchands de pièces détachées, est destiné à disparaître, remplacé par un projet d’envergure comprenant un jardin paysager, un échangeur, et divers équipements publics. Cependant, cette transition ne se fait pas sans heurts. Le 13 août 2024, la tension est montée d’un cran lorsque les autorités ont entrepris de déguerpir les occupants, provoquant des affrontements violents entre les forces de l’ordre et les ferrailleurs qui refusent de quitter les lieux.
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Un plan de relogement ambitieux mais controversé
Le gouvernement ivoirien, en collaboration avec les autorités locales, a élaboré un plan de relogement pour les artisans de la Casse d’Abobo. Le site choisi pour les accueillir est situé dans le quartier voisin de N’Dotré. Ce nouveau pôle économique est conçu pour répondre aux besoins des 7200 artisans qui y seront installés, avec des infrastructures modernes comprenant des magasins, des lieux de culte, des restaurants, et même un centre de formation.
Cependant, malgré ces promesses, les ferrailleurs expriment leur scepticisme. « Nous avons l’impression que le projet de N’Dotré ne sera jamais prêt à temps. Où irons-nous en attendant ? » s’interroge Yao Kouadio, un ferrailleur qui travaille à la Casse d’Abobo depuis plus de 15 ans. Beaucoup craignent que les délais de construction soient prolongés, les laissant sans ressources pendant de longs mois. De plus, certains estiment que les conditions de travail sur le nouveau site ne seront pas à la hauteur de celles qu’ils ont connues à la Casse d’Abobo.
Des affrontements violents qui révèlent une fracture sociale
Le 13 août 2024, alors que les autorités tentaient de faire appliquer la mesure de déguerpissement, des affrontements ont éclaté entre les forces de l’ordre et les jeunes de la Casse d’Abobo. La résistance des ferrailleurs, soutenus par des habitants du quartier, a conduit à des scènes de violence qui ont temporairement interrompu la circulation sur la voie express d’Abobo entre Coco Service et le rond-point du Banco.
« Nous ne pouvons pas partir comme ça. C’est ici que nous avons tout construit. Pourquoi nous forcer à quitter alors que rien n’est prêt là-bas ? » déclare un jeune manifestant sous couvert d’anonymat. Ces incidents mettent en lumière la fracture sociale qui existe entre les ambitions de modernisation du gouvernement et la réalité vécue par les populations locales. Pour beaucoup de ferrailleurs, la Casse d’Abobo n’est pas seulement un lieu de travail, mais aussi un foyer et une communauté qu’ils refusent de voir disparaître.
Un avenir incertain pour les Artisans d’Abobo
Malgré les assurances données par les autorités, l’avenir des ferrailleurs et autres artisans de la Casse d’Abobo reste incertain. Le projet de N’Dotré, bien que prometteur sur le papier, soulève de nombreuses questions. Les artisans seront-ils en mesure de s’adapter à ce nouvel environnement ? Les infrastructures promises seront-elles réellement à la hauteur de leurs attentes ?
Selon le Docteur Konan, responsable du projet, « Nous avons fini les études techniques avec le BNETD et l’opérateur qui a été retenu pour construire l’ouvrage. Et les ferrailleurs, les présidents qui sont à mes côtés, ont participé à l’ensemble des travaux techniques. Ils ont eux-mêmes dit les infrastructures qu’ils voulaient sur le site et même les superficies, les dimensions… tout ça a été décidé et validé par le BNETD. Le contrat sera signé d’ici deux mois avec l’opérateur et les travaux pourront commencer d’ici la fin de l’année sur un site de 15 hectares ».
Au-delà de N’Dotré, le gouvernement prépare aussi d’autres projets. « Sur la route de Grand-Bassam, il y a un espace de plusieurs hectares, où nous allons construire le village artisanal. », informe le Directeur Général de la Promotion des PME et de l’Artisanat.
Toutefois, pour les ferrailleurs d’Abobo, le temps presse et la nécessité d’une solution rapide et viable est plus que jamais cruciale.
La fermeture de la Casse d’Abobo symbolise un conflit entre modernisation et préservation des moyens de subsistance des populations locales. Les affrontements du 13 août sont le reflet des tensions profondes qui existent autour de ce projet, et l’avenir des artisans concernés dépendra largement de la capacité du gouvernement à tenir ses promesses et à offrir des solutions concrètes et rapides.
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