Le football mondial s’apprête à vivre une transformation majeure avec l’extension de la Coupe du Monde des Clubs à 32 équipes en 2025. Prévue aux États-Unis avec une finale à New York, cette nouvelle version promet des revenus records pour les clubs, mais s’accompagne d’une polémique grandissante. Entre critiques des joueurs, inquiétudes des clubs et menaces de grève, cette compétition pourrait marquer un tournant dans le football moderne.
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Un calendrier qui inquiète joueurs et entraîneurs
Le passage à un format à 32 équipes introduit une phase de groupes semblable à celle de la Coupe du Monde des Nations, avec huit groupes de quatre équipes. Les deux premiers de chaque groupe accéderont aux phases éliminatoires. Si cette formule semble alléchante sur le papier, elle allonge un calendrier déjà surchargé.
Kevin De Bruyne et Rodri, deux cadres de Manchester City, ont ouvertement exprimé leur mécontentement face à l’accumulation des matchs. « Il y a un manque de respect pour les joueurs. Nous ne sommes pas des machines », a déclaré De Bruyne en septembre dernier. Rodri, quant à lui, a évoqué la possibilité de grève pour protester contre le peu de considération accordé au bien-être des joueurs.
Les blessures et la fatigue sont déjà omniprésentes dans le football d’élite, et les compétitions s’enchaînent sans pause. Selon une analyse de FIFPRO, le syndicat mondial des joueurs, les footballeurs professionnels ont vu leur temps de récupération diminuer de 35 % ces cinq dernières années. Cette tendance est jugée alarmante par les experts, qui pointent un risque accru de blessures graves.
Des clubs pris entre deux feux
Les clubs européens, notamment ceux de Premier League et de La Liga, sont également préoccupés. Javier Tebas, président de la Liga espagnole, a exprimé ses doutes concernant les implications économiques de cette compétition. « Les clubs doivent faire face à des dépenses accrues pour des compétitions qui ne rapportent pas toujours autant qu’espéré », a-t-il déclaré en octobre.
Par ailleurs, les clubs européens redoutent une dispersion des revenus et une désorganisation de leurs calendriers. Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, a toutefois défendu la compétition, arguant que tous les clubs souhaitent y participer malgré leurs critiques publiques. Cette déclaration a été perçue comme un désaveu des plaintes exprimées par les joueurs et les dirigeants.
Un modèle économique controversé
La Coupe du Monde des Clubs est présentée par la FIFA comme un événement capable de générer des revenus records, attirant sponsors et diffuseurs du monde entier. Pourtant, cette promesse économique n’est pas sans controverse.
L’inclusion de l’Inter Miami, club de Lionel Messi, a été largement critiquée. Bien qu’éliminée des playoffs de la Major League Soccer, l’équipe a été sélectionnée pour participer à la compétition. Cette décision soulève des questions sur l’équité sportive et l’influence de considérations financières dans le processus de sélection.
Pour certains, comme Arsène Wenger et Didier Drogba, cette Coupe du Monde des Clubs est une opportunité unique de dynamiser le football mondial et de redistribuer les ressources entre clubs de différentes régions. Ils estiment que cette compétition peut devenir un outil de développement pour le football dans des zones sous-représentées, comme l’Afrique et l’Asie.
Une menace de grève qui plane
Les menaces de grève de certains joueurs illustrent le malaise croissant face à cette surcharge de matchs. Ces derniers mois, plusieurs personnalités du football, dont David Terrier, président de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP), ont appelé à une meilleure gestion du calendrier. « Nous allons droit dans le mur si rien n’est fait », a-t-il averti en novembre.
La Coupe du Monde des Clubs pourrait devenir un point de rupture entre les joueurs et les instances dirigeantes. Ces dernières, comme la FIFA et l’UEFA, sont accusées de privilégier les gains financiers au détriment du bien-être des athlètes.
Un avenir incertain pour la compétition
Alors que certains clubs européens menacent de boycotter la compétition si leurs préoccupations ne sont pas entendues, d’autres appellent à des réformes urgentes pour réduire le nombre de matchs par saison.
La FIFA, de son côté, défend son projet, estimant que cette compétition pourrait devenir aussi prestigieuse que la Coupe du Monde des Nations. Mais pour que ce rêve se réalise, elle devra concilier les exigences financières des clubs, les aspirations des joueurs et les attentes des supporters.
Conclusion
La Coupe du Monde des Clubs 2025, bien qu’ambitieuse, expose les fractures croissantes entre les joueurs, les clubs et les instances dirigeantes. Si rien n’est fait pour alléger le calendrier et garantir des conditions de jeu acceptables, cette compétition pourrait bien devenir le symbole d’un football à bout de souffle. L’avenir de cet événement repose sur la capacité des parties prenantes à trouver un équilibre entre spectacle, équité sportive et respect des joueurs.